Censé contribuer à l’accomplissement de notre personne humaine, le travail est bien souvent synonyme de burn-out ou d’inquiétudes. Comment mieux protéger le travail et mieux le vivre ? Au micro d’Antoine Bellier, Gérard Mordillat, co-auteur de la série documentaire : "travail, salaire, profit" (Arte), appelle avec vigueur à "lutter contre ce point de vue idéologique qui voudrait que l’on travaille toujours plus". Il faut combattre avec la plus grande énergie le terme de "flexibilité", qui est selon lui une « façon terrible d’utiliser les personnes selon les désirs des donneurs d’ordre".
Sociologue, maître de conférences à l'Université de Reims Champagne Ardenne, Nadège Vézinat fait le distinguo entre travail et emploi : "On peut avoir un emploi satisfaisant parce qu’on est en CDI mais un travail complètement insatisfaisant car il ne correspond pas à ses compétences, qu’on est sous employé, qu’il est pénible. A l’inverse, on peut avoir un travail extrêmement satisfaisant mais avec un emploi précaire, ultra flexible".
"Au moment de la crise des subprimes en 2008, les conséquences sur l’emploi ont été beaucoup moins fortes en Allemagne qu’en France. Quand le patronat français pleurait partout pour licencier, les entreprises allemandes ont fait l’impossible pour ne pas licencier parce que le travail était perçu non comme une charge mais comme une richesse", analyse l’économiste Olivier Favereau, codirecteur du département économie et société au Collège des Bernardins.
Il voit cependant d’un bon œil certaines évolutions. "Qu’est ce qu’un employeur achète quand il fait signer un contrat de travail ? On s’aperçoit qu’il y a eu un glissement presque sur un siècle. Au début, on a acheté une capacité de production, ensuite on a acheté une capacité de coopération et nous sommes maintenant dans une troisième phase où l’employeur achète une capacité d’apprentissage. On sollicite de plus en plus ce qu’il y a de plus noble dans le travailleur, à savoir ce qu’il est capable lui-même de découvrir. "
Irons-nous vers une rénovation de la relation salariale, avec plus d’économie ou vers un grand retour en arrière (XIXème siècle) vers une relation marchande sous couvert d’auto-entreprenariat et de technologies nouvelles ? A l’heure où l’on prône de plus en plus la co-construction, l’entreprise libérée, la collégialité, les trois invités s’interrogent sur la question de l’autonomie, de la place des hiérarchies et des structures des pouvoirs de gouvernance dans les entreprises.
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