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Obsèques de Gérard Collomb : l'homélie de Mgr de Germay

Un article rédigé par Jean-Baptiste Cocagne - RCF Lyon, le 22 décembre 2023 - Modifié le 22 décembre 2023

Retrouvez en intégralité l'homélie prononcée par l'archevêque de Lyon Mgr Olivier de Germay lors des obsèques de Gérard Collomb, célébrées le mercredi 29 novembre 2023 en la primatiale Saint-Jean-Baptiste.

Mgr de Germay prononce l'homélie lors des obsèques de Gérard Collomb - DR 2023Mgr de Germay prononce l'homélie lors des obsèques de Gérard Collomb - DR 2023
Obsèques Gérard Collomb : l'homélie de Mgr de Germay

Nous voici face à un cercueil, et donc face au mystère de la mort. Il faut bien reconnaître que face à ce mystère de la mort, nous nous sentons touts petits. Et face à la mort, nous sommes tous égaux. Aucun de nous n’a le pouvoir d’y échapper. 

Peut-être en allant à des obsèques, vous avez déjà entendu un texte - c’est un peu une mode - dans lequel il est dit : « la mort n’est rien ». Je ne pense pas que la mort soit « rien ». La mort de quelqu’un que l’on a aimé, ça fait mal. La mort est souvent une déchirure, parfois une amputation. En tout cas elle crée un vide, une blessure. La mort n’est pas rien. Je dirai plutôt qu’elle est un scandale. Dans le sens où elle contredit radicalement cet immense désir de vie qui est en nous, profondément inscrit en nous. Un désir de vie qui ne peut se satisfaire de la mort, un désir d’une vie qui ne s’arrête pas. 

Alors face au mystère de la mort, on peut être tenté bien sûr de se voiler la face. Mais au fond, depuis toujours, l’être humain s’est interrogé : pourquoi la mort ? Et comme en creux apparait une autre question : pourquoi l’être humain ne s’est-il jamais habitué à la mort ? Comment se fait-il qu’il y ait en moi le désir d’une vie qui ne s’arrête pas, le désir d’une vie en plénitude ? Le mystère de la mort nous renvoie au mystère de la vie. 

Alors c’est vrai, la science a fait d’énormes progrès et maintenant nous sommes capables de décrire comment l’énergie, l’espace, le temps, la matière et puis la vie sont apparues. C’est d’ailleurs passionnant. On sait maintenant beaucoup mieux comment la vie naît, évolue, se transforme. Tous ces « comment » sont passionnants mais fondamentalement, ils ne répondent pas à la question du « pourquoi ». 

C’est souvent l’expérience de l’amour qui nous met sur la bonne voie pour décrypter ce désir de vie qui est en nous car vous le savez bien : lorsqu’on aime vraiment quelqu’un, on n’a pas envie d’être séparés. On n’a pas envie que la relation s’arrête. L’amour authentique rime avec toujours. C’est le mystère de l’amour qui éclaire cette soif de vie, cette soif d’éternité qui est en nous. Derrière notre désir de vie se cache le désir d’aimer et d’être aimé. N’est-ce pas notre désir le plus profond ? 

Parfois nous nous agitons et nous courons après des gloires passagères, alors que notre cœur profond meurt de soif, soif d’un amour éternel. Saint Jean écrit : « Dieu est amour ». Nous sommes là au cœur de la révélation chrétienne. 

Vous le voyez, le mystère de la mort nous renvoie au mystère de la vie, qui nous renvoie au mystère de l’amour. L’amour est à l’origine de tout ce qui existe et c’est notre destinée éternelle. Mais alors me direz-vous, pourquoi tout cela n’est-il pas plus évident ? Parce que l’amour réclame la liberté, l’amour a besoin d’un choix libre, l’amour ne s’impose pas dans une sorte d’évidence, l’amour met à l’épreuve notre liberté. C’est le mystère de la foi. « Heureux celui qui croit sans avoir vu » dit Jésus.

L’amour a besoin d’être éprouvé. Vous l’avez entendu dans la première lecture, tirée du livre de la Sagesse, l’histoire de ces justes qui sont morts et qui sont maintenant dans la paix. Le livre écrit : « Dieu les a mis à l’épreuve. Comme l'or au creuset, il les a éprouvés ». Vous voyez frères et sœurs comme la parole de Dieu nous renvoie finalement à nous-mêmes, à notre liberté, à ce choix fondamental qui engage notre éternité. Dieu nous aime et nous invite à partager sa vie, qui est une vie éternelle. Il nous a créés pour ça.

Saint Irénée, deuxième évêque de Lyon, disait : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ». Au fond, Dieu nous dit : « Je t’aime, est-ce que tu veux bien vivre avec moi, partager ma vie ? » Vous comprenez pourquoi nous l’avons entendu toute à l’heure dans l’évangile. Jésus dit : « Moi je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. Crois-tu cela ? ». Jésus nous invite à poser un acte de foi.

Je reconnais que ce n’est pas si évident. Peut-être avez-vous déjà fait cette expérience où on se sent comme attiré par Dieu et puis ça résiste en nous, comme s’il y avait une force contraire. Il peut y avoir des peurs, d’autres raisons. Ce n’est pas si évident car il faut consentir à renoncer à la toute-puissance, à cette illusion d’être le maître absolu de sa propre vie, c’est-à-dire son propre dieu.

Accepter de se recevoir d’un autre, ça demande de passer par la porte de l’humilité et donc de s’abaisser. « Qui s’abaisse sera élevé » disait Jésus. Dieu lui-même s’est abaissé en se faisant homme. 

Ce tiraillement intérieur, on appelle ça le combat spirituel. Parfois, on sent qu’on peut basculer d’un côté ou de l’autre. L’image qui me vient, c’est celle du gymnaste. Vous imaginez un gymnaste pendu à une barre horizontale. Et puis, parfois, il est au-dessus, en équilibre instable. Et il suffit d’un rien, d’un petit transfert de poids, pour qu’il bascule d’un côté ou de l’autre. Il en va parfois de même pour nous : on peut basculer vers Dieu, vers le mystère de la vie, de l’amour ou en sens inverse.

J’aime bien cette parole de l’Ancien Testament dans le livre du Deutéronome où il est dit : « Tu as devant toi la vie, et la mort, le bonheur et le malheur. Choisis donc la vie ». Ce choix de Dieu, il est à faire et à refaire, bien sûr il n’est pas fait une fois pour toutes. Parfois on fait le choix contraire. Je dis le choix mais ce n’est pas toujours un vrai choix. Ça peut être par négligence ou pour tout un tas de raisons. Il n’est jamais trop tard pour revenir à Dieu, en tout cas tant qu’on est en vie. Le dernier choix, c’est celui que nous poserons avant notre mort. Il est important car il engage notre éternité et c’est pour ça que nos derniers moments sont importants.

Voyez chers amis, ce que nous disent ces textes qui ont été choisis par la famille de Gérard Collomb. Ce qu’ils nous disent à nous qui sommes là dans cette primatiale pour lui dire adieu, c’est que ce désir d’un amour infini qui est dans nos cœurs n’est pas là par hasard.

Il est là parce que nous sommes faits pour l’amour éternel qui est Dieu. Ce que ces textes nous disent, c’est qu’il ne faut pas attendre demain pour faire le choix de Dieu, le choix de l’aimer, de nous laisser aimer par lui, et donc aussi de nous aimer les uns les autres, car ces deux commandements vont toujours ensemble. « Je suis la résurrection et la vie » dit Jésus. « Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. Crois-tu cela ? ».

> Retrouver l'hommage du président de la République Emmanuel Macron à Gérard Collomb

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