C'est la première fois dans l'histoire de l'Eglise catholique qu'un pape en fonction a célébré les funérailles de son prédécesseur ayant renoncé à sa charge. Le pape François a souligné dans son homélie la figure d'un pasteur remis entièrement à la volonté de son Père.
Pas moins de 50.000 fidèles, selon les chiffres de la police, étaient présents pour assister à l'ultime adieu au pape émérite Benoît XVI ce jeudi 5 janvier au Vatican. Beaucoup venus de Bavière, région natale de Joseph Ratzinger, décédé le 31 décembre dernier à l'âge de 95 ans, mais aussi de France, de Belgique et de l'étranger.
Le pape François a rappelé au cours de son homélie la raison de la présence de cette grande foule venue rendre un dernier hommage à Benoît XVI :
Nous sommes ici avec le parfum de la gratitude et de l’espérance pour lui démontrer, encore une fois, l’amour qui ne se perd pas. Nous voulons le faire avec la même onction, sagesse, délicatesse et dévouement qu’il a su prodiguer au cours des années»
La messe de requiem était placée sous le signe de la simplicité, qualité que le pape émérite qui souhaitait devenir moine avait à coeur de vivre au quotidien. Depuis 2013, il s'était en effet retiré dans le monastère Mater Ecclesiae dans les jardins du Vatican, où il assurait l'Eglise universelle et son successeur de sa prière continuelle.
Débutée par la récitation du chapelet, la cérémonie s'est tenue sous un ciel brumeux et une atmosphère fraîche mais avec beaucoup d'émotion. Une célébration présidée naturellement par le pape en fonction, François et célébrée principalement par le doyen du collège Cardinalice, Giovanni Battista Re, comme le veut le protocole. 125 cardinaux et 400 évêques étaient aussi visibles à quelques pas de l'autel.
Le premier rituel de ces funérailles a été le dépôt du livre des évangiles sur le cercueil en bois de cyprès dans lequel repose désormais le pape défunt. Un geste effectué par Monseigneur Georg Gänswein, ancien secrétaire particulier de Benoît XVI et par Monseigneur Diego Ravelli, maître des célébrations liturgiques pontificales.
Après les lectures, le psaume chanté et l'Evangile de Luc au chapitre 23, 39-46 (le bon et le mauvais Larron), le Pape François a centré son homélie sur la filiation du Christ et la "remise de sa volonté entre les mains du Père".
Benoît, fidèle ami de l’Époux, que ta joie soit parfaite en entendant sa voix définitivement et pour toujours !
Ne pas citer le pape émérite dans son homélie ? Une manière de montrer par là l'humilité profonde et l'effacement dont faisait preuve son prédécesseur, mais le rendant présent en toile de fond en faisant directement le rapprochement entre son attitude et celle du Christ aimant et tout offert à la volonté de son Père. Le Saint Père a parlé d'un "dévouement priant qui s'affine au carrefour des contradictions que le pasteur doit affronter", car aimer, a-t-il dit, "c'est être prêt à souffrir", en reprenant les paroles qu'avaient prononcées le pape émérite dès le début de son pontificat en 2005.
Faire resplendir la lumière du Christ, voilà la mission du pasteur !
Une manière de rappeler, pour le pape François, que la fécondité du pasteur c'est de se laisser sans cesse modeler par le Seigneur lui-même.
Avant la fin de la célébration, le célébrant, le cardinal Giovanni Battista Re a encensé et aspergé le cercueil, après quoi le choeur et la foule ont entonné le Magnifcat en latin. La procession s'est ensuite mise en route vers les grottes vaticanes (situées sous l'autel dans le coeur de la basilique Saint-Pierre et dans lesquelles reposent de nombreux souverains pontifes). L'ultime hommage du pape actuel qui s'est recueilli un instant devant le cercueil a pu être filmé. Pendant ce temps-là, nombreux étaient les membres du clergé et les fidèles à applaudir.
Des jeunes belges sont partis de bonne heure depuis leurs hôtels de la ville éternelle afin d'arriver à temps pour assister aux funérailles d'un pape qu'ils estimaient beaucoup.
Paul, jeune avocat et très touché par les enseignements du pape émérite, nous exprime son attachement à la figure de Benoît XVI comme théologien :
Le pape Benoît XVI était un pape de son temps. Il était un professeur de théologie avec une parole limpide, claire et nuancée et cela a été une grande richesse pour moi et les jeunes de ma génération.
Antoine, jeune étudiant, a décidé en début de semaine de prendre son billet d'avion pour participer aux obsèques. Il reçoit l'héritage du souverain pontife émérite avec beaucoup de reconnaissance :
C'est un pape qui a marqué ma génération en laissant des écrits et un héritage qui me marquent. J'aime beaucoup sa manière de parler de la foi, en rappelant son origine, le pourquoi du comment.
Marie-Laure, jeune juriste a ressenti beaucoup d'émotion au cours de la célébration et garde le souvenir d'un homme d'Eglise supportant les événements avec force et courage :
Je me suis sentie en famille avec toute l'Eglise, dans une ambiance sobre, paisible et priante. L'homélie nous a encouragé à remettre notre volonté entre les mains du Père. C'est un pape qui se tenait stable, droit et ferme au milieu de la tempête.
Un événement qui restera certainement gravé dans le coeur et la mémoire de ces fidèles parmi d'autres qui ont porté avec eux la prière de tous ceux qui n'avaient pu se rendre au Vatican pour l'événement.
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