Jour de scrutin crucial aux États-Unis. Les Américains sont appelés aux urnes ce mardi 8 novembre pour élire un nouveau Congrès et quelques élus locaux. Si les sondages promettent déjà une défaite du parti sortant et la majorité aux Républicains, cette élection cache également d'importants enjeux sous-jacents. Décryptage.
Deux ans tout pile après l'élection de Joe Biden, les Américains doivent une nouvelle fois élire les deux chambres du Congrès ce mardi 8 novembre. L'intégralité des 435 sièges de la Chambre des Représentants est renouvelée tandis que c'est un tiers pour le Sénat, soit 35 sièges. Plusieurs scrutins locaux sont organisés et doivent élire secrétaires et gouverneurs d'Etats.
Le bilan des deux premières années de l'administration Biden est plutôt positif. Cependant, depuis 20 ans, aucun président américain n'a réussi à garder la majorité au sein des chambres bicamérales. "Le climat politique, social, économique favorise les Républicains. Les élections de mi-mandat sont souvent un référendum contre le président en exercice", analyse Marie-Christine Bonzom, journaliste et spécialiste des Etats-Unis.
Joe Biden fait face à une impopularité croissante, accentuée par la vague des Républicains qui s'apprêtent à s'emparer du Congrès. "L'inflation, l'emploi, l'immigration clandestine avec des records historiques d'entrées de clandestins à la frontière avec le Mexique, le retrait catastrophique de l'Afghanistan. Tout cela joue dans l'impopularité de M. Biden et dans le souhait des Américains d'un changement", explique celle qui est également politologue et a été en poste à Washington pendant trente ans.
La possibilité de voir le parti de Donald Trump s'emparer du Congrès est alors dans toutes les têtes. Elle ouvrirait alors deux ans de cohabitation entre un président Démocrate et deux chambres bicamérales Républicaines. Ainsi, et même si c'est exactement ce que veulent éviter les Américains, la période ouvrirait deux ans de cohabitation et un immobilisme ancré. Aucune mesure majeure tant les deux partis, que ce soit Démocrates ou Républicains, sont tirés par leurs extrêmes. "S'il y a cohabitation, c'est la fin de l'administration Biden. On rentrerait dans une phase de blocage institutionnel", raconte Françoise Coste, spécialiste des Etats-Unis.
Pire encore : les Etats-Unis pourraient également assister à un bras de fer politique sur plusieurs sujets internationaux, notamment la guerre en Ukraine. Pour rappel, la droite américaine est davantage pro-Poutine que pro-Ukraine. Ainsi, "si les Républicains l'emportent sous l'impulsion de Donald Trump, il y a un risque de voir l'administration Biden très impliquée dans le soutien militaire à l'Ukraine et de voir l'autre côté, le Congrès, bloquer le soutien et ne pas voter les budgets militaires", détaille Françoise Coste.
Moins de deux ans après, le 6 janvier 2021 est encore dans toutes les têtes. Des milliers d'Américains s'étaient rendus à Washington, pour protester contre le résultat de l'élection présidentielle, à l'appel d'un certain Donald Trump. Le Congrès Américain avait été pris d'assaut dans un chaos sans nom. Aujourd'hui, le spectre d'un déni de démocratie inquiète outre-Atlantique, alors même que certains candidats Républicains ont annoncé ne pas reconnaître le résultat des élections en cas de défaite.
"Le 6 janvier 2021, je crois que cette insurrection a vraiment effrayé les Démocrates, mais aussi les Républicains. Pour Biden, ce n'était pas une émeute ratée, mais bien un galop d'essai pour de nouveaux épisodes de violences", avance Françoise Coste. Avant de poursuivre : "C'est cette immense crainte qui anime la rhétorique de Biden aujourd'hui, sur la nécessaire défense de démocratie américaine".
Quoi qu'il en soit, ces élections de mi-mandat donnent les prémices d'un match retour entre Trump et Biden qui pourrait se jouer à la présidentielle en 2024. Sauf surprise, Donald Trump devrait annoncer sa candidature à l'élection le 15 novembre prochain.
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