Marseille
Inoubliable, mémorable, historique, les mots peinent à décrire l’émotion suscitée par la visite du Pape à Marseille.
Alors que tous les projecteurs étaient braqués sur Marseille, véritable laboratoire des enjeux méditerranéens, comment le diocèse voisin d’Aix et Arles a vécu ce temps hors norme?
Rencontre avec Mgr Christian Delarbre, archevêque du diocèse d’Aix et Arles.
Les rencontres méditerranéennes tirent à peine leur révérence, que nous rencontrons à Aix, un archevêque comblé, marqué par la joie et la ferveur de ces moments historiques et extraordinaires.
Première étape du voyage papal, le temps de prière marial à Notre Dame de la garde où le Pape François a enjoint les prêtres, religieux, religieuses à faire preuve de proximité, tendresse et compassion auprès des personnes qui leur sont confiées.
Devant la stèle des disparus en mer et des migrants, Mgr Christian Delabre a été frappé par le contraste entre “le spectacle de toute beauté entre le soleil et la mer devant la bonne Mère et la gravité des paroles du Saint Père et les tragédies dont on faisait mémoire”. L’archevêque d’Aix et Arles laissera encore longtemps décanter en lui, les mots percutants et puissants du Pape François, qui, selon lui, regorgent de leçons de vie et d’orientations pastorales.
De l’homélie du Vélodrome, Mgr Delarbre retient le “tressaillement de la foi”, la force de la rencontre, le Seigneur qui se manifeste de façon inattendue et cela peut changer un regard ou une vie.
La question des migrants également l’a interpellé, pas seulement l’accueil mais la promotion et l’intégration.
Si son diocèse est plus éloigné des côtes méditerranéennes, la question migratoire y est aussi prégnante qu’ailleurs puisque le diocèse recouvre le territoire des Bouches du Rhône sauf Marseille. Il cite, par exemple, l’arrivée de 40 000 latinos dans la région de Beaucaire et Tarascon pour les cultures maraîchères.
Pour se préparer à ces rencontres en amont, Mgr Delarbre a soumis un questionnaire à son diocèse en juin dernier afin de recueillir leur vision des enjeux de la Méditerranée. Des réponses dont il a retiré des enseignements et des réflexions. Il cite l’exemple de “la mauvaise conscience des catholiques”, ceux qui savent qu’il faut accueillir, comme le rappelle l’Evangile et pourtant partagent comme beaucoup de leurs contemporains les peurs des quartiers, de certains lieux… Sans apporter de solution toute faite, ils ont souhaité le confier à leur archevêque. “C’est beau d’entendre ces choses-là!”, confie-t-il.
Jeudi 21 et vendredi 22 septembre, Mgr Christian Delarbre a rejoint l’assemblée des 140 évêques et jeunes du bassin méditerranéens. De ces deux jours passés au Palais du Pharo, il gardera en tête les rencontres simples et vraies qu’il a faites avec ces jeunes, loin de tout concept ou réflexion abstraits. Beaucoup de jeunes ont raconté leurs histoires et ont posé des questions sur la France et la laïcité à la française.
Pour décrire la Méditerranée, un jeune l’a comparée à “la place d’un village avec des maisons de familles qui se connaissent depuis des générations et qui se disputent sans cesse”. Pour Mgr Delarbre, “c’est une belle image qui dit à la fois la complexité et l’unité”.
Au cœur de cette assemblée, l’histoire de Georges l’a interpellé. Jeune mozambicain, catholique et étudiant en Algérie, il parle neuf langues et a connu un parcours semé d'embûches. L’évêque d’Aix insiste: “ il a des ressources incroyables, une joie de vivre, une intelligence qui forcent le respect”.
En lien avec cette expérience riche, il souhaite inviter les membres de son diocèse “ à ne pas partir des idées, des concepts ou des généralisations des politiciens mais à travailler la rencontre, la rencontre concrète”, celle où on écoute l’histoire de chacun. Il ajoute “s’il n’y a pas la rencontre alors on rentre dans les généralisations, les banalisations, l’anonymisation et on ne voit plus les personnes, on ne voit que des chiffres (...), c’est tragique et porteur de violence”.
Ces rencontres ont permis de souligner des enjeux graves et importants pour notre civilisation. Citant Mgr Aveline, Mgr Delabre rappelle que “l'espérance c’est du courage, elle se bâtit au milieu des souffrances et des plaintes, quand les choses ne sont pas faciles”.
Pour partager à tous ceux qui le souhaitent les enseignements de ces rencontres méditerranéennes, Mgr Christian Delarbre donnera une conférence le mardi 10 octobre à 20h30 à la salle Chêne de Mambré, à l’archevêché d’Aix-en-Provence, 7 cours de la Trinité.
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