Vendée
Offrir des fleurs, le jour de la Saint Valentin est une tradition pour de nombreux Français. Mais choisir des roses, par exemple, pour un bouquet comporte une face beaucoup moins séduisante en raison de l'omniprésence de pesticides dans les fleurs selon plusieurs études.
En 2023, 1,4 million de foyers ont acheté des fleurs pour la Saint Valentin le 14 février Dans les deux tiers des cas, c’était pour des roses, selon une étude Kantar pour Valhor et FranceAgriMer. Le succès de la fleur symbole de l’amour ne se dément pas, mais pourtant le mois de février ce n’est pas du tout la saison des roses.
Conséquence, elles proviennent majoritairement de l'étranger. "Le marché de la fleur coupée en France est à 85 % composé de fleurs importées" précise Florent Moreau, président de Valhor, l’interprofession du végétal et artisan fleuriste en Vendée. En 2023, les roses représentaient 40 % de l'ensemble des fleurs coupées importées en France. Ces fleurs ont un bilan carbone négatif puisqu’elles parcourent des milliers de kilomètres entre le lieu de production et le vase. Elles viennent en grande partie du Kenya, très grand exportateur mondial de fleurs, mais aussi d’Éthiopie, d’Équateur ou de Colombie."Or, ces fleurs sont cultivées de façon intensive avec des produits phytosanitaires. En particulier des pesticides interdits en France" souligne Claire Bourasseau, responsable du service victimes au sein de l’association Phyto-victimes.
Ces pesticides se retrouvent dans l’environnement local, mais aussi dans les fleurs importées. Selon une enquête publiée ce vendredi par le magazine Que Choisir, 100 % des bouquets testés contiennent des résidus de pesticides, avec jusqu’à 46 substances différentes détectées sur un même bouquet. En 2019, une étude menée par des chercheurs de l’université de Liège, dévoilait la présence de 70 molécules différentes sur un total de 42 échantillons d'urine chez des fleuristes. En octobre 2024, la justice a reconnu un lien entre la mort d'une jeune enfant et le métier de fleuriste de sa mère, en raison de l'exposition aux pesticides lorsqu'elle était enceinte. "Jusqu'à présent, on n'avait pas conscience que les fleuristes étaient aussi exposés aux pesticides. Nous recevons des témoignages, des fleuristes nous appellent pour nous dire qu'ils sont malades. Après les agriculteurs, on est peut-être au début de quelque chose. Mais pour l'instant, on manque encore de recul" indique Claire Bourasseau.
L'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) a récemment été chargée d'une première étude pour déterminer dans quelles mesures les fleuristes sont exposés à ces produits chimiques pour ce risque."Les fleurs ne sont pas destinées à la consommation humaine, éliminant ainsi tout risque sanitaire pour les clients et les fleuristes" affirme dans un communiqué publié vendredi, la Fédération française des artisans fleuristes. L’UFC que Choisir demande toutefois l’élargissement des recherches de l’ANSES, une réglementation stricte sur les résidus de pesticides dans les fleurs coupées et l’interdiction d’importer des fleurs traitées avec des pesticides interdits en Europe.
En attendant, pour faire un bouquet écoresponsable, il existe des alternatives. "Comme pour les fruits et légumes, il existe une saisonnalité des fleurs. En ce moment, on trouve la renoncule, la tulipe ou l’anémone par exemple. On s'aperçoit que nos clients, aujourd'hui, sont en demande" rappelle Florent Moreau. "Aujourd'hui, la filière travaille à relocaliser de la production de fleurs coupées via différents producteurs qui développent aujourd'hui de nouveaux modèles".
Avec ces fleurs de saisons, vous avez davantage de chance de faire travailler des producteurs français. Le label "Fleurs de France" certifie aussi une production française. Il est réservé aux végétaux produits par des horticulteurs et des pépiniéristes engagés dans une démarche éco-responsable.
Chaque matin à 7h10, les journalistes de RCF décryptent un sujet d'actualité en profondeur, dans la Matinale RCF.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !