JavaScript is required

Présidentielle 2022 : comment votent les électeurs catholiques ?

Un article rédigé par Clara Gabillet - RCF, le 20 avril 2022 - Modifié le 22 avril 2022
Le dossier de la rédactionPrésidentielle 2022 : comment votent les électeurs catholiques ?

Pour qui voteront les catholiques français au second tour de l’élection présidentielle dimanche ? Difficile de formuler une seule et unique réponse face à cet électorat très éclaté. Certains catholiques sont de plus en plus tentés par l’extrême-droite. 

 Corinne SIMON/CIRIC Corinne SIMON/CIRIC

C’est un choix presque cornélien pour certains fidèles. Pour qui voter entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen ? "Entre deux maux, il faut choisir le moindre et ce sera Emmanuel Macron, souffle Isabelle, à la sortie de la messe à l'église Saint-Jacques le Majeur à Montrouge près de Paris. Le repli sur soi et l'égoïsme, ça n’est pas compatible avec la foi chrétienne." Une autre fidèle a déjà fait son choix pour dimanche. Ce sera Marine Le Pen comme au premier tour, pour faire barrage à Emmanuel Macron. Séverine, quant à elle, n'est pas encore décidée. "Pour moi le plus important c’est la préservation de la vie. Macron, ça on sait qu’il est pour l’euthanasie et la prolongation de l’avortement. Marine Le Pen, j’ai l’impression que ce n’est pas très clair dans son positionnement donc je ne vois pas trop qui est le pire", confie cette fidèle. 

 


Second tour de l'élection présidentielle : soirée spéciale sur RCF

Dimanche 24 avril, suivez en direct la soirée électorale sur RCF. De 19h45 à 22h, les rédactions locales et nationale se mobilisent. Découvrez les témoignages de personnalités engagées sur les sujets essentiels du prochain quinquennat : pouvoir d'achat, sécurité, emploi, retraites, immigration, laïcité, climat...*

> En savoir plus


 

Des catholiques pratiquants qui penchent de plus en plus à droite

 

Tous les catholiques ne se mobilisent pas pour les mêmes raisons. Mais selon un sondage IFOP pour La Croix, datant de la semaine dernière, leur vote se porte majoritairement entre le centre-droit et l’extrême droite. 29 % des catholiques interrogés ont voté Emmanuel Macron au premier tour, 27 % pour Marine Le Pen. 14 % ont voté Jean-Luc Mélenchon et 10 % pour Eric Zemmour.

 

Il reste néanmoins important de préciser que tous les catholiques ne votent pas en fonction de leurs convictions religieuses. Mais selon les études sociologiques, plus un catholique est pratiquant, plus il pense la politique à partir de celles-ci. Et chez les fidèles catholiques pratiquants, le vote qui allait jusqu’alors majoritairement à la droite traditionnelle, de gouvernement, se transforme en un vote un peu plus radical, qui tend vers les extrêmes. "C’est bien le signe que toute une partie de l’électorat catholique pratiquant a basculé dans un rapport relativement contestataire aux institutions politiques. On sort d’une période de crise qui a mis à l’épreuve la confiance des Français dans les institutions", analyse Yann Raison du Cleuziou, politologue, spécialiste de la sociologie politique du catholicisme. 

 

Un certain nombre de catholiques pratiquants sont convaincus que le christianisme n’est pas qu’une spiritualité et ils ont donc trouvé chez Eric Zemmour un discours qui correspondait à leurs convictions

 

Une chose s’est révélée plus forte que dans la moyenne nationale au premier tour : le vote en faveur d’Eric Zemmour. Il s’élève à 16 % chez les catholiques pratiquants réguliers. Au niveau national, le candidat d’extrême-droite a récolté 7,1 % des suffrages. "Il pense le christianisme comme la matrice essentielle de la civilisation occidentale et il pense donc que celle-ci ne peut qu‘entrer en décadence si elle perd la mémoire de ce substrat chrétien. D'autant plus que le déclin du christianisme serait accompagné d’une montée en puissance de l’islam. Eric Zemmour opère un cadrage très religieux des problèmes politiques. Or un certain nombre de catholiques pratiquants sont convaincus que le christianisme n’est pas qu’une spiritualité et ils ont donc trouvé chez Eric Zemmour un discours qui correspondait à leurs convictions”, explique Yann Raison du Cleuziou. Chez les catholiques moins pratiquant, le vote en faveur de l’extrême droite est moins marqué.

 

Les catholiques de gauche existent-ils toujours ?

 

L’électorat de gauche existe toujours chez les catholiques même s'il semble moins audible que celui de droite. "On a affaire à un pôle qui demeure à gauche, avec des personnes qui relèvent de classes d’âge assez âgées et qui persistent à développer leur tropisme de gauche. Mais il y a également quelques jeunes qui se manifestent autour de groupes de réflexion visant à faire évoluer l’Eglise", affirme Philippe Portier, sociologue spécialiste du catholicisme. 

 

Pas de consigne de vote des évêques

 

Il s'agit donc d'un électorat très éclaté et relativement peu guidé par les évêques de France. La conférence des évêques de France (CEF) s'est contentée d’appeler à voter en conscience et s’en tient à la liberté de chaque fidèle. "Les conseils de l’épiscopat auraient aujourd'hui du mal à être reçus du fait que l’Eglise catholique se trouve aujourd'hui frappée de décroyance, du fait qu’elle a pu avoir, c’est ce que le rapport Sauvé a révélé, une attitude en contradiction avec ses propres principes pour ce qui concerne la gestion des affaires de pédophilie, commente Philippe Portier. C’est difficile quand on est dévalué moralement de prendre position sur des grands principes."

 

Un collectif a appelé mardi dans une tribune publiée dans le journal La Croix à ne pas s’abstenir face à Marine Le Pen et donc à voter pour Emmanuel Macron. Les signataires, parmi lesquels Marie Derain de Vaucresson, condamnent le repli sur soi et le projet de la candidate d'extrême-droite, "inacceptable pour la foi chrétienne"

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.

RCF
toujours dans
ma poche !
Téléchargez l'app RCF
Google PlayApp Store
logo RCFv2.14.0 (21796db) - ©2024 RCF Radio. Tous droits réservés. Images non libres de droits.