La colère des surveillants pénitentiaires ne faiblit pas. Établissements bloqués, appels à la grève malgré l'interdiction du droit de grève des surveillants... Le mouvement de protestation semble prendre une ampleur inédite. Tout est parti de l'agression jeudi 11 janvier de trois surveillants de la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) par un détenu terroriste djihadiste.
Alors que les négociations avec le ministère de la Justice se sont avérées infructueuses - ce mardi, les trois syndicats Ufap-Unsa, FO et CGT-Pénitentiaire ont quitté la table des négociations - la ministre Nicole Belloubet semble vouloir poursuivre le dialogue. Alors que l'Élysée rappelle que la crise des prisons n'est pas récente, on observe dans les médias qu'il s'agit de la crise la plus importante dans le secteur carcéral depuis 25 ans. Les agressions dont sont victimes les surveillants de prison sont les symptômes d’une crise beaucoup plus profonde. "L'indice d'un grave malaise", pour Jean-Marie Delarue.
Surveillants pénitentiaires : "Les propositions du gouvernement n'ont pas reçu l'accord des organisations syndicales. Mais ma porte reste ouverte", assure la ministre de la Justice @NBelloubet. #DirectAN #QAG pic.twitter.com/4mCyEZLwkM
— LCP (@LCP) 24 janvier 2018
La surpopulation carcérale ajoutée à la vétusté des locaux font de ces lieux de privations de liberté de véritables poudrières. Avec de fortes conséquences sur la relation entre détenus et gardiens. Jean-Marie Delarue observe "un type de rapports qui s'installent désormais entre les personnes détenues et les surveillants, qui sont des rapports de tension, de violence, qui font que la vie quotidienne des surveillants est extrêmement difficile".
La profession doit actuellement faire face à des difficultés pour recruter, à l'absentéisme de son personnel et aux démissions "actuellement massives". "Des indices qui ne trompent pas sur l'étendue du malaise." Et comme le précise l'aumônier national des prisons, le Père Jean-François Penhouët : "On ne réalise pas forcément bien la nature de ce travail qui est difficile de toute façon, parce que personne n'est fait pour vivre enfermé."
S'il existe un "malaise général de métiers de la sécurité", rappelle Stéphane Jacquot, le sort des gardiens de prison est celui d'une "profession oubliée". Certes, en juillet dernier, les ERIS (Équipes régionales d'intervention et de sécurité), le corps d'intervention d'élite de l'administration pénitentiaire, ont défilé sur les Champs-Élysées. "Mais en tout cas il faudrait peut-être créer des passerelles entre ces différentes entités de sécurité publique et penser aussi à un meilleur équipement", pour Stéphane Jacquot.
Et si l'heure était venue d'une véritable transformation du milieu carcéral en France ? Il faudra sans doute passer par des remises en question collectives. "On est tous en cause, confie le P. Penhouët, c'est aussi parce que l'opinion publique je crois a beaucoup de peine à imaginer d'autres sanctions que la prison que nos maisons d'arrêt sont surchargées de gens qui sont prévenus ou en courte peine."
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