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En Ukraine, les communautés orthodoxes liées à Moscou interdites

Un article rédigé par Zoé Blutel - RCF, le 21 août 2024 - Modifié le 21 août 2024
L'actu chrétienneEn Ukraine, les communautés orthodoxes liées à Moscou interdites

Un projet de loi qui interdit les communautés orthodoxes relevant du patriarcat de Moscou a été adopté mardi 20 août en deuxième lecture par le Parlement ukrainien. Un vote qui a emporté pas loin de 90 % des voix des députés, pour une question de sécurité des Ukrainiens.

© Marko Milivojevic© Marko Milivojevic

"Une décision historique", selon la député Iryna Guerachtchenko, qui permettra "d’interdire une filière du pays agresseur en Ukraine". Ce n’est pas l’orthodoxie qui est interdite, mais bien les communautés qui relèvent encore du patriarcat de Moscou, alors même que la Russie est le pays agresseur de l’Ukraine. Décryptage.

Une Église orthodoxe divisée en Ukraine

Depuis 2018, deux Églises cohabitent dans le pays. L’Église orthodoxe d’Ukraine, une communauté autocéphale reconnue par Constantinople avec plus de 20 millions de fidèles, et l’Église orthodoxe rattachée au Patriarcat de Moscou, qui compte pas loin de 14 millions de paroissiens.

La plupart des communautés de cette dernière avaient rompu tout lien avec la Russie dès le mois de mai 2022, quelques temps après l’offensive, mais certaines résistent encore.

Le patriarche de Moscou partisan d'une "guerre sainte" contre l’Ukraine

À la tête de l’Église orthodoxe russe, le patriarche Kirill, qui avait qualifié l’offensive russe de février 2022 en Ukraine de "bataille contre les forces du mal". Proche de Vladimir Poutine et ayant partagé avec lui un passé au sein du KGB, il dénonce également le "satanisme de l’Occident".

Une réalité qui explique en partie l’adoption de la loi en Ukraine du mardi 20 août 2024, pour couper tout échange avec le pays envahisseur. Bien que l’Église orthodoxe ukrainienne rattachée au Patriarcat de Moscou ait rompu les liens déjà en 2022, certains fidèles continuent d’entretenir des relations parfois douteuses.

Rompre les liens avec Moscou, une question de sécurité

Il a été prouvé que certains évêques ukrainiens ou certaines communautés de l'Église qui relevaient de Moscou cachaient des armes ou de la littérature religieuse pro-russe. Une situation qui ne pouvait plus durer selon les 265 députés qui ont voté en faveur du projet de loi (90 % du Parlement Ukrainien).

"Lorsque la Russie signera un traité de paix et se désengagera de l’Ukraine, cette loi pourra être remise en question", précise Antoine Arjakovsky, directeur de recherche au Collège des Bernardins, au pôle Politique et Religions.

Une décision appuyée par les organisations religieuses ukrainiennes

La loi en question a été adoptée en seconde lecture juste après que le président Zelensky ait reçu l’ensemble des communautés religieuses ukrainiennes. Toutes les Églises orthodoxes, protestantes et catholiques, les juifs et les musulmans, ont adopté une déclaration pour dire qu’ils y étaient favorables, parce qu’elle protégeait l’ordre constitutionnel et la sécurité publique des Ukrainiens. Ils ont d’ailleurs ajouté que les libertés religieuses sont bien respectées en Ukraine.

Un processus de longue durée

La loi adoptée mardi 20 août est effective dans 30 jours, et il faudra de nombreux mois avant de supprimer toutes les paroisses encore en lien direct avec Moscou. Si l’on découvre qu’une communauté est liée au patriarche russe, une procédure judiciaire sera mise en place.

Une enquête qui pourra alors durer jusqu’à neuf mois et permettra de déterminer l’interdiction ou non de celle-ci. La députée ukrainienne Iryna Guerachtchenko a d'ailleurs indiqué espérer que cette décision "accélérera le passage de ces paroisses vers l'Église orthodoxe d'Ukraine".

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