La cheffe du gouvernement s'en remet au suffrage universel. Investie début mai par Ensemble ! (ex-LREM), Elisabeth Borne est candidate pour les élections législatives des 12 et 19 juin dans la 6e circonscription du Calvados. Un territoire rural entre Evrecy et Vire. Mais les Normands n'expriment pas d'engouement particulier pour la candidate.
La nomination au poste de Première ministre pour la candidate investie par majorité présidentielle ne soulève pas les foules.
Sur place, peu de personnes acceptent de parler aux journalistes qui ont fait le déplacement. Dans les commerces, les habitants n’ont pas “le temps de parler de choses qui les énervent". “Je ne veux pas en parler, ça me courrouce."
Dans un café du coin, la dizaine d'habitués venus prendre une bière ne souhaitent pas évoquer la figure d’Elisabeth Borne aux journalistes venus jusqu’ici : “On a déjà eu l’élection présidentielle. C’est toujours la même chose. On en a marre”.
Une circonscription gagnable pour la majorité présidentielle
Investie début mai dans la 6e circonscription du Calvados Elisabeth Borne prend la relève d’Alain Tourret qui a bataillé depuis 1997 dans cette circonscription. Investi par La République en Marche en 2017, cet ancien socialiste était arrivé en tête au premier tour avec 37% des voix. Et avait éliminé le candidat du Rassemblement national au deuxième tour avec près de 70% des voix.
Mais est-ce pour autant une “circo en or” pour cette femme de gauche fidèle au président de la République ?
“Est-ce qu’elle a déjà mis les pieds en Normandie ?”
Parachutage ou femme de terrain ? “Elle a des origines dans le département. Mais on est habitué, on en a eu d’autres des parachutés” lâche Pierre, 51 ans. Les Normands connaissent peu Elisabeth Borne. Règne chez certains une forme de lassitude : “Ca m’a surprise parce que je l’ai pris comme un parachutage. On a déjà connu ça. Je préfère les gens de terrain” confie une passante, sûre de voter pour la gauche.
Pourtant, Elisabeth Borne rappelle ses origines familiales ancrées dans le Calvados : Issu d'une lignée de pharmaciens du Pays d'Auge, son grand-père, décédé en 1956, fut même maire de Livarot. Reste que la ministre est née dans le XVe arrondissement de Paris, et que l’image d’une normande de cœur n’imprime pas toujours auprès d'électeurs souvent dubitatifs: “C’est juste des origines. Est-ce qu’elle a déjà mis les pieds en Normandie ?”. Pierre est plus positif, “ça peut apporter un plus d’avoir un député au gouvernement”.
Jamais élue, cette fidèle d’Emmanuel Macron, qui se soumet au suffrage des bas-normands, ne siégerait donc pas tout de suite à l'Assemblée nationale. Pour certains, c’est “plutôt courageux pour un premier-ministre d’aller devant les électeurs. Espérons que le suppléant continuera de porter ses valeurs”, nous dit une élue de la ville d'Evrecy.
D'autres ne sont pas sûrs que la première-ministre qui doit mener la bataille des législatives nationalement puisse en même temps faire campagne dans la circonscription. “Elle aura un agenda plus chargé que d’habitude” nous glisse un habitant favorable à la majorité présidentielle.
La nationalisation du scrutin à Vire et Evrecy ne fait cependant pas que des malheureux. Ainsi, Noé Gauchard, candidat de la NUPES dans la circonscription, veut croire en ses chances : “Ca n’arrête pas. J’ai parlé à au moins une cinquantaine de journalistes en 24 heures. Tout s’accélère”.
Une couverture médiatique dont se félicite le candidat de l'union des gauches: “Cela met en lumière les problématiques d’un territoire rural comme le nôtre et ça nationalise un scrutin local”.
Cet engouement n'est-il que médiatique ? Réponse dans les urnes les 12 et 19 juin ?
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