Nicaragua
La liberté religieuse est de moins en moins respectée dans le monde. C'est ce que révèle un rapport publié ce jeudi 22 juin, qui fait état de 61 pays dans lesquels les citoyens sont persécutés et discriminés pour leur religion. Le rapport décrit un climat d'impunité favorisé par la guerre en Ukraine et la pandémie de Covid.
Tous les deux ans, l’Aide à l’Église en détresse (AED), publie son rapport sur la liberté religieuse. Selon cette fondation pontificale internationale, la situation s’est fortement dégradée depuis 2021. Dans 61 États, la liberté religieuse n'est pas respectée : cela concerne 62% de la population mondiale, toutes religions confondues. Et avec la pandémie de Covid et la guerre en Ukraine, les cas de persécution et de discrimination sont moins dénoncés sur la scène internationale et cela favorise un climat d’impunité inédit.
C'est une étude très approfondie qui est menée tous les deux ans sur le respect de la liberté de religion ou de conviction (LdRC) dans le monde. Intolérance, discrimination, persécution et génocide : ce sont les quatre catégories qui permettent de caractériser les violations de la liberté religieuse. Dans 61 États, soit un tiers des pays du monde, les citoyens subissent persécutions et discriminations. Cela représente 62% de la population mondiale, toutes religions confondues.
Le rapport de l'AED évoque les "agressions" contre la communauté juive en Occident en augmentation, depuis le confinement. "Les crimes de haine antisémites signalés dans les pays de l’OSCE sont passés de 582 en 2019 à 1 367 en 2021." Le rapport pointe également la "persécution accrue des musulmans" et cite le cas des Ouïghours en Chine. Il y a aussi des cas de persécution "y compris par d’autres musulmans" en Afghanistan ou au Pakistan.
Les chrétiens représentent 32,3% de la population mondiale. Ils sont "persécutés" dans 28 pays, essentiellement d'Afrique et d'Asie, c'est-à-dire qu’ils risquent leur vie en raison de leur foi. Ainsi, au Nigéria, les chrétiens sont "particulièrement persécutés", décrit Benoît de Blanpré, le directeur de l’AED France, qui raconte : "Quand je suis arrivé au Nigéria, c’était le jour où l’ambassade américaine évacuait tous ses ressortissants parce qu’il y avait un risque majeur d’attentat terroriste, contre la population et envers les chrétiens." Il décrit la situation d'un évêque, qui vit, à l’est du Nigeria, "en permanence" sous la menace terroriste, au point d’être "entouré de gardes du corps, qui sont armés". "Dès qu’il se déplace il y a des voitures qui l’entourent, la route est tracée avant lui. Véritablement quand il quitte son évêché le matin, il ne sait pas s’il sera en vie le soir…"
Dans certains pays, s’ils ne risquent pas leur vie, les chrétiens sont "discriminés" : leurs droits ne sont pas respectés. On les empêche par exemple de pratiquer tel ou tel métier, d’accéder à telle ou telle formation pour des motifs religieux... Au Pakistan, par exemple, les chrétiens subissent une "oppression". "Les chrétiens me disent là-bas qu’ils sont considérés comme des citoyens de seconde classe, témoigne Benoît de Blanpré, ils me disent très souvent : Nous sommes traités comme des chiens !"
Il existe différents types de menaces contre la liberté religieuse. Ainsi, en Afrique, "c’est le djihadisme dans la région du Sahel qui met les chrétiens en danger", précise Benoît de Blanpré. En Asie, ce sont des régimes autoritaires qui "violent les droits de l’homme en général et la liberté religieuse", comme en Corée du Nord ou en Chine. En Inde, il existe un nationaliste ethno-religieux selon lequel, "pour être pleinement citoyen du pays, il faut être de l’ethnie et de la religion majoritaires".
"En Amérique latine, il y a des régimes autoritaires qui détestent l’Église parce qu’elle dénonce la corruption le mensonge, le non-respect des personnes." Ainsi le Nicaragua, où récemment, les comptes bancaires de l'Église bloqués par les autorités. "C’est vrai qu’on a des informations compliquées. On en parle peu pour ne pas augmenter la pression sur l’Église qui est particulièrement menacée."
Dans beaucoup de pays, les personnes qui menacent les chrétiens ou qui les persécutent ne sont pas poursuivies
Il y a "une tendance profonde" qui "inquiète" les observateurs de l’AED : l’impunité des auteurs de violences : "Dans beaucoup de pays, les personnes qui menacent les chrétiens ou qui les persécutent ne sont pas poursuivies."
Le silence de la communauté internationale est "assourdissant" et "inquiétant", dénonce le directeur de l'AED. Benoît de Blanpré observe à la fois "une forme d’indifférence, d’ignorance, de la question de la liberté religieuse". Mais souvent ce sont aussi "des enjeux économiques, diplomatiques, stratégiques qui font que parfois les pays occidentaux n’osent pas dénoncer des situations de non-respect de la liberté religieuse pour ne pas déséquilibrer des accords économiques ou politiques".
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