En ce mois de rentrée littéraire, la concurrence fait rage parmi les maisons d'édition. Si les grands prix sont trustés par les grandes maisons parisiennes, de plus petits éditeurs indépendants existent notamment à Lyon, où l'on dénombre une cinquantaine d'entre eux. De quelle manière ? La réponse dans Tempo.
Pour le monde de l'édition, le mois de septembre est certainement le plus important : celui de la rentrée littéraire. À Paris, c’est aussi la période des prix : le Goncourt, le Femina ou le Renaudot. Mais loin de la capitale, un important vivier de maisons d’édition indépendantes fait son bout de chemin dans le monde de l'édition. À Lyon, ils sont nombreux à se lancer dans cette aventure du livre. Dans l'ombre des mastodontes parisiens, rencontre avec ceux qui font aussi vivre les livres en région.
Qui sont ces éditeurs indépendants lyonnais ? Comment parviennent-ils à se différencier des grandes maisons d’édition françaises ? On en compte plus d’une cinquantaine rien qu’en région lyonnaise, avec, pour beaucoup, des moyens financiers modestes mais une passion débordante pour la littérature.
De l’amour pour les livres, un concept novateur et de l'opiniâtreté, ce sont des qualités et des conditions essentielles pour se lancer dans l’édition : le métier les cumule qui nécessite de la patience. Stéphane Perraud a créé avec sa femme la maison d'édition Les Crocos à Lyon en 2021. Ils écrivent et publient des livres pour enfant dès l’âge de 6 mois : l'importance pour eux de bien travailler leur positionnement.
Depuis Lyon, d'autres éditeurs indépendants cherchent à se démarquer sans forcément rester sur des thématiques locales : Catherine Foulsham, fondatrice de la toute jeune maison d’édition Atelier les Éclaireurs, a eu l’idée de proposer un autre genre de guides touristiques : elle compte déjà 3 destinations depuis la sortie du 1er numéro en mai 2023.
Dans l'ouvrage, un ratio « 10 % de géographie, 90 % d'imaginaire » : l'idée de cette collection était d'« occuper une niche sur cet univers du voyage et du tourisme, marché très concurrentiel [...], occuper un créneau [...] qui était le temps d'avant le voyage, cet espace-temps où on rêve, où on se projette dans une destination, dans un futur voyage qu'on fera ou qu'on ne fera jamais ». Un guide touristique pour « réactiver l'imaginaire du voyage ». Catherine est une passionnée de livres, journaliste de métier, elle aime l’écrit, la lecture et le livre en tant qu’objet.
Le Lyonnais Guillaume de Uffrédi est lui aussi tombé dedans tout petit. Chez lui, le livre est une histoire de famille : son arrière-grand-père avait créé une grande librairie Rue d’Algérie aux Terreaux. Plusieurs décennies plus tard, en 2010, il l'a transformée en une maison d’édition : Les Passionnés de Bouquins. Aujourd'hui, il publie régulièrement des auteurs de la région autour de plusieurs collections.
Et l'éditeur de se réjouir de l'arrivée de nouvelles librairies, de nouveaux éditeurs, du nombre important d'auteurs et d'illustrateurs autour de Lyon : « On a eu un creux de la vague, je pense, dans les années 90, début des années 2000, qui faisait aussi écho avec l'avènement du numérique. Mais je pense que depuis les années 2010/2015, il y a de nouveau à Lyon (et dans le grand Lyon d'une manière générale) un retour très important à la création littéraire ».
L'humain, c'est cela qui fait la force des éditeurs indépendants face aux grandes maisons d’édition, maîtrisant forcément mieux tous les acteurs du territoire : « On imprime nos livres dans la Loire [...] : c'est forcément un peu plus cher que si on imprimait loin de chez nous, mais ça a des avantages, parce qu'on peut aller au calage [...], changer des bricoles au dernier moment, regarder les couleurs, en accentuer si besoin », explique Stéphane Perraud, des éditions Les Crocos à Lyon, listant les avantages en terme de stockage, de livraison, et de lien avec l'imprimeur.
Mais cet atout de la proximité avec le monde du livre et les libraires au niveau local ne permet pas aux éditeurs indépendants de vivre de leur métier. Cela les oblige d’ailleurs à conserver un emploi en parallèle. « Le coût du papier a pris pas loin de 70 % sur certains papiers en l'espace d'un an » : dans le cas des éditions Les Crocos, les fondateurs estiment consacrer un peu plus d’un mi-temps à leur métier d’éditeur. « Il faut 2 ou 3 ans avant de vraiment comprendre comment ça fonctionne » : Stéphane Perraud estime qu'il faut « entre 7 et 10 livres qui fonctionnent pour [pouvoir] espérer se dégager un revenu ».
Deux ans après la création de leur maison d'édition, les fondateurs des éditions Les Crocos gardent le cap. Cette année, ils ont publié un troisième ouvrage destiné aux 0-3 ans. L'Atelier les Éclaireurs, qui a publié ses premiers guides cette année, prévoit quant à lui la sortie d’une nouvelle destination de voyage avant Noël.
Noël, autre période importante de rebond pour la rentrée littéraire, des fêtes de fin d’année cruciales pour ces maisons d’édition.
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