Le pape François est rentré dimanche soir de Bahreïn. Il s’y rendait pour son 39è voyage apostolique. Un voyage symbolique pour le pape, dans un pays où 95% de la population est musulmane, et où la communauté catholique représente à peine 80.000 personnes. Le pape a participé à un forum prônant "le dialogue et la coexistence humaine”. François Mabille est chercheur au CNRS et directeur de l’Observatoire géopolitique des religions à l'IRIS. Pour RCF, il revient sur les enjeux du déplacement du pape dans le petit pays du Golfe.
La destination de ce 39e voyage apostolique peut paraître étonnante : le pape François n’a jamais été en Allemagne, en Espagne, il n’a passé qu’une journée en France. Et il choisit d’aller visiter un petit pays du Moyen-Orient, où les catholiques sont ultra-minoritaires. Mais pour François Mabille, la destination est logique au regard des volontés du pape François.
D’une part, le pape aime aller visiter les pays où les communautés chrétiennes sont aux périphéries, aux marges. "Bahreïn est une destination intéressante parce que les chrétiens y sont une minorité, à la fois numérique et culturelle", confie François Mabille. D’autre part, "le pape, depuis son arrivée à la tête de l’Église catholique, promeut un dialogue interreligieux approfondi, et en particulier avec les responsables musulmans sunnites et chiites". "Ce voyage à Bahreïn coche les deux cases, à la fois des périphéries et aussi du dialogue interreligieux", estime ainsi François Mabille.
Le pape a profité de ce voyage pour insister sur l’importance de la liberté religieuse, qui pour le souverain pontife naît du dialogue et du respect de la croyance de l’autre. "Chez le pape François, il y a une pédagogie de la paix par la rencontre, et par la rencontre une pédagogie du dialogue", souligne François Mabille. Pour le chercheur le pape profite donc de ses déplacements dans des lieux inattendus (Bahreïn, Kazakhstan, Egypte…) en profitant de sa double identité de chef religieux et de chefs d’état, pour faire signer à différents responsables politiques et religieux des documents à forte portée symbolique. "Le pape élargit le dialogue islamo-chrétien, et l’inscrit dans une thématique de paix" confie François Mabille, alors que ce dialogue était avant resté confiné aux cercles des théologiens.
L‘objectif du pape est aussi de favoriser le dialogue entre les différentes composantes de l’islam
Autre objectif pour le pape : faire dialoguer entre eux les différents courants de l’islam. Et la destination de Bahreïn est symbolique : car dans ce petit royaume, si la majorité de la population est chiite, la famille royale est sunnite. Des interactions avec chiites et sunnites qui devraient continuer, selon la diplomatie du Saint-Siège. Audacieux sans être naïf, le pape espère peu à peu réussir à insuffler son discours de paix et de dialogue interreligieux aux différentes branches de l’islam. "C’est une politique de petit pas que mène le Saint-Siège", conclut François Mabille.
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