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SE-UNSA 42 : "On a souvent le sentiment de donner des coups d'épée dans l'eau"

Un article rédigé par Marion Deygas - RCF Saint-Étienne, le 16 janvier 2024 - Modifié le 17 janvier 2024
L'invité de la rédaction (Saint-Etienne)La nomination d'Amélie Oudéa-Castéra vue par le SE-UNSA 42

A peine nommée, une polémique secoue l'entrée au gouvernement de la nouvelle ministre de l'Education nationale, Amélie Oudéa-Castéra. Alors que ses propos ont soulevé de nombreuses critiques, hier, les syndicats enseignants la rencontraient pour la première fois. Mathilde Point, la secrétaire générale du SE-UNSA 42, un syndicat enseignant ligérien, livre son ressenti sur la situation.

En moyenne, chaque année, 12 millions d'heures de cours sont perdues en raison du non-remplacement des professeurs absents / Pixabay. En moyenne, chaque année, 12 millions d'heures de cours sont perdues en raison du non-remplacement des professeurs absents / Pixabay.

En quelques heures, son visage a envahi les médias. Lors de son premier déplacement dans un collège dans les Yvelines, la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux-Olympiques et Paralympiques, Amélie Oudéa-Castéra a été interpellée sur la scolarisation de ses enfants dans un établissement privé. Cette information a été révélée par Médiapart qui parle d’un établissement “ultra-réac”. Devant les caméras, la ministre justifie le transfert de ses enfants du public vers le privé par une certaine “frustration” face “aux paquets d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées”. Ces propos ont provoqué un tollé dans le corps enseignant.

Mathilde Point, la secrétaire générale du SE-UNSA 42, affirme que la ministre “met le doigt sur quelque chose de très vrai” même si “probablement, les mots sont mal choisis." Elle poursuit : “On souffre terriblement du manque de remplacements des professeurs absents notamment dans le premier degré." Mais le choix du privé questionne la responsable syndicale sur la “confiance” et “l’ambition” accordée à l’école publique.

Un problème national ressenti de plus en plus dans la Loire

Au 4 septembre 2023, jour de rentrée scolaire, il manquait 3 163 professeurs à l’échelle nationale, selon les chiffres du ministère de l’Education nationale. Ce manque se ressent assez peu dans la Loire. Même si “On a une administration nationale qui n’arrive pas à nous remplacer quand on est malade”, appuie Mathilde Point qui parle d’une “réelle crise de l’attractivité du métier d’enseignant." Conditions de travail difficile, classes surchargées, départs fréquents… Le métier de professeur attire de moins en moins. La secrétaire générale du SE-UNSA 42 évoque des choix politiques avec “la création de postes classe pour créer les CP-CE1 dédoublées” qui s’est faite “au détriment de nos brigades de remplacement qui étaient beaucoup plus fournies il y a 5-6 ans.”

Plusieurs syndicats enseignants appellent à la grève le 1er février

Avec le regroupement des ministères de l’Éducation, des Sports et surtout des Jeux-Olympiques et Paralympiques, “on a un peu l’impression que l’Éducation nationale est reléguée au second plan”, concède Mathilde Point. Même si c’était déjà le cas sous le ministre Jean-Michel Blanquer, la nuance, ce sont les Jeux-Olympiques et Paralympiques organisés à Paris cette année. “Soit on passe au second plan parce qu’elle sera trop occupée par les Jeux-Olympiques, soit comme l’a dit Gabriel Attal, il a bien amené l’école à Matignon et c’est lui qui va s’en charger”, explique-t-elle. 

Plusieurs syndicats enseignants appellent à la grève le 1er février prochain. Ils veulent dénoncer la fermeture de classes, le manque de remplacements, des augmentations salariales… De son côté, Mathilde Point souhaite aussi “redorer un peu le blason des postes méconnus du grand public comme les remplaçants, les enseignants spécialisés ou les postes de psychologues scolaires.” Elle conclut : “On a souvent le sentiment de donner des coups d’épée dans l’eau." Mais avec cette grève, les enseignants espèrent être entendus. 

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