Dans la 1ère circonscription du Rhône, qui s'étend sur 5 arrondissements lyonnais, le match entre l'union de la gauche et la majorité présidentielle devrait de nouveau avoir lieu au second tour, deux ans après un scrutin législatif serré. Le vote de centre-gauche est au cœur de toutes les attentions des candidats.
La carte électorale est parfois difficile à déchiffrer à Lyon : les circonscriptions ne correspondent pas aux arrondissements, créant ainsi des territoires uniques aux multiples visages. La 1re circonscription du Rhône par exemple s'étend sur 5 arrondissements différents. Elle comprend l’intégralité du 5e arrondissement, mais aussi le sud du 2e, de Perrache à Confluence, la partie du 7e arrondissement située au sud de l’avenue Berthelot (quartiers de La Mouche et de Gerland), l'ouest du 8e arrondissement (quartiers de Grand Trou et Moulin à Vent) et le sud du 9e (Vaise).
La circonscription comprend donc aussi bien des quartiers résidentiels sur les hauteurs du 5e arrondissement que des quartiers plus populaires dans les 8e et 9e arrondissements. La sociologie du vote y est ainsi très différente : aux élections européennes le 9 juin 2024, la liste Renaissance est arrivée en tête dans le 5e et le 2e arrondissement, tandis que La France insoumise a engrangé le plus de voix dans les 7e, 8e et 9e.
En 2022, le match avait été serré au second tour. Thomas Rudigoz, député sortant de la majorité présidentielle et ancien maire du 5e arrondissement, l'avait emporté de 1300 voix face à la candidate de la France insoumise Aurélie Gries, écartée cette année au profit d'Anaïs Belouassa-Cherifi, secrétaire de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon en 2022.
Deux ans plus tard, le rejet exprimé d'Emmanuel Macron lors des élections européennes pourrait menacer la réélection de Thomas Rudigoz. Le nom du président de la République n’apparaît même pas sur le tract de campagne du candidat Renaissance. Après le score des européennes à Lyon, où la liste de Raphaël Glucksmann est arrivée en tête, l’enjeu pour Thomas Rudigoz est de capter ce vote de centre-gauche.
J'ai rencontré beaucoup de gens qui ont voté Raphaël Glucksmann aux européennes, et pas seulement dans les 7e et 8e arrondissements. Des gens de gauche modérée, de centre-gauche, des sociaux-démocrates. Parfois même des démocrates chrétiens un peu déçus par certaines choses que proposait notre liste Renaissance aux européennes. Par contre, il est hors de question pour ces personnes-là de voter pour une candidate LFI.
Une candidate LFI qui concentre ses attaques sur le représentant de la majorité présidentielle, plutôt que sur le candidat du Rassemblement national, dont le parti a enregistré 16 % des voix aux européennes, soit moitié moins que son score à l'échelle nationale. Agée de 29 ans, ancienne étudiante à Lyon 2, Anaïs Belouassa-Cherifi a été choisie pour représenter le Nouveau Front Populaire. Novice dans le scrutin législatif, elle met en avant son profil pour faire basculer la circonscription à gauche, en tentant elle aussi de récupérer les voix exprimées pour la liste socialiste aux européennes.
M. Rudigoz est là depuis sept ans, il a un bilan, il n'a rien fait pour le pouvoir d'achat, une des préoccupations majeures des Français. Il a aussi voté contre le blocage des prix, contre l'augmentation du SMIC, contre le gel des loyers. Une chose qui aurait pu permettre à des gens de vivre mieux, de vivre dignement et dans de bonnes conditions. Par mon profil, j'incarne un peu l'image de la circonscription : la jeunesse, la diversité, le fait d'être une femme et une jeune femme en politique. Je pense que je peux amener un renouveau dans cette circonscription.
Entre la gauche et la majorité présidentielle, le RN tente de tirer son épingle du jeu, même si le parti d’extrême-droite n’avait pas atteint 10 % dans la circonscription en 2022 au premier tour. Cette année, en dessous des deux grands portraits de Jordan Bardella et Marine Le Pen, c’est le responsable de secteur du 5e arrondissement pour le RN Laurent Mouton qui apparaît sur le tract de campagne.
Notre objectif est de nous implanter dans Lyon. De prendre la mairie de Lyon un jour. J'ai pu constater lors des élections européennes que pour un arrondissement qui n'est soi-disant pas favorable, nous avons progressé. D'ailleurs nous avons progressé dans tous les arrondissements de Lyon sur les thèmes de la sécurité, de l'immigration et tous les problèmes que ça engendre. Je crois qu'il y a un changement d'opinion et que les gens nous voient sous un bon œil.
Au-delà de ces trois blocs RN / majorité présidentielle / union de la gauche, d’autres candidats se présentent. Comme Grégory Sansoz, pour Les Républicains. L'ancien élu du 2e arrondissement apparaît serein après les rebondissements au sein de son parti suite à la décision du président Eric Ciotti de nouer une alliance avec le RN.
Je prends la situation avec la sérénité d'une famille politique qui a plus de 80 ans, née avec le général De Gaulle. Ce qui donne une certaine perspective sur l'Histoire de France. Nos anciens ont traversé des choses beaucoup plus dures que nous. Le vent a soufflé très fort sur la maison des Républicains mais au final seule la girouette s'est envolée.
Enfin, des candidats représentant des partis peu connus, comme Anne Thiriat, du mouvement « Ecologie positive et territoires ».
Ce qui m'intéresse, c'est d'écouter les gens. J'ai les pieds dans le centre et la tête dans l'environnement. Je suis pour une position équilibrée, centrée. Etre au centre est une position d'équilibre qui demande énormément de forces, peut-être plus que d'être dans ce qu'on appelle des extrêmes.
Pour assurer cette campagne express, Anne Thiriat comptera sur la distribution officielle de sa profession de foi dans les boîtes aux lettres, le tractage sur les marchés et espère que le bouche-à-oreilles fonctionnera.
Quatre autres candidats vont tenter leur chance dans cette 1ère circonscription du Rhône : Brandon Alves pour Reconquête !, Jim Bugni pour Lutte ouvrière, Guillaume Eymeric pour Post-monétaire et Ivanka Lopouchansky, candidate sans étiquette.
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