Les événements culturels sont confrontés à des réalités économiques et logistiques de plus en plus difficiles et contraignantes. C’est le cas du festival Watts à Bar en Meuse. Augmentation du cachet des artistes, hausse des charges, dérèglement climatique, recherche de mécènes… On évoque ces enjeux avec Thierry Guigné, programmateur de l'événement.
Le Festival Watts a Bar revient à Bar-le-Duc les 23 et 24 août 2024, avec une affiche entre rock, punk, reggae et électro qui continue de séduire le public. Preuve en est : l’édition 2023 a affiché complet les deux soirs, avec 3 500 festivaliers par soirée. “On remarque que le public d’avant-Covid est de retour. C’est un public qui ne bougeait plus et qui prend plaisir à revenir. Il est plutôt à la recherche de petits et moyens festivals comme le nôtre, car c’est plus convivial”, se réjouit Thierry Guigné, fondateur du Watts a Bar. Deux jours pour se retrouver en famille ou entre amis, deux jours pour relâcher la pression. Mais derrière cette pause festive se cache une réalité moins légère.
Les fortes pluies, qui n’ont pas épargné la Lorraine depuis le début du printemps et qui continuent en ce début d’été, sont la conséquence directe du dérèglement climatique. De plus en plus, elles donnent des sueurs froides aux organisateurs d'événements en plein air. “Il y a quelques années, on prenait cette donnée en compte, mais ce facteur n’était pas aussi présent. Aujourd’hui, on constate que cela s’accentue, et cela nous inquiète. Il ne faut pas se leurrer, nous sommes très dépendants du temps”.
“Je ne peux pas dire que notre situation financière est compliquée, mais elle reste fragile. Nous avons des salariés à payer et des frais de fonctionnement dont nous devons nous acquitter. Mais nous avons une vision sur an seulement et nous sommes dépendants de l’édition qui arrive”. Les cachets des artistes, de plus en plus onéreux, viennent plomber le budget des festivals. “Nous ne cherchons pas à avoir des grosses têtes d’affiche. Nous restreignons, de fait, cette partie du budget”. En parallèle, les autres postes de dépenses augmentent : technique, coûts de transport, etc.
Notre souhait, c’est que les visiteurs puissent profiter du week-end, tout en ayant un budget limité.
Malgré les dépenses en hausse, le festival ne souhaite pas pour autant augmenter le prix de ses billets. “Pas plus que les consommations sur place, d’ailleurs. Notre souhait, c’est que les visiteurs puissent profiter du week-end, tout en ayant un budget limité. On estime que cela revient au total à une centaine d’euros par personne entre l’accès au festival, le camping, les boissons et la nourriture”.
Pour subsister, les festivals ont souvent besoin de mécènes. “Nous sommes en Meuse, c’est compliqué de trouver de grosses entreprises sur le secteur”. Le fait d’avoir des mécènes ne remet pas en cause l’indépendance du festival, rassure Thierry Guigné. “Nos mécènes n’ont aucun droit de regard sur la programmation. Pas plus que les collectivités. Nous avons toujours été indépendants, et nous le resterons”. Watts a Bar est également à la recherche de bénévoles. Car sans bénévoles, la tenue du festival ne serait pas possible. “On a entre 150 et 200 bénévoles. Beaucoup reviennent d’une année à l’autre”.
3 questions posées à des acteurs de la vie politique ou culturelle en Lorraine sur une problématique ou un événement local à venir.
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