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L’inquiétude monte chez les éleveurs avec l’apparition d’un nouveau sérotype de la fièvre catarrhale ovine

Un article rédigé par Suzanne Marion - RCF, le 9 août 2024 - Modifié le 9 août 2024

La maladie de la langue bleue ou fièvre catarrhale ovine (FCO) est déjà présente en France avec les sérotypes 8 et 4, mais le sérotype 3 vient d’être détecté dans les Hauts-de-France. Et cette nouvelle forme risque de décimer des troupeaux alors que la souche 8 fait déjà actuellement des dégâts dans le Sud-ouest. 

Une brebis affectée par la fièvre catarrhale ovine. © Alexandre Bre / Hans Lucas.Une brebis affectée par la fièvre catarrhale ovine. © Alexandre Bre / Hans Lucas.

La FCO de sérotype 3 est apparue en Europe en 2023 aux Pays-Bas, elle s’est étendue en Belgique, en Allemagne et en Angleterre. Et le 5 août 2024, le premier cas a été détecté en France suscitant l’inquiétude des éleveurs et des services sanitaires. 

Cette maladie provoque de la fièvre, des troubles respiratoires, une langue pendante ou encore la perte des petits en gestation. "C'est vraiment quelque chose qui nous inquiète, concède Emmanuel Garin vétérinaire spécialisé en épidémiologie pour GDS France (le groupement de défense sanitaire), après les échanges qu'on a avec les collègues hollandais, on sait que l'année passée, en trois à quatre mois, ils ont perdu 8 à 10 % de leur cheptel." La mortalité de la maladie de la langue bleue peut être très élevée, car les ovins français n’ont pas encore développé d’antivirus contre cette nouvelle souche.

 

Des pertes insoutenables

 

Une préoccupation partagée par Gilles Salvat (directeur général délégué au pôle recherche et référence à l’Anses) : "Ce sont des pertes qui sont totalement non soutenables en termes économiques pour les éleveurs. Et en termes de santé des troupeaux, évidemment, ça va affecter aussi la santé des animaux qui ne meurent pas et qui vont avoir une baisse de production, si c'est des animaux en production laitière, ou croître moins vite pour les animaux qui sont élevés pour leur viande.
Il faut préciser que pour les consommateurs il n’y a pas de risque et que la maladie ne se transmet pas aux humains.

 

Une transmission difficilement maîtrisable

 

Il y a actuellement 22 cas suspectés, mais la maladie risque de s’étendre très rapidement sur le territoire. "C’est une maladie vectorielle, qui se transmet avec un vecteur biologique. Concrètement, c’est un moucheron qu'on appelle un culicoïde qui vient piquer un animal qui est infecté. Dans les glandes salivaires du moucheron, le virus se multiplie (il lui faut quelques jours pour se multiplier). Et quand il retourne piquer un autre animal pour faire son repas de sang, il va transmettre le virus. Les gens connaissent généralement ça pour certaines maladies chez les moustiques. Là, c'est pareil avec les moucherons. Le moucheron, la particularité, c'est qu'il est encore plus compliqué à gérer, parce qu'il est plus petit qu'un moustique. Et qui peut se déplacer sur de longues distances, notamment avec le vent, sur des paysages ouverts", explique Emmanuel Garin.

"Et c'est aussi un virus qui est une conséquence du réchauffement climatique dans sa propagation parce que ces moucherons ont une activité qui s'est beaucoup étendue dans l'année du fait de l'augmentation des températures dès le printemps et jusqu'à la fin de l'automne", ajoute Gilles Salvat. 


Protéger les troupeaux au plus vite 


Pour protéger les brebis et moutons la réaction doit être rapide. "Il y a des vaccins qui ont été développés, ils n'empêchent pas forcément la propagation de la maladie, mais par contre, vont limiter les pertes économiques dans les troupeaux qui sont vaccinés puisque dans les quelques semaines qui suivent la vaccination, les animaux vont être protégés, au moins contre les symptômes", détaille Gilles Salvat. 

Seul hic, cela coûte 4 € par animal vacciné, les éleveurs demandent donc une prise en charge de l’Etat. 
De plus, comme l’explique Emmanuel Garin, c’est une charge de travail supplémentaire alors que "c’est la pleine période où les animaux sont à l’extérieur, dans les champs, il faut donc rattraper les troupeaux donc c’est complexe à faire surtout que les éleveurs doivent aussi gérer les cultures en ce moment et vu la situation catastrophique avec le printemps pluvieux qu’il y a eu, ça rajoute une difficulté.” 


L’autre mesure pour empêcher le développement de la maladie, c’est de contrôler le déplacement des animaux infectés. "Le zonage est imposé par la réglementation européenne, il s’agit de délimiter une zone de 150 km autour d’un foyer pour essayer de ralentir la progression", décrypte le vétérinaire, pour lui l’urgence est de limiter au maximum l’expansion de cette nouvelle souche de FCO pour éviter le pire.

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