La COP27 sur le climat s’est ouverte dimanche 6 novembre à Charm el-Cheikh, en Égypte. Pendant 15 jours, les représentants des 193 pays signataires de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques se réunissent pour évoquer les enjeux climatiques. Créées en 1995 à Berlin, les COP ont lieu chaque année, mais le temps a montré que les mesures prises ne se concrétisaient pas nécessairement. Que peut-on attendre de cette vingt-septième édition ?
Du 6 au 18 novembre se tient la COP27 à Charm el-Cheikh, en Égypte. Il s'agit de la conférence internationale de l'Organisation des Nations unies. Pour vous tenir informés de l'actualité de cet événement, RCF se mobilise et vous propose une programmation spéciale.
Une COP (Conférence des Parties) est la réunion des représentants gouvernementaux de plus de 200 États, mais aussi de nombreux autres acteurs issus d’organismes privés ou d’ONG. Ce sommet mondial a lieu chaque année. L’objectif est de fixer des objectifs climatiques pour l’année à venir et, depuis les accords de Paris en 2015, de faire un point sur les pertes et dommages. Les sujets abordés sont les efforts d’adaptation au changement climatique et les réparations des pays riches aux pays en voie de développement. Chaque pays arrive avec ses priorités, et c’est la notion d’équité qui prime.
Les COP précédentes ont montré que les États peinaient à mettre en place les mesures prises. Aujourd’hui, on constate que les décisions ont été faibles en dépit de l’engagement des Accords de Paris. Les États devaient œuvrer à limiter le réchauffement climatique à +1,5°C par rapport au début de l'ère industrielle. Or la trajectoire actuelle mène plutôt aux alentours de trois degrés, ce qui alarme quant à nos modes de vie. Les huit années écoulées entre 2015 et 2022 ont été les plus chaudes jamais enregistrées.
En 2021, après une année qui semblait avoir tout mis en pause à cause du Covid, la COP26 de Glasgow cristallisait les espoirs. Si les intervenants reconnaissent quelques faibles avancées, elles n’ont cependant pas permis de combler l’écart des températures. Les résultats concrets sont "faibles et décevants", avance Aurore Mathieu du Réseau Action Climat depuis Charm el-Cheikh.
86% des Français se disent préoccupés par le changement climatique, rappelle Françoise Vimeux, climatologue et directrice de recherche à l’Institut de Recherche pour le développement. Les discussions et divisions sont nombreuses, mais la prise de conscience existe. Les récents événements, en France comme dans l’hémisphère sud, alertent sur l’urgence. Aurore Mathieu est déterminée : "les changements climatiques deviennent une urgence concrète pour tout le monde, on attend maintenant que les décideurs politiques prennent acte". Pour elle, les COP ont une importance symbolique et politique indéniable, et il est crucial que les ONG et les acteurs non-étatiques fassent entendre leur voix.
Françoise Vimeux se dit quant à elle impatiente : "les enjeux d’atténuation sont nombreux, j’ai hâte que les discussions entre les pays du Nord et du Sud progressent". Le rapport du GIEC a lui aussi rappelé les impacts du dérèglement climatique, les défis d’adaptation et les défis d’atténuation contemporains. Cette année aussi, le rôle des citoyens est grandissant. Les militants ne comptent pas rester sur la touche.
"On doit leur mettre la pression", souligne Adrien Estève, enseignant-chercheur à Sciences Po Paris et spécialiste de politique environnementale. Les militants attendent beaucoup du discours d’Emmanuel Macron qu'il doit prononcer cet après-midi à 15h30 (lundi 7 novembre 2022). La France doit avoir l’action la plus ambitieuse possible, et les Français doivent agir à leur échelle. Françoise Vimeux rapporte que les actions individuelles peuvent compter pour 25% de la réduction de nos émissions. Chacun a un "vrai rôle à différentes échelles. Personne n’est totalement déconnecté".
Une COP sponsorisée par Coca-Cola, la guerre en Ukraine, les élections au Brésil ou le récent rapport du GIEC multiplient les enjeux de cette COP et soulèvent des incohérences. Adrien Estève estime que la relance du leadership américain se confirme, et que les pays du Sud sont davantage demandeurs pour leurs dédommagements économiques. Pour lui, pas de place à la résignation : "ce sont des espaces importants où l’on doit mettre la pression sur les politiques". Aurore Mathieu souligne l’importance de "ne pas laisser l’espace qu’aux entreprises privées qui privilégient le statu quo".
"Les trajectoires actuelles laissent croire que nous atteindrons +2,8 degrés d’ici la fin du siècle", souligne Françoise Vimeux. Selon elle, on en attend peut-être trop de ces COP, qui "ne peuvent pas être à l’avant-garde des propositions des pays". Adrien Estève rappelle la place majeure de la finance dans le débat, notamment vis-à-vis des pays du Sud. Les pays riches sont les plus responsables du changement climatique et doivent dédommager les autres. Aurore Mathieu estime que la "confiance a été brisée sur la question des pertes et dommages". Si les entreprises adoptent de plus en plus de stratégies climatiques, il faut se méfier du greenwashing.
Le travail sur l’adaptation et les objectifs sectoriels pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre sont des points clés de cette COP. Le sommet vise à réfléchir à notre dépendance aux énergies fossiles. En France, des initiatives locales existent mais il y a un manque de cohérence à l’échelle nationale. Les États-Unis semblent bien s’en sortir sur le plan de l’adaptation : face aux cyclones, leurs infrastructures se sont montrées efficaces. Mais elles se font aussi le miroir des profondes inégalités avec les pays du sud.
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