Bretagne
Pour élire un maximum de députés Nouveau Front Populaire, il va falloir convaincre vers le centre au second tour... Un pari compliqué dans le Finistère, notamment quand ce sont des candidats LFI qui ont été investis.
Dans le département du Finistère, où les deux principales villes sont tenues par le PS, et où le Conseil départemental l’était aussi jusqu’au dernier scrutin, la répartition des candidatures entre les partis du Nouveau Front Populaire, décidée à Paris, a fait des remous… Et dimanche soir, à Brest, la pilule n’était pas encore passée au moment des résultats, notamment chez les militants et sympathisants socialistes et écologistes. Même le maire socialiste, François Cuillandre y allait de sa petite pique : "C'est un choix qui a été fait à Paris d'avoir deux candidats La France Insoumise à Brest... J'ai toujours critiqué cette décision, mais maintenant il faut que la gauche gagne et surtout éviter que le Rassemblement National soit majoritaire dimanche prochain."
Dans la troisième circonscription de Brest rural, qui comprend la rive droite de la ville de Brest et le pays d'Iroise, le candidat Insoumis investi par le Nouveau front Populaire, Pierre Smolarz n'a pu faire mieux qu'une troisième position et il a annoncé son désistement avant le second tour pour faire barrage à l'extrême-droite. La gauche n'aura donc pas de représentant dimanche, face au député sortant Renaissance (et ancien socialiste) Didier Le Gac et à Martine Donval, du Rassemblement National. Un candidat issu de la social-démocratie ou écologiste aurait-il pu faire mieux dans cette circonscription traditionnellement ancrée entre le centre-droit et la droite ? C'est la question qui était posée dimanche soir.
Même chose dans la deuxième circonscription de Brest-centre (qui comprend aussi les communes voisines de Gouesnou, Guilers et Bohars). Certes, le candidat LFI, Pierre-Yves Cadalen arrive largement devant, avec plus de 35% des voix, contre un peu moins de 23% pour Denis Kervella (RN) et 18,5% pour le député sortant Jean-Charles Larsonneur, issu de la majorité présidentielle en 2017 mais qui siégeait pendant ce mandat parmi les députés non inscrits. Seulement voilà : le report potentiel de voix est plutôt en sa défaveur au profit du centre dans la perspective du second tour. Dans un contexte de forte mobilisation des électeurs dès le premier tour, l'enjeu pour le Nouveau Front Populaire, pour pouvoir gagner, sera de convaincre les électeurs qui se trouvent plus au centre du spectre politique et en particulier l'électorat social-démocrate... Un défi important pour Pierre-Yves Cadalen. "Quelle idée d'avoir mis le portrait de Jean-Luc Mélenchon en bas de son tract de campagne...", commentait, un peu désabusée, une sympathisante EELV dimanche soir à l'hôtel de ville de Brest. Le 9 juin, pour les Européennes, la liste Glucksmann était arrivée première à Brest et avait fait dix points de plus que la liste Aubry.
Un choix de candidats unitaires questionné également par le politologue Romain Pasquier. "Si les appareils centraux des différents partis du Nouveau Front Populaire avaient été plus à l'écoute des territoires locaux, notamment ne pas avoir imposé trop de candidats LFI, le succès du Nouveau Front Populaire aurait été encore plus significatif et il aurait peut-être pu passer devant la majorité présidentielle. [...] C'est un choix hors-sol". Et de citer l'exemple de la huitième circonscription du Finistère où le socialiste dissident Sébastien Miossec a devancé le candidat LFI investi par le Nouveau Front Populaire. Bastion historique du PS finistérien, la circonscription de Concarneau-Quimperlé était celle de Louis Le Pensec, élu sans discontinuer entre 1973 et 1997... En 2022, Sébastien Miossec s'était rangé, à contrecœur, derrière un candidat LFI investi par la NUPES, lequel n'avait pas réussi à se faire élire. Cette fois-ci, soutenu par l'antenne locale du Parti socialiste, Sébastien Miossec a maintenu sa candidature. Il sera opposé dimanche au député sortant Modem Erwan Balanant et au RN Christian Pérez.
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