Pendant tout le mois de mars, l'Assurance Maladie et la Ligue contre le Cancer tentent de sensibiliser aux risques du cancer colorectal et de faire remonter des taux de dépistage très faibles. Illustration en Charente-Maritime.
En ce mois de mars, l'Assurance Maladie lance une nouvelle fois l'opération "Mars Bleu". Dans la lignée d'Octobre Rose, dédié au cancer du sein, Mars Bleu vise à sensibiliser le grand public sur les dangers du cancer colorectal, deuxième cause de décès par cancer chez les femmes après le cancer du sein et troisième cause chez les hommes, derrière le cancer de la prostate et du poumon. Un réel risque sanitaire, donc, alors qu'on compte chaque année 47 000 nouveaux cas et 17 000 décès.
Comment se déroule un dépistage ? L'opération vise à déterminer la présence de sang dans les selles et est en soi rapide et indolore. Le public cible : les personnes de 50 à 74 ans n'ayant pas d'antécédents familiaux. " [Le dépistage] s'adresse aux gens ayant un risque estimé à moyen", explique Bérénice Vauchel, gastro-entérologue à l'hôpital de La Rochelle, alors que les personnes ayant des risques plus élevés passent directement à l'étape de la coloscopie.
Identifiées par l'Assurance maladie, les personnes concernées recevront une invitation à se faire dépister par courrier. Une fois l'enveloppe reçue, il existe trois moyens différents de se procurer un kit : via son pharmacien, son médecin traitant ou sur le site monkit.depistage-colorectal.fr. Après avoir retiré le kit, le dépistage se réalise chez soi et consiste à effectuer un prélèvement de selles, puis à l'envoyer à l'Assurance maladie dans l'enveloppe fournie avec. Retrouvez ici le mode d'emploi complet du kit : https://monkit.depistage-colorectal.fr/#/mode-demploi-du-test
"Le message à passer est simple", souligne Chantal Duffé, directrice déléguée de la Caisse Primaire d'Assurance Maladie de Charente-Maritime : "ce test est pris en charge, il est simple à réaliser et est négatif dans 96% des cas". D'autant que le cancer colorectal est d'avancement "très lent", souligne-t-elle, et qu'un dépistage réalisé tôt permet de le combattre efficacement.
Malgré ces arguments, le taux de dépistage est très faible sur le territoire national, et la région Nouvelle-Aquitaine ne fait pas exception. La CPAM l'estime aujourd'hui que seuls 28,85% des personnes concernées se sont faites dépister... alors que l'objectif national est de 65%. Pour Jean-Marie Piot, président de la Ligue contre le cancer en Charente-Maritime, cette réticence tient notamment au fait que le test relève de l'"intime".
"Le fait qu'on parle de colon, de selles, ce n'est pas un sujet facile à aborder", ajoute Bérénice Vauchel. Pour la gastroentérologue, "il y a probablement quelques tabous à faire sauter" à ce sujet, et c'est ce à quoi s'emploie la Ligue contre le Cancer en Charente-Maritime. Cette dernière réalise en effet tout au long du mois de Mars des actions de sensibilisation, avec un slogan clair et (peu) subtil martelé dans toute la France : "Va chier".
"Notre mission, c'est de diffuser le message", souligne Jean-Marie Piot, qui évoque notamment une campagne de prévention le 10 mars dans les galeries marchandes d'Angoulins et un webinaire proposé gratuitement de 12h30 à 13h30 le 18 mars. "On a même fait une diffusion à la mi-temps du match Stade Rochelais - Stade Français", rappelle Jean-Marie Piot, qui souhaite ardemment que la réticence à se faire dépister soit balayée une fois pour toutes. "Ce n'est pas quelque chose de dramatique, cela peut se faire dans son coin", conclut le chercheur.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !