Entendre votre bébé dire "Maman" ou "Papa" pour la première fois, c’est toujours un choc ! Mais à quel âge espérer ces premières paroles ? Comment le langage se développe–t-il et comment l’encourager ? Des réponses et des conseils avec Léa Hélias, orthophoniste et auteure de "50 activités ludiques autour du langage" publié aux éditions "Le Courrier du Livre".
"Un bébé, ça commence à parler vers 3 ans ! Pour l’aider, il faut lui faire répéter correctement ! Il faut aussi lui faire lire beaucoup de livres, pour qu’il comprenne bien les mots !" Voilà l’avis de petits "experts" de 8-9 ans. Mais qu’en est-il en réalité ? Conseils et repères avec Léa Hélias, orthophoniste et créatrice du site parentalite-eclairee.com
A quel âge un bébé commence-t-il à parler ? Entre 12 et 15 mois pour ses premiers mots. A 3 mois, il gazouille, à 8, il comprend de petites phrases. Et c’est vraiment vers 18 mois qu’a lieu "l’explosion lexicale" où l’enfant va prononcer un ou plusieurs mots par jour, même s’ils ne sont pas parfaitement articulés. "Mais ce sont des moyennes." tempère Léa Hélias. "Chaque enfant a son propre développement". Et il met environ 6 ans pour se rapprocher d’un langage adulte.
Comment l’amener vers le langage ? Pour la spécialiste, une bonne pratique : lui parler le plus souvent possible, en décrivant ce que vous faites. Quand on change sa couche, quand on prépare le repas ou qu’on le met au bain. "L’enfant arrive au monde vierge de toutes capacités langagières. Il a donc besoin de vous entendre pour construire son monde." Un conseil : se mettre à son niveau, pour qu’il voit bien les expressions de votre visage en train de lui parler.
Un petit exercice pour les 0 à 12 mois : les images contrastées. Fleur, poisson, maison, soleil. Des images en noir et blanc, adaptées à sa vision et que vous pourrez décrire avec lui.
Faut-il lui parler "bébé" ? Dodo, lolo, tutute. On a souvent tendance à bêtifier son langage, sous prétexte qu’il ne comprend pas. Mignon, mais à éviter pour Léa Hélias. "Les enfants sont capables de saisir les vrais mots tout de suite. Nous sommes leurs modèles et ils ne comprendront pas plus tard pourquoi on leur dira "le bain" et non pas "bainbain" » pour aller se laver.". Autant donc lui donner le mot exact tout de suite, même si on peut faire quelques exceptions avec le "doudou "!
Un petit exercice : "Le coucou-caché". Se cacher derrière ses mains ou dissimuler un objet pour le faire réapparaitre en le nommant. Une façon de lui apprendre aussi la notion de séparation. Et que ce n’est parce qu’il ne voit plus un objet ou une personne que ceux-ci n’existent plus.
Il prononce mal un mot. Faut-il le corriger systématiquement ? « "C’est un réflexe naturel en tant que parent." estime l'orthophoniste. "Mais il vaut mieux l’éviter." L’enfant pourrait se culpabiliser. Mais surtout, cela va interrompre "une communication naturelle." Donc, si l’enfant prononce "socola", on peut le reprendre doucement en disant : "Oui, tu veux du chocolat, en insistant sur le "ch".
Bon à savoir : un enfant a besoin de 13 expositions à un mot pour le comprendre et 24 expositions pour le produire. Alors patience !
Comment étoffer son vocabulaire sans qu’il ait besoin de rechercher des mots ? Léa Hélias a sa stratégie "chouchou" : la technique du choix. Plutôt que de lui demander : "Que veux -tu manger ? Proposez -lui deux options : veux -tu une banane ou veux -tu une tomate ?" L’ avantage : l’enfant entendra le mot juste et va donc le produire plus facilement, sans craindre de ne pas le trouver ou de se tromper. Même s’il y a de fortes chances qu’il préfère la banane à la tomate !
Un petit exercice pour le stimuler : le "mets-nous ensemble". Le principe : préparer des photos et des objets qui correspondent et demander à l’enfant de les associer, comme une figurine d’éléphant avec une image représentant l'animal. Une manière d’exercer aussi ses capacités de reconnaissance.
Que faire enfin si votre enfant montre du retard ? "Le signe d’alerte, que j’explique aux parent, c’est quand l’enfant, à 18 mois, ne prononce que 10 mots par jour." estime Léa Hélias. Il peut y avoir des causes simplement auditives, comme une otite séreuse, non douloureuse mais handicapante. D'où le contrôle d'un ORL.
Mais si, à deux ans, l’enfant ne pointe toujours pas, ne regarde pas son interlocuteur, qu’il ne répond pas à son prénom, un bilan orthophonique s’impose. "Et plus on consultera tôt, plus on aura de chances d’aider son enfant." souligne Léa Hélias. Quitte plus tard - et si tout va bien- de regretter le temps où il ne parlait pas … pour avoir un peu de calme !
Pour aller plus loin:
"50 activités ludiques autour du langage, de 0 à 6 ans" de Léa Hélias. Editions "Le Courrier du Livre" Des petits exercices simples à mettre en place pour stimuler le vocabulaire et des focus sur des cas particuliers, comme le bilinguisme, la pratique de la langue des signes ou l'impact des écrans.
Léa Hélias à retrouver aussi sur son compte instagram @jeunemamanextraterrestre et sur son site : https://www.parentalite-eclairee.com/
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