Il ne s'agit que d'estimations, mais les chiffres suivants donnent une bonne idée de cette hémorragie. L’Irak ne compterait plus que 200.000 chrétiens contre 1,3 million en 2003, avant le renversement de Saddam Hussein par les Etats-Unis. Ces chrétiens de Bagdad, de Bassorah et de la plaine de Ninive dans le Nord de l’Irak ont fait les frais de cette guerre avant de fuir les persécutions de Daech.
En Syrie, l’exode est également massif. Avant la guerre en 2011 on recensait 1,2 million de chrétiens, soit 8 à 10% de la population syrienne. Aujourd’hui il en reste moins de 500.000 dans tout le pays. Des chrétiens qui étaient particulièrement présents dans dans la vallée du Khabour comme l’explique sur RCF Tigrane Yégavian, auteur du livre "Minorités d’Orient. Les Oubliés de l’histoire" (éd. du Rocher).
Avant le début de la guerre civile, il y a neuf ans, cette région comptait 20.000 Assyriens, une minorité chrétienne d’Orient. Ils ne seraient aujourd’hui plus qu’un millier. La majorité d’entre eux a fui face à l’avancée de Daech en 2015. L’invasion turque en octobre dernier a contraint la plupart des autres à l’exil. Un exil des communautés chrétiennes qui touchent aussi les territoires palestiniens.
En Palestine, on recensait il y a 40 ans environ 10% de chrétiens. Aujourd’hui, ils représentent seulement 0,5% de la population de ce territoire. A Bethléem, la ville de naissance du Christ, les chrétiens constituaient 85% de la population dans les années 50. Aujourd’hui ce taux est tombé à 15%. Des chrétiens qui se retrouvent aujourd’hui entre le marteau et l’enclume le précise Tigrane Yégavian.
Insécurité, persécutions, situation économique et sociale. D’un pays à l’autre de la région, les causes de cet exil varient. Les chrétiens d’Irak, de Syrie de Turquie trouvent refugent en Suède, au Canada, et dans une moindre mesure en France. Selon les chiffres de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, les demandes venant d’Irak s’élevaient à 2.155 en 2015, pour redescendre à 1.574 en 2018, puis environ 900 en 2019. Selon le ministère de l’Intérieur, ils sont "plus de 7.500 Irakiens appartenant à des minorités religieuses persécutées" à avoir "été accueillis" à ce titre en France.
Ce qui est certain, c’est que ces chrétiens d’Orient, même s’ils constituent une minorité, ont un rôle à jouer pour dessiner l’avenir de cette région. Les diasporas s’organisent depuis l’étranger pour faire entendre la voix de leurs communautés opprimées en Orient et pour défendre leurs droits à une existence sur leur terre ancestrale. L’avenir se joue aussi sur le terrain. Mais cette participation réelle et active ne doit pas passer par une posture victimaire, comme le rappelle Tigrane Yégavian, qui préfère d’ailleurs parler de minorités d’Orient plutôt que de "chrétiens d’Orient". Pour lui, il s'agit d'"un terme d’importation" qui masque le caractère autochtone de ces populations.
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