Vatican
Au Vatican, on le surnomme "le synode du silence". 364 pères et mères synodaux échangent depuis quatre semaines sur l'avenir de l'Église catholique et pourtant rien ne filtre de ce qui se dit. Ce silence explique sans doute le très vague intérêt des fidèles catholiques pour ce qui passe en ce moment à Rome. Pourtant, le pape François y préparerait... le prochain pontificat.
La première session du synode sur l’avenir de l’Église catholique touche à sa fin. Et après quatre semaines d’échanges entre pères et mères synodaux, on partage semble-t-il, du côté des fidèles, une idée plutôt vague de ce qui se passe. Pratiquants ou non, beaucoup sont ceux qui ont ne savent pas quand et comment cette assemblée devait avoir lieu… Pourtant les sujets abordés, comme le rôle des laïcs dans la gouvernance de l’Église catholique, le statut des femmes ou encore l’ordination d’hommes mariés, sont des sujets qui les concerne de près. Ce sont même pour la plupart des sujets sensibles qui en général font réagir les uns et les autres. Comment comprendre ce paradoxe ?
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Sans doute explique-t-on ce paradoxe par un "black-out informationnel", comme le décrit le journaliste Loup Besmond de Senneville. Rien ne filtre des échanges qui ont lieu dans la salle Paul-VI. Au Vatican, on surnomme cette assemblée "le synode du silence". C’est que "le pape veut d’abord faire vivre aux gens qui sont dans le synode une expérience spirituelle, explique le correspondant à Rome du journal La Croix, et donc il a pris des dispositions pour évacuer une forme de pression publique qu’il avait ressentie très fortement pour le synode de l’Amazonie et pour les deux synodes de la famille".
Par ailleurs, peu de décisions seront prises à l’issue de cette première session du synode. C'est sans doute ce qui suscite un vague désintérêt chez les fidèles. Pour Loup Besmond de Senneville, ce qui, au fond, "compte plus" que "les sujets de fond", c’est "la méthode" voulue par le pape. Celui-ci a souhaité "faire réfléchir" les pères et mères synodaux et leur "faire expérimenter" ce qu’est "la conversation dans l’Esprit". C’est-à-dire "s’asseoir ensemble dans de petits groupes pour partager leur expérience", décrit le journaliste. Celui-ci raconte : "Or, me le rappelait hier un évêque, même au concile on a tranché, on a décidé. C’est un peu cette étape qui manque..."
Il y a dans ce synode plus de soixante cardinaux, la moitié du collège cardinalice de moins de 80 ans : c’est la moitié des électeurs du futur pape
Pourtant, c’est bien "l’avenir de l’Église catholique" qui "se joue ici" à Rome, selon Loup Besmond de Senneville. "Il y a dans ce synode plus de soixante cardinaux, la moitié du collège cardinalice de moins de 80 ans : c’est la moitié des électeurs du futur pape." Par conséquent c’est "une partie importante du futur conclave" ni plus ni moins, "qui s’est jouée pendant ce mois à Rome", estime le vaticaniste.
Des cardinaux électeurs qui ont pu échanger, "s’imprégner" de ce qui s’est dit... Et surtout "se rencontrer", chose qu’ils ont rarement l’occasion de faire. Aussi sont-ils bien au courant des "enjeux" - dessinés par le pape François - du prochain pontificat. "Qu'il commence demain matin ou dans deux ans", estime Loup Besmond de Senneville.
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De quelles idées ces cardinaux se sont-ils imprégnés ? Pour le journaliste de La Croix, le message du pape François au électeurs du prochain pape est "que l’avenir de l’Église c’est… avec des laïcs, avec des femmes, et avec une dimension aussi de basculement vers le Sud, avec une dimension de basculement de sujets très différents en fonction des continents et en fonction de l’Église à laquelle vous appartenez".
Le pape François, il veut faire aussi une bascule ecclésiale, politique, de pouvoir dans l’Église, ecclésiologique, théologique
Le 20 octobre dernier, l’agence Fides, l’organe d'information des Œuvres pontificales missionnaires (OPM) a indiqué dans son rapport statistique annuel que le nombre de fidèles augmente sur tous les continents sauf en Europe. On assiste donc à un déplacement du centre de gravité de l’Église catholique. Mutation dont le pape François prend acte. "Le pape François, il veut faire aussi une bascule ecclésiale, politique, de pouvoir dans l’Église, ecclésiologique, théologique", analyse Loup Besmond de Senneville. Il identifie chez ce pape argentin (aux origines italiennes), une volonté de "signifier aux Églises d’Europe que l’avenir de l’Église se joue ailleurs qu’en Europe".
L'avenir de l'Église catholique est-il en Asie ? Ce lundi 23 octobre, lors de la messe ouvrant les travaux du synode, présidée par Mgr Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, en Birmanie, et président de la Fédération des conférences épiscopales d’Asie, ce dernier a déclaré : "Nous accueillons avec optimisme l’appel lancé à l’Asie pour que, inspirée par le voyage synodal de l’Église mondiale, elle devienne le XXIe siècle du Christ."
Pour Loup Besmond de Senneville, Mgr Charles Maung Bo "a bien dit que l’avenir de l’Église catholique était en Asie… Il l’a dit devant tous les pères et mères synodaux réunis à la basilique Saint-Pierre et ça avait une signification particulière dans ce contexte." Rappelons que le pape François a choisi Séoul en Corée du Sud pour les JMJ 2027.
Depuis le 4 octobre les évêques du monde entier sont à Rome à l'occasion du synode convoqué par le pape François autour du thème "Pour une Église synodale : communion, participation et mission".
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