Législative en Basse-Normandie : une vague NUPES dans un océan d’abstention.

Une absence aux urnes devenue banale. Ce dimanche 12 juin, un normand sur deux n’est pas allé voter. Un fait politique devenu la norme, "l’abstention touche tous les scrutins, note Christophe Boutin, y compris la présidentielle". Le politologue impute à l'Elysée la responsabilité de la morosité de la campagne présidentielle : “ l'installation du président de la République, la nomination de la Première ministre, puis celle du gouvernement, toutes ces périodes ont fait durer les choses, si bien, que nous n’avons pas eu de campagne politique”.

La NUPES fait mouche en Normandie

L’alliance des partis de gauche a occupé l’espace médiatique pendant le mois de mai. Cet accord historique a permis, selon Christophe Boutin, une forte progression de la gauche en Normandie : "Les duels de 2017 aux législatives étaient entre La République en Marche (LREM) et Les Républicains (LR). Aujourd’hui, 10 circonscriptions sur 13 en Basse-Normandie voient l'affrontement entre LREM et la Nouvelle Union Populaire (NUPES)”.

Un retour de la gauche en Normandie ? “Elle n’était pas partie bien loin, assure Christophe Boutin, mais cette gauche a retrouvé des raisons de croire en elle grâce à cette alliance”.

Une illustration dans la 1e circonscription du Calvados : la candidate de la NUPES détrône le député sortant, Fabrice Le Virgoureux, de la majorité présidentielle. Emma Fourreau remporte près de 36% des voix exprimées au 1e tour.

Pour Les Républicains, c’est tout ou rien

 

Les Républicains ont sauvé la face en Normandie. Une aubaine après le score sous la barre des 5% de la candidate du parti, Valérie Pécresse, à la présidentielle. Les trois députés sortants LR sont tous arrivés en tête du premier tour en Basse-Normandie. Philippe Gosselin pour la 1e circonscription de la Manche, Véronique Louwagie dans la 2e de l'Orne et Jérôme Nury dans la 3e de l'Orne ont même progressé par rapport à leur élection de 2017.

Une confirmation qui vient d'abord récompenser un fort ancrage local pour le politologue Christophe Boutin : “ils ont bataillé pour leur circonscription et n’ont pas à payer le bilan des gouvernements d’Emmanuel Macron”.

Ces élus avaient dans leur bilan à eux une opposition constructive au chef de l'Etat. Au cours de la campagne, ils ont parfois été flou sur leur positionnement par rapport au président réélu. Un choix politique payant pour le professeur de droit public.

Cependant, aucun nouveau candidat LR ne s'est qualifié pour le second tour en Normandie. Le parti s'est même effondré dans certaines circonscriptions historiques. Dans la 1e circonscription de l'Orne Bernard Soul a recueilli 9% des voix alors que les deux candidats de la droite en 2017 totalisaient 37% des scrutins.

Le Rassemblement National en progression

Le parti de Marine Le Pen est en ballotage dans 3 circonscriptions sur 13. Est-ce décevant pour ce parti qui est arrivé second à l'élection présidentielle ? “Le Rassemblement National (RN) en Basse Normandie progresse de manière régulière mais n’atteint pas les scores au niveau national, souligne Christophe Boutin. Le fait qu’on ait ici des duels RN contre LR ou LREM prouve une progression de l'extrême droite et une implantation en Basse-Normandie. Des terres qui ne sont pas favorables à ce courant politique”.

 

Un exemple dans la 3e circonscription du Calvados, où la candidate RN, Martine Vilmet, est en tête au premier tour devançant le candidat Ensemble ! de 700 voix. Le candidat de la NUPES, arrivé 4e derrière Nathalie Porte des Républicains, est à un peu plus d'un millier de voix sur 39 000 votants.

Une terre acquise au président de la République ?

 

Tous les sortants LREM ont été confirmés au premier tour en Basse-Normandie. C'est d'ailleurs ici qu'Élisabeth Borne a déposé ses bagages pour se soumettre pour la première fois au scrutin des Français. Elle est arrivée en tête du premier tour dans la 6e circonscription du Calvados.
 

“La Basse-Normandie est une terre favorable à Macron, affirme Christophe Boutin. Un vote traditionnellement modéré et centriste incarné par LR a été remplacé pour "Ensemble !". Mais en même temps, les sortants ont tous fait des scores moindres qu’en 2017”.