Le succès fou des échecs à l’école

L'échiquier n'a pas remplacé le tableau ni les ardoises mais les 32 pièces du jeu sont de plus en plus présentes dans les salles de classes. Ce jeudi à la Courneuve se déroulait la finale académique un championnat de France scolaire d'échecs pour les trois départements de l’Académie de Créteil : Seine-et-Marne, Val de Marne et Seine-Saint-Denis. 180 joueurs écoliers ou collégiens, issus des meilleures équipes scolaires, les vainqueurs de chaque catégorie participeront à la finale nationale. 

Les échecs : un outil éducatif

Mehdi Bouteghmès est le président du club d’échec de la Courneuve, mais il est aussi professeur des écoles : "les échecs nous permettent d'aborder par une méthodologie différente des compétences et des capacités scolaires, comme le repérage en espace, le calcul, la géométrie, etc...". "Le jeu d'échecs est très riche et développe des notions de concentration et d'anticipation, de réflexion ou de cohésion", ajoute Emily Minaud, présidente de la commission nationale scolaire à la fédération française d’échecs. En accord avec le ministère de l'Éducation nationale depuis 2022 la fédération a ainsi mis en œuvre un programme spécifique baptisé "Class'Echec". En 2024, près de 150.000 enfants dans environ 3 200 établissements ont été inclus dans ce dispositif de la maternelle au lycée avec des niveaux adaptés à l’âge. Des clubs et des grands joueurs d'échecs participent également en allant dans les établissements scolaires.

Les échecs utiles en cas de difficultés scolaires 

Quel que soit le milieu social où l’on pratique ce sport, les effets sur le développement des compétences scolaires, des fonctions cognitives et de la confiance en soi ont été confirmés par une étude pilotée par l'institut national supérieur du professorat et de l’éducation de Toulouse. Il en ressort même que les échecs peuvent avoir aussi un intérêt pour les élèves en situation d'échec scolaire. "J'ai des élèves qui n'arrivent pas à se concentrer sur un exercice, ils n'arrivent pas à comprendre les consignes, mais lorsqu’ils jouent aux échecs, ils arrivent à totalement tenir une partie sans ne jamais lâcher la concentration", explique Mehdi Bouteghmès.

Concentration, stratégie et patience 

Et quand la mayonnaise prend, les jeunes joueurs deviennent vite accros comme Marwan, 13 ans, au club de la Courneuve. Il est en 5e et pratique les échecs depuis le CM1 : "J'aime le côté stratégique, les échecs m’ont permis d’être plus rapide, d'être plus attentif aux détails. Je suis devenu meilleur dans certaines matières en mathématiques et aussi en physique chimie". Marwan "assure ne penser qu’à la victoire" durant une partie. Davud lui a juste un an de plus, lui aussi a découvert les échecs en primaire, mais au début, ce n’était pas trop sa tasse de thé. "La première fois que j'ai joué, je n'ai pas aimé. C'était vraiment un truc trop compliqué pour moi. Mais mon prof a commencé à me motiver en disant que si j'arrivais à le battre, je n'aurais pas de devoir. Je me suis entraîné et j'ai réussi à le battre. Les échecs m’ont beaucoup apporté dans ma vie personnelle surtout la patience que je n'avais pas du tout". Depuis ses débuts, Davud a tellement progressé, qu’il dispute désormais des tournois internationaux.

Les échecs participent au respect des règles, d'autrui, et à ce titre contribuent à l'apprentissage de la citoyenneté. “Quels choix pour quelles conséquences ? Voilà ce que les jeunes doivent aussi apprendre dans cette discipline”, confiait le mythique champion du monde Gary Kasparov au Figaro en 2017. Les échecs ont une image très positive du côté des parents et ont aussi été popularisés par la célèbre série Netflix "Le Jeu de la dame". Le confinement a aussi contribué à son développement avec un boom des ventes. On compte désormais 5 millions de pratiquants en France et 80 000 licenciés.

Cette année, la finale du Championnat de France des écoles aura lieu du 13 au 15 juin 2025 à Autrans en Isère. Celle des collèges, se déroulera aux mêmes dates à Bischheim dans le Bas-Rhin.