Anne-Gaël Guiol de la Fondation Falret nous parle de l'entraide en santé mentale.
Folie ordinaire, agir pour notre santé mentale, une chronique à écouter chaque lundi sur RCF.
Car on est heureux de ce soutien pour surmonter certains obstacles de la vie ! Les liens sociaux et l’amitié jouent d’ailleurs un rôle bénéfique pour notre santé. Différentes études ont mis en avant un lien entre de fortes relations sociales et un niveau bas de stress et d'anxiété avec un renforcement de notre capacité à supporter la douleur ! Cette puissance du lien, on la retrouve aussi en santé mentale avec la pair-aidance, c’est-à-dire le soutien entre des personnes vivant ou ayant vécu une expérience de maladie ou de handicap psychique.
Être pair, c’est être semblable, c’est partager des caractéristiques et des situations de vie similaires, comme vivre avec un problème de santé mentale. Évidemment, chaque situation est unique mais il y a des points communs dans lesquels les personnes se retrouvent. En particulier, quand elles subissent la stigmatisation et l’exclusion. Expérimenter la pair-aidance peut être libérateur, avec un nouveau regard à la clé, celui qui fait dire : je ne suis plus seul, d’autres traversent cela, il y a donc de l’espoir pour moi.
Tout d’abord l’entraide améliore l’état de santé individuel. Se reconnaître dans les difficultés affrontées par d’autres, espérer trouver à son tour un équilibre de vie satisfaisant, c’est un puissant moteur de rétablissement. Cela aide à s’émanciper d’un statut de personne malade aidée pour reprendre le contrôle sur son parcours de soin et de vie. Ces effets se répercutent aussi sur la société ; ils contribuent à ce que la voix et le droit des personnes malades ou en situation de handicap, soient pris en compte : ne faites rien pour nous sans nous. On parle d’empowerment, de reprise du pouvoir d’agir dans une société qui a longtemps décidé à la place des personnes concernées.
De plus en plus ! Les pairs-aidants s’avèrent complémentaires des professionnels ; et leurs interventions ont des bénéfices pour tous ! Par exemple, grâce à leurs savoirs liés à l’expérience de la maladie et du rétablissement, ils facilitent la compréhension soignant-soigné et donc la qualité des soins. Une Licence Universitaire permet d’ailleurs désormais de valider le titre de médiateur santé pair et vient renforcer la reconnaissance de leur expertise.
On peut la vivre à travers une rencontre dans des services de santé mentale, des organisations militantes ou sur des réseaux sociaux. On peut aussi intégrer un collectif tels les groupes d’entraide, de partage ou les associations de personnes concernées ; je pense à La maison perchée par exemple ou les club House. Il existe aussi des Groupes d’Entraide Mutuelle un peu partout en France. Un grand nombre de ces GEM s’adresse spécifiquement aux personnes en situation de fragilité psychique, souvent isolées. Ces groupes soutiennent la restauration des liens sociaux et l’exercice de la citoyenneté. "Le Groupe d’Entraide Mutuelle, dit un adhérent, c’est le partage et la rencontre, la possibilité de prendre confiance en soi. De ne pas rester inactif, d’être solidaire et d’apporter aux autres".
Une chronique en partenariat avec la Fondation Falret, une fondation reconnue d'utilité publique, fondée en 1841 par le psychiatre français Jean-Pierre Falret; elle accompagne des personnes souffrant de troubles psychiques et/ou en difficultés psychosociales afin qu’elles trouvent leur place dans la société et exercent pleinement leur citoyenneté.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !