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Victoire de Donald Trump : se poser les bonnes questions, par Aymeric Christensen

Un article rédigé par Aymeric Christensen - RCF, le 7 novembre 2024 - Modifié le 7 novembre 2024
Le point de vue de 7h20Victoire de Donald Trump : se poser les bonnes questions, par Aymeric Christensen

LE POINT DE VUE D'AYMERIC CHRISTENSEN - Réélu à la tête des États-Unis face à Kamala Harris, la victoire de Donald Trump doit être l’occasion d’une profonde réflexion, à gauche comme à droite, sur l’état de la démocratie et du débat public.

Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de l'hebdomadaire La Vie. Crédits : DRAymeric Christensen, directeur de la rédaction de l'hebdomadaire La Vie. Crédits : DR

Donald Trump a donc été réélu président des États-Unis, avec même une large victoire qui emporte aussi la majorité au Sénat. Comme il y a huit ans, beaucoup sont sidérés par ce résultat. Comme s’il était impensable. 

Le vote populaire : un avertissement pour la gauche

Pourtant, il va bien falloir regarder ce come-back spectaculaire en face. Le retour de Trump n’est pas un accident de l’histoire, c’est une lame de fond. Et cette lame de fond, ça ne sert à rien de la regarder avec des pincettes morales. Elle oblige au contraire à se poser les bonnes questions. De toute urgence.

Un exemple de très mauvaise question : « Comment est-il possible que Kamala Harris, qui était censée incarner le progrès, la modération, la démocratie, la raison, le bon sens en fait, comment se fait-il qu’elle ait été si sèchement battue par un candidat réactionnaire, brutal, vulgaire, misogyne, populiste, etc. ? » Une meilleure question serait plutôt : pourquoi les milieux populaires américains ont-ils vu chez Trump – malgré tous ses défauts – et pas chez Harris des solutions à leurs problèmes ? Tant que la gauche ne cherchera pas à comprendre pourquoi elle perd de plus en plus le vote populaire alors qu’elle est tant convaincue de sa supériorité morale et sociale… eh bien, elle continuera à perdre et à s’en étonner. Ce qui est valable aux États-Unis risque de nous revenir en pleine figure très rapidement, dès la prochaine présidentielle.

Tant que la gauche ne cherchera pas à comprendre pourquoi elle perd de plus en plus le vote populaire alors qu’elle est tant convaincue de sa supériorité morale et sociale, elle continuera à perdre et à s’en étonner

Le soutien chrétien à Trump : un pari risqué

Autre point à noter : tous les chiffres montrent que le soutien des chrétiens, y compris catholiques, a été majoritairement en faveur de Donald Trump. Et là aussi, au-delà peut-être d’une satisfaction qui peut s’exprimer dans le camp conservateur, il faudrait s’interroger. Est-il bon, pour les chrétiens, de lier à ce point leur destin à une seule politique, à un candidat, au risque d’être associé, certes à ses succès, mais aussi à ses échecs ? Il y a là un piège, une tentation qui n’est pas nouvelle : celle d’espérer instaurer par le haut un ordre social fondé sur des « valeurs » chrétiennes… Préférer une loi d’apparence chrétienne à la liberté évangélique.

Au risque de soutenir un État « pharisaïquement chrétien », comme alertait le philosophe Jacques Maritain, à une société « vitalement chrétienne ». C’est-à-dire : dans laquelle les chrétiens irriguent de l’Évangile tous les milieux, agissent concrètement et spirituellement à tous les niveaux.

La puissance dans la faiblesse : un rappel évangélique

Qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, la réélection de Donald Trump arrive au terme d’une campagne très brutale. Lui-même a échappé à deux tentatives d’assassinat ! Or, c’est peut-être la plus brûlante question pour nous tous. Est-ce qu’on peut accepter que le débat politique continue de se polariser à ce point, virant à la haine, aux postures et aux psychodrames permanents ?

Il y a derrière tout ça une fascination malsaine pour la force, doublée d’une tentation de l’autoritarisme pour imposer ses idées… celles qu’on juge bonnes. Pourtant, l’Évangile ne cesse de montrer que la puissance de Dieu, c’est dans la faiblesse qu’elle se déploie. Toujours.

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