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Projet de loi sur la fin de vie : les religions dénoncent "une rupture de civilisation"

Un article rédigé par Etienne Pépin - RCF, le 25 avril 2024 - Modifié le 29 mai 2024
L'actu chrétienneProjet de loi sur la fin de vie : les religions dénoncent "une rupture de civilisation"

Les représentants des cultes ont été auditionnés le 24 avril 2024 à l’Assemblée Nationale par la commission spéciale sur le projet de loi sur la fin de vie. Ils ont tous alerté sur les conséquences d’une "aide à mourir" qui risque d’ouvrir à l’euthanasie et au suicide assisté. Ils ont tous appelé au développement des soins palliatifs par la loi Claeys-Leonetti encore mal appliquée. 
 

Service gériatrie à l’hôpital Saint Camille de Bry Sur Marne © Aline Morcillo / Hans LucasService gériatrie à l’hôpital Saint Camille de Bry Sur Marne © Aline Morcillo / Hans Lucas

Catholiques, protestants, orthodoxes, musulmans et bouddhistes, représentés  ce mercredi 3 avril à l'Assemblée Nationale, sont unanimes. Tous, ils dénoncent un projet de loi qui représente une "rupture de civilisation". Après cette audition, Mgr Pierre d’Ornellas a répondu à nos questions, il est responsable du groupe de travail "Bioéthique" de la conférence des évêques de France.

 

Avoir l’intention d’apaiser sans vouloir donner la mort même si on va jusqu’à la sédation profonde et continue jusqu’à la mort, c’est radicalement différent de l’intention de donner la mort.

 

Laisser mourir ou faire mourir ?

Ce mercredi lors d'une audition à l'Assemblée Nationale par la commission spéciale sur le projet de loi sur la fin de vie, les représentants des religions ont exprimé leurs inquiétudes quant aux effets sociaux du projet de loi sur la fin de vie qui prévoit une "aide à mourir". Pour Mgr d’Ornellas, il est essentiel de faire la distinction entre "le laisser mourir et le faire mourir". Il interroge la notion d’intention "avoir l’intention d’apaiser sans vouloir donner la mort même si on va jusqu’à la sédation profonde et continue jusqu’à la mort, c’est radicalement différent de l’intention de donner la mort."

Les évêques ont rappelé que "la dignité d’une société humaine consiste à accompagner la vie jusqu’à la mort et non à faciliter la mort". A ce titre, Mgr d’Ornellas interroge le rôle des familles autour des personnes en fin de vie, il regrette que "bien souvent les soignants n’ont pas le temps ni les moyens d’accompagner les familles, on ne leur explique pas ce qui se passe pour leur proche, la souffrance des familles n’est pas accompagnée." D’ailleurs, seuls 20% des patients en fin de vie sont accompagnés par leurs proches.

Notre modèle de société en danger ? 

Les religions l’ont répété hier, le projet de loi sur la fin de vie "fragilise les liens familiaux et communautaires et encourage une vision individualiste de la fin de vie". Pour Mgr d’Ornellas, puisant dans l’encyclique Laudato si, l’être humain est un être de relation, l’humanité est un écosystème qu’il ne faut pas déstabiliser.

"Donner la mort fragilise cet écosystème" explique le responsable du groupe de travail "Bioéthique" de la conférence des évêques de France, la relation entre les êtres humains est tellement forte, qu’ils forment entre eux un écosystème qui ne peut exister que quand on commence à prendre soin des plus fragiles."

Dans ce contexte les religions sont-elles encore entendues par notre société et les élus de la république ? Pour Mgr d’Ornellas "il faut arriver à considérer l’être humain avec plus de profondeur. L’ être humain cherche un sens à sa vie, à la mort, à l’amour. La sagesse des religions sera toujours écoutée." Les évêques rappellent que "nul n’est l’exclusif propriétaire de sa vie, ses décisions comptent également pour les autres. La fraternité existe donc pour tisser des liens de vie et non pour arrêter la vie."
 

La relation entre les êtres humains est tellement forte, qu’ils forment entre eux un écosystème qui ne peut exister que quand on commence à prendre soin des plus fragiles.

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