Synode : le Vatican ouvre des débats sans précédent dans son document de travail

Il a été dévoilé ce mardi 20 juin. L'Instrumentum Laboris est le document de travail à partir duquel les participants au synode des évêques vont échanger et dialoguer, dès octobre 2023. Pour les observateurs, c'est un fait sans précédent dans l'Église : jamais un document émanant du Saint-Siège n'a abordé autant de thèmes, et de façon aussi ouverte. Par exemple, c'est la première fois que l'expression "LGBTQ+" apparaît dans un tel document.

L'Instrumentum Laboris, un document pour susciter les débats

Avec plus d'un milliard de catholiques dans le monde, répartis en près de 3.000 diocèses, donner la parole à tous et réfléchir ensemble à l'avenir de l'Église est un véritable défi ! Le document présenté ce mardi, l'Instrumentum Laboris permet déjà de comprendre comment l'Église entend faire l'expérience de la synodalité. Il donne en effet un aperçu de la méthodologie mise en place pour recueillir et faire entendre la parole de tous les baptisés. 

En une soixantaine de pages, l'Instrumentum Laboris se présente en deux parties. La première résume l'expérience qui a été faite dans les diocèses depuis octobre 2021 de la synodalité. La seconde présente ce qui est à ce stade considéré comme les trois chantiers prioritaires : communion, mission et participation. Cet Instrumentum Laboris a été conçu pour ouvrir le dialogue, susciter les débats et les échanges. S'il est destiné aux participants aux assemblées du synode, Sœur Nathalie Becquart, religieuse xavière et sous-secrétaire du synode, invite les fidèles à le lire comme un "outil de discernement".

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"Accueillir vraiment tout le monde"

Le synode a donc été lancé en octobre 2021. Il a d'abord fallu mobiliser les fidèles, diocèse par diocèse, pour recueillir leurs voix. Les travaux des diocèses ont été entendus et synthétisées, entre septembre 2022 et mars 2023, lors de la phase continentale. Les synthèses produites par les assemblées continentales soulèvent donc les questions que se posent les fidèles : des questions qui varient selon les réalités locales. "Essayer de comprendre ce que signifient concrètement l'accueil et l'accompagnement pour la communauté chrétienne a été au cœur des différentes étapes de la première phase", peut-on lire dans le document de travail.

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La "communion" est donc l'un des trois chantiers identifiés comme prioritaires. À ce sujet - et c'est ce qui n'a pas échappé aux observateurs - lors de certaines assemblées continentales a été mis en lumière le fait que certains "ne se sentent pas bien acceptés dans l'Église" comme "les personnes divorcées et remariées, les personnes polygames ou les personnes LGBTQ+". C'est la première fois que le Vatican utilise cette expression - "LGBTQ+" - dans un document officiel. 

Le document rapporte également que "des formes de discrimination raciale, tribale, ethnique, de classe ou de caste" sont "présentes au sein du peuple de Dieu". Qu'il existe "des formes d'exclusion des personnes handicapées". Et que que "les réfugiés, les migrants et les déplacés, les enfants des rues, les sans-abri, les victimes de la traite des êtres humains" se trouvent "en marge des communautés chrétiennes".

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Le document relance le débat sur l'ouverture du diaconat aux femmes

Autre chantier prioritaire, la mission. Le document de travail aborde le rôle des femmes, "co-responsables de la mission", et les responsabilités qu'elles peuvent avoir dans l'Église. Ainsi le débat est relancé sur l'ouverture du diaconat aux femmes. "La plupart des Assemblées continentales ainsi que les synthèses de nombreuses Conférences épiscopales demandent que la question de l'accès des femmes au diaconat soit réexaminée. Peut-on l'envisager et comment ?"

Si la question de l'ordination presbytérale des femmes n'est pas abordée, "la participation des femmes" et "leur reconnaissance" au sein de l'Église est largement développée. "Au cours de la première phase du Synode, les questions à propos de... la présence des femmes à des postes de responsabilité et de gouvernance sont apparues comme des éléments cruciaux dans la recherche d’une manière de vivre la mission de l'Église dans un style plus synodal." Le document rapporte notamment le désir que soit "évité de traiter les femmes comme un groupe homogène ou comme un sujet de discussion abstrait ou idéologique."

À la lecture du document, les participants aux assemblées seront invités à s'interroger sur le rôle des prêtres et des évêques, et même du pape. "Comment le rôle de l’évêque de Rome et l’exercice de la primauté doivent-ils évoluer dans une Église synodale ?", peut-on lire dans l'Instrumentum Laboris. À noter, si la question de la liturgie fait, en France notamment, régulièrement l'objet de débats, voire de polémiques, elle ne fera vraisemblablement pas partie des sujets abordés lors des débats. 

→ DOSSIER : Qu'est-ce que le synode sur la synodalité ?

La synodalité : une démarche et un objectif

La synodalité est l'un des chantiers chers au pape François. Décrite comme la participation de l'ensemble des baptisés - clercs et laïcs - à la vie de l'Église, elle est à la fois une expérience lancée en octobre 2021 et un objectif pour l'Église catholique. Le synode qui devrait s'achever en octobre 2024 a pour thème : "Pour une Église synodale : communion, participation et mission." Il porte donc sur le fonctionnement de l'Église catholique : et devrait rendre l'Église plus décentralisée et plus démocratique.