Le procès du cardinal Joseph Zen s'est ouvert ce lundi. À 90 ans, l'évêque émérite de Hong Kong comparaît en raison de ses activités en faveur de la démocratie. La grande discrétion du Vatican sur ce procès se fait remarquer dans un contexte diplomatique bien particulier. L'accord sur la nomination des évêques chinois par Pékin avec l’aval de Rome doit en effet arriver à échéance le mois prochain.
Ce lundi 19 septembre, le procès du cardinal Joseph Zen et de cinq autres militants pro-démocratie, s’est ouvert à Hong Kong. À 90 ans, l’évêque émérite de la ville comparaît "dans le cadre de ses activités qu’il a eues en 2019 et 2020 aux côtés des manifestants pour la démocratie à Hong Kong", explique Thomas Oswald journaliste à L’Aide à l’Église en détresse (AED). Des manifestations qui, on s’en souvient, avaient fortement mobilisées les habitants de Hong Kong, surtout des jeunes et de nombreux catholiques. Plus spécifiquement, ce qui est reproché au cardinal Zen est d’avoir "participé à un fonds d’aide aux personnes qui étaient arrêtées". Un fonds destiné à couvrir leurs frais d’avocat ou de santé.
En mai dernier, le cardinal Zen avait été arrêté dans une rafle éclair puis libéré sous caution avec quatre autres personnes. Le Saint-Siège avait exprimé son "inquiétude" et affirmé "suivre de très près l’évolution de la situation". Mais le Vatican a depuis gardé le silence. Un mutisme qui s’expliquerait par les négociations en coulisse au sujet de l’accord sur la nomination des évêques chinois par Pékin avec l’aval de Rome.
L’accords entre le Vatican et le parti communiste chinois doit arriver à échéance en ce mois d’octobre 2022. Or, "le Vatican tient beaucoup à ces accords, à normaliser ses relations avec le parti communiste", précise Thomas Oswald. En Chine, il existe aussi une Église clandestine : l'accord entre le parti communiste chinois et le Vatican peut donner "le sentiment que l’Église clandestine est laissée à elle-même parce qu’on essaie de composer avec le parti", admet Thomas Oswald. "Le curseur est très difficile à placer entre le moment où on va se compromettre avec le parti et le moment où on va fermer le dialogue..."
Véritable ligne de crête, la politique diplomatique du Vatican à l'égard de Pékin divise au sein même de l’Église. Parmi les voix qui se sont élevées, celle de l’ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Gerhard Müller. Il a récemment laissé entendre que le cardinal Zen avait été "sacrifié sur l’autel de la raison d’État".
Ce procès fera-t-il taire le cardinal Zen ? "Il est connu pour ses prises de parole sans concession à l’égard du régime communiste de son pays." Il ne risque pourtant pas la prison, plutôt "une amende assez forte", estime Thomas Oswald. Selon lui, il y a dû y avoir, "début septembre, des accords entre le Vatican et le parti communiste chinois, pour dire qu’on n’allait pas le mettre en prison".
Reste que les autorités chinoises auront sans doute avec ce procès gagné un combat. Même si ce n’est qu’une peine symbolique, ça reste "grave" et "embêtant qu’un procès de ce type-là puisse se tenir", commente Thomas Oswald. "Le parti communiste chinois fait passer le message que participer à fonds ou à des manifestations est puni par la loi." Quant aux catholiques chinois et hong-kongais, le signe envoyé n'est "pas très encourageant".
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