Alors que la saison touristique a déjà débuté sur le littoral et que l’été approche, les professionnels du secteur peinent à recruter et s’inquiètent de la situation.
Autour de 200 000 postes sont encore à pourvoir dans les métiers de l’hôtellerie restauration, de l’hébergement, ou encore des loisirs. "On a fait un sondage auprès de nos adhérents et 8 sur 10 ont des problèmes de recrutement. Cela concerne tous les types de postes "explique Rémi Peschier vice-président de la fédération nationale de l’hôtellerie de plein air.
Ces difficultés de recrutement ne sont pas nouvelles. Cela existe depuis quelques années déjà, mais la crise sanitaire a accentué ce mouvement. Malgré les efforts faits sur les salaires, par exemple dans la restauration, cela ne suffit pas à convaincre les demandeurs d’emploi. Pour Patrice Mounier président de l’Union des métiers de l’hôtellerie et de la restauration du Vaucluse. C’est un phénomène plus profond : "Les entreprises n’arrivent plus à adapter leurs besoins face aux personnes qu’elles ont en face d’elles. On est encore sur des bases où l’on cherche des gens pour travailler 6 jours sur 7. Ce que l’on a en face de nous, c’est des gens qui veulent travailler deux jours-là, deux jours ailleurs, avoir un peu de temps libre malgré la saison. Il va falloir s’adapter, changer de discours et les façons de travailler".
"Chaque branche ayant ses spécificités et chaque région touristique aussi, il est difficile de proposer un modèle commun, c’est à chaque chef d’entreprise de trouver sa solution " souligne Patrice Mounier.
Un peu partout en France la réflexion est engagée par les professionnels. Dans l’urgence, l’UMIH va se tourner vers le recrutement de saisonniers étrangers notamment, Tunisiens.
Une piste pour l’instant qui n’est pas envisagée pour les campings indique Rémi Peschier, vice-président de la FNHPA. "On préfère axer sur la communication. Nos métiers ne sont pas assez connus du grand public. Je pense aussi que l’un des objectifs, c’est le logement."
Le logement reste souvent un obstacle pour les saisonniers, en particulier les plus jeunes. La majorité des employeurs ne proposant pas de logement et l’immobilier étant généralement hors de prix dans les grandes zones touristiques, le coût du loyer rogne sur les salaires. Professionnels et élus locaux ont bien conscience du problème. Dans plusieurs régions en tension, des initiatives ont vu le jour pour fournir des logements à petit prix.
Par exemple en Bretagne, à St Malo l’association Ty al Levenez, dont les missions habituelles sont l’accompagnement des jeunes vers un logement, pilote avec d’autres partenaires une colocation pour saisonniers. L’appartement est mis à disposition par un bailleur social. L’UMIH fournit le mobilier et la mairie de Saint-Malo finance l’accompagnement par l’association. "Notre équipe socio-éducative va rencontrer les jeunes, vérifier leur capacité à vivre en colocation, leur capacité financière et assurer un accompagnement tout au long du séjour. Ça sécurise le fait que ces jeunes vont rester dans l’emploi et permettre de venir répondre à la demande d’emploi saisonnier sur le territoire " explique Corinne Alonzi, la présidente Ty al Levenez.
"Certains restaurants ne tourneront qu’avec une demi-terrasse ou une demi-salle. Nos clients risquent de trouver que le service est long et on va se faire engueuler" relève Patrice Mounier, président de l’UMIH Vaucluse. Mais pour lui le vrai danger actuellement, "c’est le début du remboursement des prêts garantis par l'État ". Les PRG accordés durant le confinement. Certaines entreprises pourraient ne pas s’en remettre.
Enfin, si l’on a beaucoup parlé des saisonniers, dans le secteur du voyage. Les compagnies aériennes se plaignent de ne pas avoir assez de pilotes avec la reprise post covid.
"Ce n’est pas une pénurie avérée, mais plutôt un embouteillage" estime Olivier Rigadzio porte-parole du SNPL, principal syndicat des pilotes de ligne. "C’est un système de formation qui prend du temps. Il y a des règles européennes qui imposent la formation par simulateur, des cours au sol. Quand on réembauche quelqu’un dans une compagnie, il faut lui faire refaire un cours d’adaptation. Cela utilise aussi des ressources humaines dans les compagnies où il y a de fait moins de formateurs. Et les vols, cet hiver, étaient moins nombreux pour assurer des formations", poursuit-il.
Ce problème pourrait avoir une incidence sur les programmes des compagnies, mais plutôt vers la fin de l’été ou la rentrée si le déficit de pilotes n’est pas comblé d’ici là selon Olivier Rigadzio.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !