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Violence des mineurs : "il faut que l'enfant délinquant d'aujourd'hui ne le soit pas demain", affirme un ancien juge pour enfants

RCF, le 22 avril 2024 - Modifié le 22 avril 2024
L'Invité de la Matinale"Les jeunes ne sont pas responsables de tous les maux de notre société", estime Jean-Pierre Rosenczveig

Ancien ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal fait de la violence des mineurs, qui frappe soudainement notre pays, un sujet à part entière. En déplacement à Nice dans un internat expérimental, le Premier ministre a rappelé sa ferme intention d’endiguer la violence des jeunes en France. Près d’un an après les émeutes, les passages à tabac et meurtre impliquant des mineurs se multiplient. “Ce qui est en train de se produire aujourd'hui, c'est ce que malheureusement, nous avions prévu”, alerte Jean-Pierre Rosenczveig, ancien président du tribunal pour enfants de Bobigny, invité de la matinale RCF. 

©Clement Martin - Hans Lucas -Violence des mineurs : "il faut que l'enfant délinquant d'aujourd'hui ne le soit pas demain", affirme un ancien juge pour enfants©Clement Martin - Hans Lucas -Violence des mineurs : "il faut que l'enfant délinquant d'aujourd'hui ne le soit pas demain", affirme un ancien juge pour enfants

Shemseddine, 15 ans à Viry-Châtillon, Samara, 13 ans à Montpellier, Philippe 22 ans, à Grande-Synthe : autant d’affaires qui suscitent l’émoi de la France entière depuis quelques semaines. Autant d’affaires qui refont émerger la violence presque systémique à laquelle la jeunesse est confrontée chaque jour. L’ampleur des émeutes de juin dernier rappelle à quel point la société se cristallise. Un phénomène pas nouveau, selon Jean-Pierre Rosenczveig, ancien président du tribunal pour enfants de Bobigny qui cite pléthore d’exemples de violences pour “ne pas nier”, mais “relativiser”. Pour le professionnel de justice, désormais, “il faut s’y attaquer”, lui qui s’interroge : “est-ce que les annonces qui ont été faites sont à la mesure du problème ?

L’autorité, une réponse pas à la hauteur ? 

Depuis la semaine dernière, le Premier ministre multiplie les déplacements et les annonces pour remettre le sens de “l’autorité” au centre. Après avoir promis “des mesures fortes” pour endiguer toutes “violences des mineurs”, Gabriel Attal poursuit son plan de communication et annonce de nouvelles sanctions contre les jeunes délinquants. “Le sursaut démarre tout de suite”, a notamment promis le chef du gouvernement. Trop peu pour Jean-Pierre Rosenczveig. “L’autorité, c’est un programme politique un petit peu court”, souffle-t-il.

L'autorité, c'est un programme politique un petit peu court 

Il poursuit : “Fondamentalement, il suffit d’avoir été en charge d’enfants, à titre personnel et à titre professionnel, pour savoir que l’autorité des adultes, y compris celle des parents à l’égard de leurs enfants, mais celle des enseignants, celle des policiers, elle n’est pas respectée que parce qu’elle apparaît respectable”. L’ancien président du tribunal de Bobigny assure que cette autorité, doit “apparaître au final bénéfique pour l’enfant”

Écoute dans la nuitComment venir en aide aux mineurs isolés ?

Responsabiliser les parents, une vieille rengaine 

En juillet dernier, en sortie des émeutes, Emmanuel Macron souhaitait responsabiliser les parents dans l’éducation de leurs enfants. Une volonté remise sur la table par son Premier ministre dans ses annonces de la semaine dernière. Jean-Pierre Rosenczveig avait déjà eu cette idée bien avant. “Avant les événements de l'été, j'avais proposé à la ministre de la Famille, un projet de loi visant à instituer les pères dans leur responsabilité, à rendre obligatoire l'établissement de la filiation paternelle, à faire en sorte que les pairs exercent leur responsabilité, à consacrer les droits et devoirs des beaux-parents”, explique l’interrogé. “Je rage intérieurement et extérieurement” souffle-t-il. “C’est bien avant qu’il eut fallu s’attaquer à cette difficulté de parents dits démissionnaires”

“Parents démissionnaires”, un terme réfuté par Jean-Pierre Rosenczveig. “Ils sont seulement démissionnés par les conditions de vie et par les difficultés auxquelles ils peuvent être confrontés”. C’est ainsi au législateur puis à la justice de mieux “identifier qui est en situation de responsabilité parentale”. 

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