JavaScript is required

Pour bien comprendre… les origines de la crise en Nouvelle-Calédonie

RCF, le 16 mai 2024 - Modifié le 16 mai 2024
Pour bien comprendrePour bien comprendre... Les origines de la crise en Nouvelle-Calédonie

Cette semaine la situation a dégénéré en Nouvelle-Calédonie. Des émeutes ont explosé dans le territoire ultra-marin à cause d’une réforme constitutionnelle qui prévoit de dégeler le corps électoral, permettant aux habitants du territoire depuis au moins 10 ans de voter aux élections locales. Mais pour comprendre les racines de la crise actuelle il faut remonter dans l’histoire de la Nouvelle-Calédonie et de sa relation avec la métropole.

Des manifestants contre la réforme constitutionnelle à Nouméa le 28 mars 2024. Crédit photo : Delphine Mayeur / Hans Lucas. Des manifestants contre la réforme constitutionnelle à Nouméa le 28 mars 2024. Crédit photo : Delphine Mayeur / Hans Lucas.

"Depuis 1988, on recule pour mieux sauter", analyse Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l'Université Paris 2 Panthéon Assas. "On a d'un côté des indépendantistes qui souhaitent l'indépendance et qui veulent un référendum qui permet d'acter cette indépendance et de l'autre, des loyalistes qui veulent rentrer dans le droit commun et donc avoir une intégration pleine et entière à la République. Face à cette situation, on n'a fait que repousser l’organisation d’un référendum de décennie en décennie" développe-t-il. Au total, entre 2018 et 2021 il y a eu trois référendums sur l’indépendance. "Dans ce que le ministère de l’Intérieur négocie, il peut encore y avoir un référendum dans plusieurs décennies. Donc on est à mi-chemin entre la possibilité d'une indépendance et une vraie intégration dans la République et entre-temps, on entretient un statut colonial, qui est un statut de droit reconnu par l’ONU et la CEDH." ajoute Benjamin Morel. 

Le statut colonial permet de restreindre le suffrage universel avec le gel du corps électoral. "Ça pose de plus en plus de problèmes, estime le spécialiste, parce que quand vous figez un corps électoral vous entretenez des inégalités chaque jour un peu plus criantes. Et donc, il y a un moment où vous devez en sortir. Le problème, c'est que comme personne n'a tout à fait intérêt à sortir de l'ambiguïté parce que personne n'est d'accord sur un consensus, ça explose."

3 catégories d’électeurs 

Il existe trois "listes électorales" en Nouvelle-Calédonie. Celle qui rassemble tous les citoyens pour voter aux scrutins nationaux. "Un corps électoral consacré au référendum" avec "une restriction des listes aux populations dites, selon le droit international, intéressées par l'avenir de l'Île." Et un corps électoral plus restreint qui participe aux élections provinciales. Pour appartenir à ce dernier il faut avoir été "électeur en 1998 ou être fils d'électeurs ou fille d'électeurs, sachant que petit-fils et petits-fils, ça ne compte pas, précise le juriste, vous comprenez bien qu'on ne peut pas maintenir ça sine die parce qu'à force, il finira par y avoir plus d'électeurs."

Un entre deux assez délétère.


Cette situation correspond à un processus habituel de décolonisation mais normalement un tel processus dure quelques années. Dans le cas de la Nouvelle-Calédonie, la situation dure depuis 36 ans, ce qui représente "un entre deux assez délétère" selon Benjamin Morel. Pour lui, ce blocage est dû à la composition de la société néo-calédonienne : "vous avez deux populations qui sont à peu près équivalentes en termes de nombre et qui sont sur des options très différentes. Intégration pleine et entière dans la République pour les loyalistes, donc rétablissement du suffrage universel, alors que de l'autre côté, vous avez une volonté d'obtenir l'indépendance. Et donc, cette situation-là fait qu'on se retrouve dans une situation politique inextricable parce que trancher réellement impliquerait qu'un camp accepte structurellement d'avoir perdu et aucun aujourd'hui ne veut structurellement avoir perdu."

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Pour bien comprendre
©RCF
Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.

RCF
toujours dans
ma poche !
Téléchargez l'app RCF
Google PlayApp Store
logo RCFv2.14.0 (21796db) - ©2024 RCF Radio. Tous droits réservés. Images non libres de droits.