Il y a un an, la terre tremblait violemment dans la région d’Antioche, en Turquie. Le séisme avait fait 53 000 morts et plus de 700 000 sinistrés. Le président Erdogan s’est rendu, samedi 3 février, sur place. Si Antioche est un haut lieu du christianisme, les chrétiens sont extrêmement minoritaires aujourd'hui en Turquie. Les précisions de Tigrane Yégavian, chercheur au Centre français sur le renseignement.
Il y a un an, la terre tremblait violemment dans la région d’Antioche, en Turquie. Le séisme avait fait 53 000 morts et plus de 700 000 sinistrés. Le président Erdogan s’est rendu, samedi 3 février, sur place. Si Antioche est un haut lieu du christianisme, les chrétiens sont extrêmement minoritaires aujourd'hui en Turquie.
La ville d’Antioche est connue pour être l’un des berceaux du christianisme des premiers siècles. "C’est là, pour la première fois que les disciples du christ furent appelés” chrétiens” explique le père Jean-Marie Humeau, l’un des vicaires épiscopaux de l’ordinariat des catholiques des Églises orientales résidant en France. Et pourtant il ne reste plus beaucoup de chrétiens aujourd’hui en Turquie. Leur nombre a été réduit à peau de chagrin depuis la fin du XIXème siècle et le génocide du début du XXème siècle. En 1915, à l’initiative du gouvernement des « jeunes turcs », plus de 2 millions de personnes ont été assassinées dans le territoire géographique de l’actuelle Turquie. Les 2/3 des communautés arméniennes et la moitié des assyro-chaldéens et syriaques ont été décimées. Tigrane Yégavian est chercheur au Centre français sur le renseignement. Il rappelle que "la proportion des chrétiens en Anatolie au début du XXe siècle était d'environ 35%. il y avait à peu près 2,5 millions d'Arméniens, 1 million de Grecs, il y avait des Chaldéens, des Syriaques, des catholiques. Aujourd'hui, ils ne sont qu'une poignée, il y a à peu près 60-65 000 Arméniens. Ils ne sont plus qu'un millier de Grecs à Constantinople, qui est quand même leur berceau."
Aujourd'hui, on compte environ 100 000 chrétiens, sur 84 millions d’habitants, soit moins de 0,5 % de la population de la Turquie, très majoritairement sunnite.
"Les chrétiens de Turquie n'ont pas tous le même statut" explique Tigrane Yégavian. "Ils se composent en deux catégories: les ressortissants de la République de Turquie, arméniens et grecs, qui héritent des droits des minorités accordés par les dispositions du traité de Lausanne de 1923. Ils ont leur propre école, leur propre patriarche. Tigrane Yégavian déplore qu'ils soient malgré cela, " au quotidien, soumis à un discours haineux, discriminatoire, extrêmement virulent dans les médias turcs nationalistes. Parmi les autres chrétiens, il y a les chaldéens qui n'ont pas les mêmes droits, mais dont le nombre croît du fait de l'immigration des chrétiens venus d'Irak et qui transitent par Istanbul en attendant un visa pour partir en Europe ou en Amérique. Et puis après, il y a les descendants des chrétiens latins qui ont gardé leur confession catholique et enfin les expatriés."
Tigrane Yégavian compare les chrétiens de Turquie aux chrétiens d'Iran.
Les chrétiens de Turquie n'ont jamais été intégrés dans l'espace public. Malgré le fait que l'on parle d'un pays laïc, sécularisé, ils n'ont jamais fait partie de la société. Ils ont toujours été considérés comme des minorités, avec un statut complètement infériorisé.
"Le cas de la Turquie est très parlant. On parle vraiment d'un génocide parachevé par plusieurs processus d'expropriation, de spoliation, de toutes sortes de vexations. L'un des baromètres de leurs conditions, c'est de savoir de quelle manière ils sont traités par les interlocuteurs de l'État turc."
A l’occasion de son voyage en Turquie, il y a 10 ans, le pape François avait rappelé au président turc Recep Erdogan son devoir de protéger la liberté religieuse en accordant «les mêmes droits» à tous les citoyens, quelle que soit leur confession.
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