Cela fait bientôt deux ans que Lana et sa famille ont trouvé refuge à Brest. Petit à petit, ils retissent une vie de famille, un quotidien, à presque 3 000 kilomètres de chez eux.
Lana ouvre la porte de cette petite maison à la façade violette, en plein centre de Brest. "C'est un plaisir de nous accueillir dans notre nouveau logement" s'amuse-t-elle. Son large sourire est intact depuis la dernière fois que nous l'avons rencontré en février 2023.
Avec sa fille et son mari, ils occupaient un appartement dans un autre quartier. Cela fait maintenant six mois qu'ils louent cette maison du centre-ville. "On est vraiment heureux d'avoir un logement où on se sent chez nous", se réjouit-elle. Mais les souvenirs de la vie d'avant ne sont jamais loin. "En Ukraine on avait tout. Un travail, des amis, notre famille que l'on pouvait voir tous les jours. On a tout perdu", lâche Lana. Alors cette maison, baignée de lumière, c'est une première pierre pour reconstruire cette nouvelle vie. Et cela passe par des micro-détails. La tasse colorée de thé fumante que Lana tient dans ses mains par exemple. "Moi j'adore les tasses gigantesques", en retrouvant immédiatement sa gaité. "Dès que j'en ai retrouvé une ici, je me suis sentie chez moi. C'est les petits éléments comme ça."
Ici, la petite famille a retrouvé un rythme. Olenka poursuit sa scolarité dans un collège de Guilers en quatrième, elle s'est fait des amies. "Elle étudie beaucoup, mais c'est parfois difficile avec le français", raconte Lana. Yuri, le papa, a trouvé un emploi dans une entreprise brestoise en tant qu'informaticien. "C'est un emploi qui lui plaît vraiment. Et c'est ce qui nous donne l'opportunité de rester ici en France." Mais tous n'ont pas eu cette chance, Lana garde dans un coin de sa tête le souvenir de ces femmes ukrainiennes qu'elle a rencontré ici, mais qui ont dû repartir sous les bombes, faute de moyens suffisants pour rester en France.
Lana a très régulièrement sa famille, ses parents au téléphone, ainsi que les parents de son mari. Eux sont restés en Ukraine. "Cela fait deux ans qu'on ne les a pas vu. C'est comme si on était entre les deux vies maintenant. On a perdu la vie qu'on avait avant, on est des personnes différentes. Et on sait que la vie qu'on avait n'existe plus, et qu'il faut nous reconstruire" raconte-t-elle.
Cette deuxième vie passe par la danse traditionnelle, et "Tanok", "danse" en ukrainien, ce collectif que Lana a créé avec d'autres femmes ukrainiennes. Ensemble, elles danse la polka, la podolyanka ou encore la bereznyanka, s'entraînent régulièrement aux Capucins, confectionnent des couronnes de fleurs pour leurs spectacles. Un moyen de ramener un petit peu de leur Ukraine ici à Brest et surtout "de faire partager notre culture" se réjouit Lana.
Elle prépare d'ailleurs avec sa fille un duo, imaginé par une chorégraphe professionnelle qui a elle aussi trouvé refuge à Brest. Un tableau qui retrace leur histoire, le jour où elles se réveillent en sursaut, mettent quelques vêtements dans leurs valises et abandonnent tout.
Et les répétitions s'intensifient puisque le collectif Tanok doit se produire samedi 24 février place de la Liberté à 14h dans la cadre de la manifestation contre la guerre en Ukraine. Vous pouvez retrouver des vidéos et tous les évènements à venir sur Facebook et leur page Instagram "Tanok".
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