Une contradiction au cœur du cinquième Forum des religions qui se tient à Strasbourg du 23 au 25 mai prochain, avec un thème audacieux, celui de l'espérance.
En 2020, lors d'une cérémonie interreligieuse à Rome, différents responsables religieux avaient lancé un appel conjoint à la paix. Quatre ans plus tard, ces mots sont éprouvés par de nouveaux conflits où les religions tiennent une place prépondérante.
Une contradiction au cœur du 4e Forum des religions qui se tient à Strasbourg du 23 au 25 mai prochain, et dont le thème est l'espérance. Comment les religions agissent elles aujourd'hui dans cette quête d'espérance et ce rêve d'apaisement général dans un contexte aussi sombre ?
Pour Dominique Coatanéa, l'espérance est "un devoir du croyant". Un devoir mis en œuvre concrètement dans l'ABC- Climont. Ce projet se présente comme "un laboratoire de la rencontre" dans le Bas-Rhin, une solution proposée aux communautés religieuses pour sortir de l'impasse des clivages. "L'objectif est de créer quelque chose où l'on peut sortir des bulles dans lesquelles notre société nous enferme, notamment à cause des algorithmes", affirme la théologienne protestante.
Concrètement, l'ABC-Climont s'appuie sur la conviction que "le regard de l'autre va me questionner et me permettre de créer peut-être de nouvelles histoires. Nous sommes invités à imaginer des histoires qui mettent notre imaginaire, notre désir et notre espérance en route avec un fin heureuse."
Dans cette perspective, le dialogue entre croyants offre alors une possibilité de cohésion que certains rêveraient de voir s'établir plus largement au niveau international et national. C'est l'avis de Jean-Philippe Moinet, fondateur de la revue Civique : "Les religions ont un rôle majeur parmi d'autres acteurs pour rétablir les liens qui peuvent être rompus dans les périodes actuelles. On voit depuis le 7 octobre, notamment l'antisémitisme flamber en Europe et en France. Nous avons besoin de liens entre les divers communautés religieuses pour que la communauté nationale et républicaine puisse trouver et retrouver un début de cohésion, en tout cas de modérer ses actes et violences diffuses dans la société." Loin d'être une vue de l'esprit, cette cohésion constitue d'ailleurs déjà "une réalité majeure dans la vie des citoyens."
Le politologue Bertrand Badie relativise quant à lui l'impact du dialogue interreligieux sur les enjeux diplomatiques et civiques : "Personne ne peut représenter une conscience religieuse et croire que l'on peut apaiser en négociant entre homme ou femme de foi. C'est une belle chose, mais qui est souvent quelque peu en décalage par rapport à la réalité."
Pour lui, l'enjeu des religions dans le dialogue international se situe ailleurs : "Le propre des religions, c'est de produire une éthique humaniste. Or, c'est le retour à cette éthique qui, véritablement peut trouver les éléments d'une solution à un conflit (...) et créer ainsi une dynamique de paix."
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