Qui seront les 7 nouveaux députés de Drôme et d'Ardèche ? Réponse le 19 juin prochain après le deuxième tour des élections législatives. Dans nos départements, les enjeux sont nombreux : est-ce que les sortants seront réélus ? Quel score pour la NUPES, après les bons résultats de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle ? Le ministre Olivier Dussopt sera-t-il élu et conservera son poste au gouvernement ? Nos experts nous aident à y voir plus clair avant le premier tour ce dimanche.
40 candidats en Drôme, 29 en Ardèche, le premier enseignement de ces élections législatives est là : il y a moins de candidats qu'en 2017 pour ravir les sept postes de députés qui représentent nos deux départements. Pour le reste, il va falloir attendre le soir du deuxième tour, le 19 juin prochain, pour obtenir les réponses à toutes les questions. Emmanuel Saint-Bonnet, expert électoral et Nicolas Lemonnier, journaliste pour les hebdomadaires locaux Drôme Hebdo, L’Hebdo de l’Ardèche et le Réveil du Vivarais nous donnent d'ores et déjà les enjeux à suivre.
C'est traditionnel dans ce type d'élections : les élus sortants ont ce qu'on appelle une prime qui leur donne un avantage au moment de l'élection pour se faire réélire. Ils sont plus connus que leurs adversaires et ont pu avoir l'occasion de rencontrer leurs électeurs au cours des cinq années de leur mandat. "La prime au sortant peut jouer, souligne Emmanuel Saint-Bonnet. D'autant plus que l'ensemble des sortants qui se représentent, à l'exception d'Olivier Dussopt, n'ont qu'un seul mandat derrière eux. C'est le moment où cette prime au sortant est la plus importante." Finalement, il n'y a qu'une seule circonscription où la députée sortante ne se représente pas : la quatrième de la Drôme. Sans doute celle où le suspens est le plus important.
En tête à Valence, à Annonay, Privas, Aubenas, ou encore à Saint-Vallier, Crest, Die, Jean-Luc Mélenchon a réalisé des scores à la présidentielle qui laissent espérer aux candidats de la NUPES (Nouvelle union populaire écologique et sociale) de remporter certains sièges.
Côté Ardéchois, Hervé Saulignac, dans la première circonscription a de bonnes chances. Bien qu'investi par la NUPES, il ne se réclame pas de cette étiquette et aurait pu avoir un dissident dans les pattes. Finalement, il n'en est rien et son implantation devrait lui permettre de repasser. Dans le sud, la circonscription "était idéal pour la NUPES", souligne Emmanuel Saint-Bonnet. Problème : il y a un dissident en la personne de Laurent Ughetto. Il a lancé sa campagne tôt, et même sans investiture, il a maintenu sa candidature. Le député Les Républicains actuel devrait donc pouvoir conserver aisément son siège en profitant de la division des voix à gauche.
Côté Drômois, il y a plus d'incertitude. "Deux circonscriptions sont espérées par la NUPES, souligne Emmanuel Saint-Bonnet. La troisième [Crest, Chabeuil, le Vercors, les Baronnies et Saint-Paul-Trois-Châteaux] pour des raisons historiques en fait partie." "Marie Pochon [la candidate NUPES] est parachutée, mais elle a réussi a rassemblé pour elle, appuie Nicolas Lemonnier. Tout le monde, y compris la France Insoumise fait campagne pour elle, sans aucune arrière-pensée."
Autre circonscription à surveiller, la quatrième (le nord du département). C'est celle où se présente le socialiste Pierre Jouvet, cheville ouvrière de l'accord national à gauche. La première pourrait aussi sourire à la gauche. Elle comprend Valence qui compte pour plus de la moitié des électeurs. Jean-Luc Mélenchon y est arrivé en tête au premier tour de la présidentielle.
Après une élection présidentielle difficile, Les Républicains espèrent mieux s'en sortir aux législatives. Fabrice Brun pourrait déjà conserver la troisième circonscription d'Ardèche ("on l'a beaucoup vu sur le terrain, il est bien implanté", souligne Nicolas Lemonier), idem pour Emmanuelle Anthoine dans la quatrième de la Drôme. "Les Républicains restent bien implantés localement", rappelle Nicolas Lemonnier. Et il ne faut pas oublier qu'ils dirigent les deux départements. Cet ancrage local, c'est d'ailleurs ce qui pourrait favoriser Véronique Pugeat dans la première circonscription drômoise.
Paul Bérard dans la troisième circonscription de la Drôme et Marc-Antoine Quenette dans la deuxième de l'Ardèche pourraient aussi "embêter" les députés En Marche sortants soulignent nos experts.
Le Rassemblement national (RN) veut transformer l'essai. Nicolas Lemonnier ressort les résultats à la présidentielle : le parti d'extrême-droite "est en force dans la deuxième et la quatrième circonscription de la Drôme. Ce sera intéressant à suivre aux législatives, pour observer si ça se confirme ou non".
L'espoir est permis dans ces circonscriptions, notamment dans la deuxième pour espérer une qualification au second tour. Mais attention "habituellement le Rassemblement national n'arrive pas à transformer les scores de la présidentielle, remarque Emmanuel Saint-Bonnet. D'autant plus que la droite nationale est le seul pôle à ne pas faire une alliance. Les candidats Reconquête et des Patriotes pourraient prendre des voix au RN ce qui empêchera une qualification au second tour du parti de Marine Le Pen."
Enfin, grande gagnante en 2017 dans la Drôme, la République en Marche pourrait subir de la "casse", alerte Emmanuel Saint-Bonnet. Pour les raisons déjà évoquées, mais aussi parce qu'une majorité parlementaire ne se renouvelle jamais totalement. La majorité présidentielle pourrait perdre la seconde circonscription en Drôme, d'autant plus qu'il y a une dissidence au candidat officiel. La première circonscription aussi pourrait basculer dans un autre camp. "Mireille Clapot est bien sortante avec la prime associée, mais elle n'était pas très visible pendant son mandat", observe Nicolas Lemonnier.
Côté ardéchois, le parti présidentiel n'est pas encore très implanté localement pour emporter de nouvelles circonscriptions. Reste le cas du ministre Olivier Dussopt. Alors socialiste, il avait battu la candidate En Marche en 2017, avant de rejoindre le gouvernement. C'est en tant que ministre du Travail qu'il se présente cette année. Avec les conséquences que comportent la fonction : "Il y a deux attitudes des électeurs dans ce cas, expose Emmanuel Saint-Bonnet. Soit on estime qu'avec lui au moins les dossiers ardéchois seront portés au plus haut de l'Etat. Soit on pense qu'il ne sera pas assez présent, on veut que le député soit sur le terrain. Et effectivement, c'est sa suppléante qui va siéger à l'Assemblée nationale"
Voilà pour les analyses que l'on peut tirer avant le scrutin. Mais nos experts rappellent bien que dans tous les cas ce sont les urnes qui font foi. La participation jouera son rôle aussi et on en saura plus dimanche 12 juin au soir déjà à l'issue du premier tour.
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