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Aubagne : une maison de naissance pour accoucher naturellement

Un article rédigé par Maud de Bourqueney - Dialogue RCF (Aix-Marseille), le 24 juin 2024 - Modifié le 28 juin 2024
Le dossier de la rédactionA Aubagne, une nouvelle maison de naissance

Pour qu’un accouchement se passe au mieux, il faut que la maman soit rassurée. Pour certaines, ce sera l’hôpital et sa sécurité médicale, pour d’autres, encore rares en France, le cocon rassurant de la maison. Entre les deux, il y a les maisons de naissance, rares en France elles-aussi. L’une d’entre elles vient d’être inauguré à Aubagne.

La Casa de naissance recrée un cadre rassurant propice à l'accouchement physiologique ©L a Casa de naissanceLa Casa de naissance recrée un cadre rassurant propice à l'accouchement physiologique ©L a Casa de naissance

L’entrée est la même pour toutes. Une maman qui vient accoucher à la Casa de naissance, passe par la porte des urgences maternité au Centre hospitalier d’Aubagne. À une différence près : elle est accueillie par une sage-femme de l’équipe de la Casa.


Première maison de naissance du département des Bouches-du-Rhône et de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Casa de naissance a été inaugurée en novembre 2023. Son objectif est de favoriser les accouchements physiologiques


Un cocon pour accoucher physiologiquement


Cette maison de naissance est située au sein même de la maternité publique. Elle est composée d’un bureau et de deux chambres d’accouchement. Tout est fait pour y recréer un cocon, un peu comme à la maison : 

  • Un lit ferme pour se positionner ou se reposer, suffisamment grand pour que le partenaire puisse aider la femme pendant les contractions (massages, appuis) et pour qu’il reste auprès d’elle, quand le bébé sera en peau à peau sur elle.
  • Une baignoire :  l’eau chaude aide à réduire la douleur lors des contractions.
  • Un ballon sur lequel la maman peut s’asseoir et bouger
  • Un tissu auquel se suspendre
  • Un paravent pour garantir la sensation d’intimité

Mathilde Hauc, sage-femme à la Casa de naissance, résume l’esprit de ces deux chambres :

Le principe, c'est d'être propice à la sérénité, le calme, que la femme puisse trouver ses ressources, permettre le mouvement, la mobilité et le repos, la récupération.

Toute la partie médicale est masquée, dans des placards ou sous le lit, de quoi faire une perfusion si besoin par exemple. Le monitoring pour contrôler le cœur du bébé, est intermittent, et peut aller dans l’eau. 


Et si jamais il y a vraiment un problème : « Pendant le travail, au moment de la naissance ou dans l'après-naissance, on va transférer notre patiente et le bébé côté maternité classique dans une salle d'accouchement qui se trouve de l'autre côté du couloir » explique Mathilde Hauc.


En France, une des conditions pour ouvrir une maison de naissance, c’est qu’elle soit attenante à la maternité, et qu’il n’y ait pas de route à traverser ! À Aubagne, la condition est donc remplie, puisque la Casa de naissance est dans la maternité.

Une baignoire, un tissu, un ballon : des outils pour accompagner les contractions


Une maison de naissance créée par étapes


En réalité, l’histoire de la Casa de naissance est plus ancienne. À l’origine, il y a un collectif de sage-femmes libérales créé dans les années 2000. Ces professionnelles accompagnent les femmes pendant la grossesse et après, dans les premiers temps de la parentalité. Mais elles vont ressentir un nouveau besoin : être présente pour accompagner les femmes le jour de la naissance


Selon Mathilde Hauc, leur réflexion est la suivante : « On les accompagne pour se préparer à ce jour-là et puis, souvent, dans les maternités, les femmes reviennent en étant déçues parce qu'elles n’ont pas pu avoir forcément de soutien de la part de la sage-femme au moment où elles en avaient besoin.»

Dans les maternités, les pratiques sont quand même assez protocolisées. À l'époque, il y avait pas mal de surmédicalisation aussi.


Il se trouve qu’au même moment en France, l’Etat lance une expérimentation des maisons de naissance. La loi est votée en 2013. En 2015, les huit premières maisons de naissance apparaissent en France.


A Aubagne, le collectif de sage-femmes choisit néanmoins une option intermédiaire. Elle va s’intégrer dans une maternité, en y créant un plateau technique.


En 2014, l’équipe signe une convention de partenariat avec la maternité privée de la Casamance. « Elle nous permettait d'utiliser les locaux et de venir accompagner nos patientes le jour de la naissance, et ensuite, les patientes étaient prises en charge par l'équipe de la maternité pour le séjour classique » explique Mathilde Hauc.

Cela nous a permis de créer du lien avec l'équipe de la maternité


La maternité privée de la Casamance ferme en 2018, et fusionne avec la maternité de l’hôpital public. Mais le principe reste le même. La Casa de naissance s’y installe aussi.


Un retour à domicile dans la journée


Dix ans plus tard, la Casa de naissance est donc devenue officiellement une maison de naissance. Qu’est-ce que ça change ?


-    La Casa de naissance s’est agrandie. Au départ, il n’y avait qu’une chambre d’accouchement, le fameux plateau technique. Désormais, il y a un bureau et la deuxième chambre inaugurée elle aussi à l’automne.


-    Le retour à domicile précoce. C’est le plus grand changement : les femmes qui accouchent ne sont plus hospitalisées à la maternité. Si tout va bien, elles peuvent rentrer chez elles quelques heures après.


Le principe de ce retour précoce a d’abord déstabilisé Dune Donaint, cette jeune maman a accouché en mai à la Casa de naissance : « Avec mon conjoint, on a été un peu étonné ou s'est questionné. Puis finalement, durant la grossesse, on s'est fait à cette idée. »


Le retour s’est très bien passé. Les parents ne sont pas laissés seuls. Il y a tout un suivi par téléphone et à domicile dans les jours qui suivent :

On a échangé par message, dans la nuit qui a suivi, avec la sage-femme pour qu'elle s'assure que tout allait bien, et puis, une sage-femme est venue tous les jours pendant trois jours.  


C’est aussi l’une philosophie de ces maisons de naissance : la continuité de l’accompagnement. Pendant toute la grossesse, il y a une sage-femme référente pour les parents, une équipe sur la même longueur d’onde, et le jour J, une sage-femme par femme qui accouche. Cette réalité est un luxe en France, où les sage-femmes sont souvent obligées de jongler entre différentes naissances.

 

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