"Je suis dys. Et je ferai quoi plus tard ?" C'est le thème de la 17e Journée des Dys ce samedi 14 octobre. L'occasion de faire le point sur la dyslexie. Comment la repérer ? Quelle prise en charge ? Quel avenir professionnel ? Le point avec Corinne Picariello, orthophoniste à Nîmes, Conception el Chami, présidente de l'association des dyslexiques de France, ainsi que le témoignage d'Agnès et Margot, mère et fille dyslexiques.
"Quand j’ai vu que ma fille mettait beaucoup de temps à déchiffrer des lignes alors que la maîtresse nous disait qu’il ne fallait que 5 minutes, alors, oui, je me suis doutée de quelque chose !" Un des signes qu’ Agnès connaissait bien depuis son enfance : celui de la dyslexie.
Mais qu’entend-on par "dyslexie" ? Un trouble de la lecture et de l’écriture qui apparaît généralement au moment de la scolarité. "C’est un enfant qui va avoir du mal à écrire, identifier des mots et qui se fatigue très vite", explique Corinne Picariello, orthophoniste. Le cas de Margot, aujourd'hui âgée de 20 ans : "On me disait que P-A faisait le son pa, comme dans Papa. Mais pour moi, ça n’avait aucun sens !" Pour autant, la dyslexie n’a rien à voir avec une déficience intellectuelle. Il peut y avoir une origine génétique, avec des "familles de dyslexiques". Mais c’est surtout une organisation cérébrale particulière dans le traitement de l’information. En bref, des enfants intelligents, mais avec un fonctionnement différent.
Comment diagnostiquer la dyslexie ? Par un bilan mené par l’orthophoniste. D’abord pour écarter les problèmes visuels ou de surdité, mais aussi établir "un tableau complet" précise Corinne Picariello. Car la dyslexie peut être associée à d’autres troubles, comme la dyscalculie, ou de mobilité, comme la dyspraxie. Encore faut-il avoir un rendez-vous chez un orthophoniste : pas assez nombreux et débordés. "Nous devons accompagner à tous les âges, des prématurés jusqu’aux personnes en fin de vie", confirme Corinne Picariello. D’où l’urgence de renforcer les effectifs et d’alerter le gouvernement sur le long terme. "Un enfant dépisté et pris en charge très tôt coûtera bien moins cher plus tard à la société" résume Conception el Chami, présidente de l’association des dyslexiques de France.
En attendant, comment réagir en tant que parents ? "Il faut faire le deuil de l’enfant parfait" souligne Conception El Chami, qui rajoute que les mamans sont souvent "en première ligne", obligées de suspendre leur carrière, le temps qu’un suivi soit mis en place. Quant à la scolarité, si l’informatique a pu faciliter les apprentissages ces dernières années, c’est surtout l’attitude de l’enseignant qui est essentielle : "Un simple regard bienveillant, c’est 80 % du travail pour donner le courage à un enfant dys d’aller à l’école" estime la présidente associative. Des enfants aux facultés particulières, comme l’empathie, le souci du détail et surtout le sens de l’effort et la motivation, très appréciées dans les secteurs des nouvelles technologies, voir même des services secrets ! De quoi rassurer et faire un atout de sa "dysférence" !
Pour en savoir plus :
> Fédération française des Dys
> L'association des Dyslexiques de France, présidée par Conception El Chami
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