Spectacle fascinant avant-hier en Pennsylvanie, où la campagne des élections américaines culminait par deux meetings radicalement étrangers l’un à l’autre !
À Philadelphie, l’ex-président Obama venait soutenir Joe Biden et les candidats démocrates au Congrès. À Latrobe, sur un aérodrome à une heure de Pittsburgh, l’ex-président Trump venait soutenir les candidats républicains qui le soutiennent lui – et se faire acclamer par ses supporters inconditionnels, en vue de sa propre re-candidature en 2024.
D’un côté, il y avait donc Obama, l’élégant magicien, déployant sa virtuosité pour justifier toutes les décisions de Biden, et faire oublier toutes les prévisions électorales catastrophiques promises aux démocrates par les sondages au scrutin du 8 novembre. De l’autre côté, il y avait Trump, promettant à son de trompe pendant plus de deux heures l’arrivée de la grande revanche au Congrès, puis à la Maison-Blanche ; une victoire sans limites, annonce-t-il.
Mais ce qui est sans limites chez Trump, c’est surtout son mépris pour la réalité. Samedi, il a promis aux gens de les défendre contre l’État “communiste” de Washington, ce qui est au moins étrange. Il leur a aussi affirmé qu’il avait une “formidable relation” avec Xi Jinping, ce qui est carrément psychédélique. Mais ça marche auprès de son public : parce que raconter n’importe quoi est devenu la norme dans le monde occidental depuis qu’il n’y a plus de vérité ni de mensonge, mais seulement des “narratifs” ou des “storytellings”, comme on dit sous l’influence des agences de communication.
Le résultat de cette évolution, c’est qu’actuellement, entre des partis adverses, il n’y a plus aucun vocabulaire commun ni aucune idée commune : il y a un climat de simili-guerre civile à force de ne pas se comprendre mutuellement. Comme si la société des réseaux sociaux (cette arène de gladiateurs), à force de fabriquer des bulles et des mirages, avait détruit toute possibilité de débattre objectivement.
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