Le 11 juillet 2024, les experts de la commission nationale de l’architecture et du patrimoine (CNPA) s'est opposé au projet de création de vitraux contemporains à Notre-Dame de Paris. Didier Rykner, le fondateur de la Tribune de l'Art, qui avait lancé en décembre dernier une pétition contre ce projet, décrypte cette décision.
Nouveau rebondissement dans l’affaire des vitraux de Notre-Dame de Paris. Jeudi 11 Juillet 2024, les membres de la Commission du patrimoine et de l'architecture ont rejeté à l'unanimité la proposition d'Emmanuel Macron de remplacer les vitraux de Viollet-le-Duc par des baies contemporaines.
Pour justifier leur décision, les experts de la Commission ont estimé que ces nouveaux vitraux remplaceraient des vitraux du XIXe, voulus par Eugène Viollet-le-Duc, vitraux qui n'ont pas été endommagés par l'incendie. Didier Rykner, le fondateur de la Tribune de l'Art, qui avait lancé en décembre dernier une pétition contre ce projet, salue cette décision. "C'est une satisfaction à condition que leur avis soit suivi." Il rappelle que "la commission nationale du patrimoine de l'architecture est là pour conseiller le ministère de la Culture, pour lui donner un avis qu'il n'est pas obligé de suivre." Si l'historien d'art reconnaît que cet avis est en général suivi il craint que cette fois-ci ce ne soit pas le cas. "J'ai un petit peu peur de la réaction d'Emmanuel Macron, dont on sait qu'il tient à ce type de projet et qu'il se fiche complètement de Notre-Dame, de l'avis des experts et des vitraux de Viollet-le-Duc. Il est là pour marquer son passage. Et donc, il faut attendre de voir quelle va être la réaction du ministère de la Culture."
Le véto des experts de la Commission du patrimoine et de l'architecture peut surprendre, car le projet semblait bien engagé. Une centaine d'artistes avait déjà présenté leur candidature pour participer à cette installation. Une liste de cinq candidats avait même été établie le 27 juin 2024 pendant la campagne électorale, mais elle n'a pas été rendue publique. Le président de la République et l'archevêque de Paris devaient présenter le projet lauréat lors de la réouverture de la cathédrale le 8 décembre 2024. Un agenda qui semble avoir été remis en cause par l'instabilité politique actuelle en France.
Tout le monde au ministère de la Culture, tous les spécialistes, tous les amateurs de patrimoine, tous les connaisseurs d'architecture, tous ceux qui savent ce que veut dire un classement en monument historique, étaient opposés à ce choix.
Pour Didier Rykner, l'instabilité politique a joué en faveur de cette décision. " Le ministère de la Culture, comme d'ailleurs le gouvernement, sont sur le départ. Les fonctionnaires se sont dit, on va pouvoir peut-être voter selon notre conscience. Le fondateur de la Tribune de l'Art explique "qu'ils avaient eu d'abord pour ordre de se prononcer "pour". Finalement on leur a dit qu'ils pouvaient ne pas voter. C'est ce qu'ils ont fait et à l'unanimité, la commission a dit non." Pour Didier Rykner, c'est la preuve que ce projet ne fait pas consensus.
Il y a une opposition totale à ce projet qui n'a aucun sens parce qu'il s'agit d'enlever des vitraux qui n'ont pas souffert de l'incendie, qui ont été restaurés et nettoyés et qui font intégralement partie du monument classé."
Quant au diocèse de Paris, il semble lui aussi avoir pris de la distance avec ce projet. Le 25 juin dernier, lors d'une présentation à la presse des futurs aménagements intérieurs de la cathédrale, le projet de vitraux contemporains n'était pas à l'ordre du jour, car pour Mgr Olivier Ribadeau Dumas, le recteur de Notre-Dame, "c'est un projet d'État."
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