6 ans avant la chute du rideau de fer, un prêtre a pu être envoyé en Alsace au service d'une petite communauté de roumains restés auprès des dépouilles de leurs ancêtres tombés durant la Première Guerre mondiale. La communauté roumaine orthodoxe était née.
Deuxième communauté orthodoxe la plus nombreuse après celle de Moscou, l'Eglise orthodoxe roumaine compte plusieurs membres en dehors de son pays, dont la France. Les fidèles roumains vivant en France dépendent de Mgr Joseph Pop, l'évêque référent pour les églises françaises, espagnoles et italiennes. Il est dans la capitale de l'Alsace le 19 octobre pour célébrer les 40 ans de la communauté strasbourgeoise.
Tout commence au début des années 1980. La Roumanie est sous le régime soviétique. Les habitants ne sont pas autorisés à quitter le territoire. Nicolae Ceaușescu, qui est aux commandes du pays, veut pourtant donner le change. Il permet ainsi à certains jeunes de sortir du pays pour faire des études à l'étranger. Basile Iorgulescu en fait partie.
En 1984, tout juste ordonné diacre, il part étudier à la Faculté de théologie catholique de Strasbourg. Il retrouve un certain nombre de Roumains émigrés qui le sollicitent. Ces derniers avaient déjà l'habitude de se réunir pour prier notamment sur les tombes des 2344 soldats roumains tombés en Alsace pendant la Première Guerre mondiale en tant que prisonniers chez les Allemands, enterrées à Soultzmatt et Haguenau dans le Bas Rhin, et Dieuze en Moselle.
Quelques voyages dans les cimetières mènent ensuite à la création la première association cultuelle avant de se constituer en paroisse dans l'église des Soeurs de Marie Réparatrice, rue Sainte Elisabeth dans le centre-ville de Strasbourg. Le père Basile qui devait ensuite rentrer en Roumanie reste finalement en Alsace, à la demande du patriarche de Bucarest et devient le responsable de la communauté. Il est également délégué à l'oecuménisme et l'interreligieux de l'assemblée des évêques orthodoxes de France pour le Grand Est.
On compte ainsi 10 000 et 15 000 orthodoxes baptisés en Alsace, avec une concentration plus forte à Mulhouse et Strasbourg. Cette dernière compte 8 paroisses regroupant les fidèles en fonction de la langue de célébration (roumain, grec, ukrainien, russe, georgien, serbe et arabe). Celle des Roumains accueille régulièrement les fidèles des autres paroisses depuis 40 ans.
Cette répartition pourrait changer selon le père Basile Iorgulescu : "La première génération est arrivée en Alsace avec son propre bagage. Elle s'intègre, mais elle garde aussi les éléments culturels et spirituels dont elle est héritière. Le roumain et le grec sont donc nécessaires pour aider ces deux générations à s'intégrer, mais elle ne sera plus nécessaire pour les enfants à l'avenir. En effet, les orthodoxes qui naissent en Alsace sont francophones de culture. Une partie des célébrations se fait donc en français, l'autre en roumain.
Samedi, une grande célébration est donc prévue pour fêter les 40 ans de la communauté. Elle aura lieu rue Sainte-Elisabeth en présence du métropolite, l'évêque référent des orthodoxes en France, et avec tous les prêtres orthodoxes de Strasbourg et du Grand Est.
Seuls absents : les prêtres de l'église russe dépendant du patriarchat de Moscou. Depuis 2019, toute célébration commune avec l'Eglise de Constantinople est interdite. Or, l'Eglise roumaine est en communion avec le patriarchat grec qui cmpte bien participer. L'interdiction ne vaut cependant pas pour les fidèles.
Chaque semaine, les représentants des églises chrétiennes en Alsace (anglicans, catholiques, évangéliques, orthodoxes et protestants luthériens et réformés ) portent un regard sur l'actualité.
Emission diffusée le jeudi à 12h45 et 19h45, dimanche à 10h.
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