Dimanche dernier, Patrice Douret, le président de l'antenne nationale des Restos du Coeur, envoyait un appel à l'aide. Sans soutien rapide et conséquent, la structure pourrait fermer ses portes sous trois ans. Cette année, déjà, le nombre de personnes accueillies sera revu à la baisse, faute de moyens. Près de 150 000 personnes pourraient être privées de cette aide précieuse. Une situation générale qui traduit les difficultés rencontrées aussi dans les Pays de Savoie.
Hausse du prix de l'énergie, de l'alimentaire, du carburant... Depuis l'an dernier, les Français sont de plus en plus nombreux à finir leurs mois à découvert. "On accueille des familles qu'on ne voyait pas avant" confirme Stéphanie Aléo, présidente de l'association en Savoie. "Des familles qui ont un emploi, mais qui n'y arrivent plus. Certains arrêtent de se chauffer pour manger".
Conséquence directe, le nombre de bénéficiaires à augmenter de 22% en un an pour atteindre aujourd'hui les 5 000 personnes dans le département.
À ce rythme-là, les Restos du Coeur ne peuvent plus suivre, eux aussi éprouvés par la hausse du prix de la vie. "Les coûts de fonctionnements sont énormes et la trésorerie n'est pas bonne. L'appel à l'aide du président national est réel" regrette Stéphanie Aléo.
Créée en 1985 par Coluche, l'association est un secours pour les bénéficiaires, une institution pour la société.
Rapidement, l'Etat a promis une enveloppe exceptionnelle de 15 millions d'euros. Bernard Arnault, deuxième fortune mondiale et sa famille se sont engagés à verser 10 millions d'euros. Les bleus du foot envisagent "un don significatif" tout comme de grandes marques de l'énergie ou de l'alimentation.
C'est un crève-coeur de refuser des bénéficiaires
Une chaîne de solidarité qui ne manque pas de toucher la présidente des Restos du Coeur en Savoie même si, elle le craint, cela ne suffira pas tant le problème est profond.
"On espère que ces aides vont nous aider à ne pas mettre la clef sous la porte, mais tout ne va pas se résoudre d'un coup de baguette magique" commence-t-elle. "Avec cet argent, on pourra peut-être fournir plus de repas, mais comment va-t-on accueillir les bénéficiaires de manière digne ? On ne pourra pas pousser les murs, ça pose d'autres questions encore".
En Savoie, les besoins sont similaires à ceux d'autres antennes du réseau : il faut des fonds, des denrées alimentaires, mais aussi des bénévoles.
"Ce n'est pas forcément pour la distribution ou les permanences" explique Stéphanie Aléo. "Il faut qu'on mène plus d'actions, pour faire rentrer plus d'argent. Donc on cherche des bénévoles pour nous aider dans la prospection, la création de manifestations pour lever des fonds".
Des besoins urgents, car dans les antennes locales, on le sait, il y aura une inertie entre les promesses de dons et leur arrivée sur le terrain, plus les bonnes volontés sont nombreuses, moins les mois à venir seront compliqués.
Pour autant, la présidente de l'association en Savoie reste lucide, il faudra, ici aussi, sans doute choisir qui aider. "On va continuer à aider beaucoup de monde" relativise-t-elle, "mais il y a peut-être des gens qui sont limite au niveau des barèmes et qu'on devra refuser. C'est un crève-cœur pour nous".
Une braderie solidaire le 8 octobre
Pour lever des fonds et permettre à l'association d'aider le plus grand nombre de bénéficiaires, les Restos du Coeur de Savoie organisent une grande braderie, le 8 octobre prochain, au siège de l'association, rue Paul Girod, à Chambéry.
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