C’est la quatrième fois que l’ONU tente d’imposer la paix en Syrie, en organisant des négociations. Les trois derniers volets précédents ont échoué. "Il est difficile de voir un succès ou d’attendre des changements dans ce nouveau processus. Les positions restent les mêmes. L’opposition insiste toujours sur le départ de Bachar el-Assad. Les Russes considèrent qu’il faut parler de la Constitution et du processus de transition sans évoquer le président syrien. Et puis il y a les questions les plus importantes aujourd’hui pour les Syriens, c’est-à-dire le cessez le feu, les sièges, et la question des détenus et des prisonniers. Tout cela pèse sur le processus et les Etats-Unis, avec la nouvelle administration, n’ont pas encore élaboré une nouvelle politique" explique Ziad Majed, politologue, professeur d'Études du Moyen-Orient à l'Université Américaine de Paris.
Difficile d’espérer du coup des négociations directes entre les différents protagonistes, qui ne devraient d’ailleurs pas négocier à la même table. "Le fait que les Russes aient reconnu officiellement certains groupes de l’opposition, qu’ils considéraient comme terroristes, n’a pas changé l’attitude au niveau de la table des négociations. Il n’y aura pas de rencontres directes. On est très loin de pouvoir trouver des accords sur la majorité des questions" ajoute Ziad Majed.
En parallèle, la situation sur place a énormément évolué. Le régime de Damas, appuyé par ses alliés russes et iraniens a repris Alep, dans le nord. Et l’opposition ne contrôle plus que 13 % du territoire selon certaines estimations. "Le rapport de force a changé. Les Iraniens parlent d’une victoire. Mais l’opposition considère toujours qu’il est légitime de demander le départ d’un régime en place depuis 47 ans. D’autres paramètres ont évolué, comme notamment l’opération militaire turque lancée contre Daesh et les milices kurdes. Le changement du rapport de forces sur le terrain rend la demande du départ d’Assad encore plus difficile" précise ce professeur d'Études du Moyen-Orient à l'Université Américaine de Paris.
Pour appuyer une telle demande, il faut que l’opposition soit soutenue à l’étranger. "C’est le grand problème et la grande faiblesse de l’opposition aujourd’hui. Les Américains sont en retrait. On ne comprend pas bien ce que Trump veut faire en Syrie. Il se rapproche de Moscou mais il est extrêmement hostile à l’allié russe, l’Iran. En même temps, les Européens, et surtout les Français, sont moins impliqués dans la question syrienne. Les pays du Golfe sont également loin de l’influence directe qu’ils avaient au début. La Turquie reste le seul appui de l’opposition, mais elle a modifié ses positions en se rapprochant de Moscou. L’opposition se trouve entre ces deux Etats, tout en espérant que l’Europe va élaborer une nouvelle politique pour faire pression sur les Russes" conclut Ziad Majed.
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