Depuis le mois d’octobre, les Libanais dénoncent une classe politique corrompue et réclament le changement. Après un week-end émaillé de violences, la présidence libanaise a reporté, pour la deuxième fois en une semaine, des consultations parlementaires censé désigner un nouveau Premier ministre.
Rappelons que Saad Hariri, le Premier ministre sortant a démissionné le 29 octobre dernier, sous la pression de la rue. Son gouvernement continue de gérer les affaires courantes. Mais le comble aujourd’hui c’est que c’est Saad Hariri lui-même qui serait pressenti pour redevenir Prmeier ministre. Une perspective rejetée massivement par les manifestants. D’où les scènes de colère ce week-end. Pour Didier Billion, directeur adjoint de l'Institut de relations internationales et stratégiques, la classe politique libanaise est incapable de se remettre en question.
Les principaux partis du pays ne parviennent pas à se mettre d’accord sur le futur Premier ministre. La formation du nouveau cabinet pourrait s’éterniser dans un pays au bord de l’effondrement économique. Depuis la démission de Saad Hariri fin octobre, les négociations piétinent au sein de la classe politique et les Libanais commencent à perdre patience. La situation économique du pays devient préoccupante. Les salaires diminuent et depuis plusieurs semaines, les Libanais ne peuvent plus retirer de liquidités à la banque.
Une situation économique dramatique pour le peuple libanais qui paie le prix fort d’une mauvaise gestion du pays. L'annonce lundi d’un nouveau report des consultations parlementaires en vue de désigner un nouveau Premier ministre a fait suite à un week end sous tension.
Les accrochages se multiplient entre la police et la rue. Des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont eu lieu dimanche soir près du Parlement à Beyrouth. Samedi soir, des dizaines de personnes ont été blessées dans la capitale libanaise. La police a fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc. Le ton se durcit mais si les manifestants portent d’une même voix la contestation du pouvoir en place, ils ont du mal à se coordonner et à proposer une alternative.
Certains intellectuels réclament un cabinet composé exclusivement de technocrates et de personnalités indépendantes des partis traditionnels. Aujourd’hui, le mouvement chiite du Hezbollah, qui fait partie du gouvernement démissionnaire et tient à rester aux affaires, ne veut pas d’un cabinet de technocrates et préfère le statu quo avec le retour de Saad Hariri, le Premier ministre démissionnaire. De nouvelles consultations parlementaires ont été fixées à jeudi à Beyrouth pour tenter de sortir de l’impasse.
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