Depuis douze ans, l’association JRS France agit aux côtés des demandeurs d’asile et des réfugiés pour les accueillir dignement, faciliter leur intégration et défendre leurs droits. A quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle, et en plein exode des réfugiés ukrainiens, focus sur la question migratoire en France, et sur la solidarité qui s’exprime.
JRS France n’a pas attendu la crise migratoire ukrainienne pour s’engager en faveur des réfugiés et des demandeurs d’asile. Depuis douze ans, l’association s’engage à ce sujet dans 56 pays du monde entier, dont une douzaine rien que pour l’Europe. Et évidemment, elle a répondu présent face à l’afflux de réfugiés ukrainiens.
"On estime le nombre de personnes ukrainiennes qui sont arrivées en France entre 30 et 60.000 personnes. Partout sur le territoire, des personnes de notre réseau sont mobilisées. Même si l’on peut dire aujourd’hui que les pouvoirs publics ont développé dans une large mesure des places pour les accueillir, pour le moment" explique Guillaume Rossignol, le directeur de JRS France, un réseau de plus de 4.800 bénévoles et de 2.000 familles d’accueil dans l’Hexagone.
"C’est une extraordinaire densité et richesse humaine. Les familles d’accueil et les bénévoles qui se mobilisent sont des personnes qui se mobilisent au plus près du territoire, un peu partout. Une des grandes forces de JRS, c’est la subsidiarité : offrir un cadre et des possibilités d’action à ces personnes, et leur permettre de déployer au plus près des actions d’hospitalité citoyenne" ajoute Guillaume Rossignol, qui précise être encore à la recherche de familles d’accueil dans le cadre de l’afflux de réfugiés ukrainiens.
Pour autant, ce dernier pointe du doigt un paradoxe surprenant s’agissant de l’accueil de réfugiés en France. "En ce qui concerne la question ukrainienne, c’est paradoxal. On croule sous le nombre de personnes qui veuillent accueillir. Il y a quelque chose de très émotionnel. Pendant des années, nous avons essayé de développer solidement ce réseau. Là, nous faisons face à un afflux, parfois désordonné. Une partie de notre activité aujourd’hui est d’essayer d’ordonner ça. L’hospitalité citoyenne, ça ne s’improvise pas" lance Guillaume Rossignol sur RCF.
Le directeur de JRS France met en avant la qualité de l’expérience de l’accueil, de ce qu’elle doit être. "Cela doit déboucher sur une rencontre heureuse. C’est une altérité qui doit nous nourrir et qui ne doit pas devenir quelque chose d’épuisant et de frustrant, car on aurait des attentes différentes. C’est quelque chose de préoccupant aujourd’hui à certains égards. On voit bien aujourd’hui à quel point certaines demandes sont irrationnelles ou désordonnées. Notre rôle, c’est de clarifier tout ça" rappelle-t-il.
D’autant que pour Guillaume Rossignol, son réseau a prouvé, et plutôt deux fois qu’une, sa résilience. "Durant la crise sanitaire, j’ai été impressionné par la résilience du réseau. Accueillir chez soi, c’est ouvrir sa porte pendant quatre à six semaines. Avec le Covid, l’enjeu était à plein temps, pendant plusieurs mois, avec des principes sanitaires etc. Et le réseau a été extraordinaire. Il s’est évertué partout à poursuivre les accueils qui étaient déjà en cours. A maintenir le lien avec les personnes isolées. Cela a fatigué le réseau bien sûr. Mais paradoxalement, la situation ukrainienne remoblise, redonne un sens à rouvrir sa porte" conclut-il.
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