"Nous savons le prix des secondes, des minutes et des mois passés à discutailler sur la croissance verte, l’avion à hydrogène ou la virilité conférée par la consommation de viande." À l'occasion de l'ouverture de la COP27, Stacy Algrain se désole de notre attentisme collectif face au dérèglement climatique.
Du 6 au 18 novembre, se tient la COP27 à Charm el-Cheikh, en Égypte. Il s'agit de la conférence internationale de l'Organisation des Nations unies. Pour vous tenir informés de l'actualité de cet événement, RCF se mobilise et vous propose une programmation spéciale.
Vous savez quoi ? Ce matin, j’envoie valser les codes de l’élite culturelle. Moi, c’est de l’idole des jeunes et aussi celle de mon père dont je veux vous parler…
J'ai tout fait contre
J'ai rien fait pour
J'ai joué la montre
J'ai perdu mon tour
On pourrait voir là l’expression de mon rêve de gosse de chanter en live à la radio mais même si je compte bien raconter à mes petits-enfants que mamie était une rockstar, ce n’est pas vraiment de ça dont il s’agit… Alors pourquoi vous réveiller en musique ? Déjà parce que ça met de bonne humeur et un lundi, ça ne peut pas faire de mal, puis surtout parce qu’en me replongeant dans les musiques de notre Johnny national, ma playlist m’a guidé vers ce titre : “L’attente”.
Justement, à l’approche de cette COP27 en Égypte, tout le monde n’a plus que ce mot à la bouche : l’attente. Attendre des engagements ambitieux pour répondre à l’urgence climatique. Attendre un gros chèque pour les plus touchés qui se trouvent être aussi les moins responsables. Parfois même, attendre le respect des droits humains… mais passons. Collectivement, nous passons notre vie à attendre. Petit déjà, on attendait 16h pour le goûter. Au lycée, c’est la réponse de notre crush à un SMS qui nous faisait languir. Début de carrière professionnelle : l‘augmentation, la promotion… la retraite… On pense toujours que ce moment sera décisif, qu’après ce sera mieux et que tout ce qui en découlera justifiera largement l’attente… Le goût du chocolat ou d’un baiser sur nos lèvres, l’argent sur le compte en banque ou l’ennui à loisir…
Pourtant on dit que la patience est mère de toutes les vertus. Une chose est sûre, celui qui a écrit ça, ne l’a pas fait en ayant en tête la question climatique. Normal vous me direz, puisque l’auteur n’est autre que Clément Marot, poète français du XVe siècle. Un poil trop tôt pour lire le rapport Meadows et ceux du Giec ou pour se faire remonter les bretelles par une militante écolo. Mais aujourd’hui, nous savons. Oui, nous savons le prix des secondes, des minutes et des mois passés à discutailler sur la croissance verte, l’avion à hydrogène ou la virilité conférée par la consommation de viande. Nous savons et pourtant, nous oublions que nos “toujours” se font au prix des “jamais” à l’autre bout de la France ou du monde.
Comptons nos COP. 1 à 27. Ce sera toujours plus simple à suivre que les hectares cramés de l’Amazonie ou les 216 millions de migrants climatiques prévus par la Banque mondiale en 2050 si nous continuons à attendre… Encerclés par les flammes, le bon sens perdu et l’amour du rock’n roll, ne devrait pourtant pas nous faire oublier qu’après l’avoir allumé, il nous faudra bien l’éteindre ce feu.
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