Nouvelles adresses ou véritables institutions, les librairies indépendantes sont les refuges des amoureux de littérature qui aiment être conseillés, flâner des heures dans les rayons. Mais face aux mastodontes que représentent les supermarchés ou les centres commerciaux culturels, elles sont, dans les Pays de Savoie, forcées de se réinventer.
En 2018, Isabelle et Bénédicte fondent la librairie Antiope. L’enseigne annécienne a de quoi surprendre : au rez-de-chaussée des livres, au sous-sol un café. “On a un bar : chocolat, thé, soft et puis on a la licence 4” explique Isabelle. “C’était une sorte de rêve commun, c’est pour rendre le lieu vivant !” Peu à peu, les clients du bar deviennent ceux de la librairie. Une façon de prendre par la main les curieux pour qui, franchir le pas de la librairie, peut paraître impressionnant.
“C’est vrai que l’on connaît plus les terrasses dans le passage que… dans le sous-sol ! Mais c’est vachement sympa” témoigne Scott, un client des lieux qui a très vite adhéré au concept. “Ça ne me surprend pas ! Ça devrait exister beaucoup plus souvent” rit-il.
Assis à table, des familles, des amis, des lecteurs solitaires, d’autres en demande de conseil. Le dispositif a vite trouvé son public et le café représente aujourd’hui 20 % du chiffre d'affaires de la librairie Antiope. “Et la marge est beaucoup plus importante que sur les livres” détaille Isabelle.
Dans la vieille ville chambérienne, rares sont ceux qui ne connaissent pas la librairie Garin. Depuis 70 ans, elle trône près de la Fontaine des Éléphants et attire les amoureux de littérature, mais l’an dernier, elle s’est métamorphosée. “Tout a été changé ! Le mobilier, l’ambiance… C’est vrai qu’il y avait besoin d’un petit coup de jeune, un souffle nouveau, une envie aussi de mettre une vraie identité” raconte Marion Mallinger, directrice adjointe de la librairie. “C’est aussi pour lui permettre de repartir 20 ans ou 30 ans comme ça”. Plus lumineuse, avec des collections plus larges, des ouvrages choisis un à un par les salariés, la librairie Garin a conservé sa clientèle, les passants poussent désormais aussi sa porte pour la découvrir.
Autre nouveauté, depuis quelques années, le papier s’est fait une place aux côtés des livres. “La correspondance, les cartes postales, les stylos, les beaux carnets (...) on s’est dit que c’était ça aussi notre métier” termine Marion Mallinger. “C’est vraiment ce qu’on cherche à amplifier”.
Une façon, là aussi, d'attirer un nouveau public qui prend souvent le temps de déambuler dans les rayons de la librairie.
Des efforts qui sont payants, malgré la forte concurrence et les habitudes prisent pendant la pandémie, les librairies indépendantes vendent un livre acheté sur deux.
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