Le documentaire "Kiss the ground" (embrasser la terre) nous propose une solution simple, preuves à l'appui, pour lutter contre le changement climatique, reconstituer nos réserves d'eau et nourrir sainement notre humanité. Et si tout se jouait par la régénération des sols ? Des explications...
Bonjour à tous,
Cette semaine nous allons aborder la 2ième partie du documentaire "KISS THE GROUND".
La semaine dernière, dans une 1ère partie nous avons découvert que les pratiques agricoles dites modernes, la déforestation, l’utilisation des fertilisants et des pesticides de synthèses détruisent le vivant des sols qui fourmillent de vie. Ce vivant est indispensable à la production de plantes saines, pour capter l’eau, le gaz carbonique. La santé de nos sols est un élément essentiel à la réparation du climat et à l’équilibre de la nature.
Je vous invite à écouter ou lire cette 1ère partie si vous voulez mieux comprendre le rôle du sol dans la captation du CO2 notamment.
Ray est un agronome qui travaille depuis plus de 31 ans pour le « Service de Conservation des Ressources Naturelles »(NRCS) , un service du département de l’agriculture des Etats Unis (USDA united states department of agriculture). Il est notre guide. Voici ce qu’il explique.
Le sol, les plantes, le climat sont connectés.
Ce dont on a besoin c’est de la "transpiration" quand l’humidité quitte la plante ce qui favorise la pluie. 60 % des chutes de pluies viennent des océans et 40 % des petits cycles de l’eau issus de l’évaporation du milieu terrestre, des plantes et des sols.
Ce que nous avons perturbé ce sont ces 40 % : ce qui signifie qu’il y a trop de chaleur qui s’échappe du sol. Nous avons d’énormes vortex de chaleur qui s’élève dans l’atmosphère .
Au lieu d’attirer la pluie, nous repoussons les nuages.
Ray explique aux fermiers qu’il a pour eux un très simple message.
Tandis que les sols se transforment en poussière, environ 40 millions de personnes sont chaque année poussées à quitter leur environnement. Pour 2050, on estime qu’un milliard d’individus seront des réfugiés à cause de la désertification.
Allan SAVORY est un biologiste, botaniste, fermier éleveur au Zimbabwe et fondateur de l’Institut Savory qui promeut et éduque à la préservation du sol, dans une approche globale du respect du vivant. Il dit que plus de 20 civilisations de par le monde ont échoué à cause de l’agriculture qui a endommagé l’environnement parce qu’elles n’ont pas su comment gérer cette désertification et l’augmentation de la population. Aujourd’hui rien n’a changé.
Une terre pauvre c’est une population pauvre avec la fracture sociale et tous les problèmes sociaux associés.
Il ajoute que c’est aussi l’augmentation de la fréquence des inondations et des sécheresses avec les migrations de masse vers des villes ou des pays où sont recrutés de manière idéale des enfants, des personnes dans des mouvements extrémistes.
Les pronostics à long terme pour notre survie sur cette planète ne sont pas optimistes…. si nous continuons comme nous le faisons aujourd’hui. Dans 60 ans ce qui reste de sols supérieurs auront disparu. Si nous ne sauvons pas nos sols, il ne reste que 60 récoltes dit Ray.
Ray ARCHULETA nous emmène dans une ferme du Kansas, qui est un Etat qui consacre la plus grande partie de son agriculture au blé.
Avant la visite il est invité à une journée d’informations et formations auprès de fermiers. Il montre les résultats d’un super ordinateur de la NASA qui enregistre et modélise, notamment, la densité de CO2 dans l’atmosphère sur toute la planète.
Se positionner à 25 mn 50 pour visionner le CO2 dans l'atmosphère selon les mois.
Il invite les participants à observer les couleurs rouges et pourpres qui représentent le CO2 et de noter les dates. Il demande « qu’est-ce que nous faisons en mars et avril en agriculture moderne et surtout en avril ? Nous labourons » et on peut observer les couleurs rouges et pourpres s’intensifier et devenir de plus en plus importantes :
Il devient évident qu’une planète en bonne santé est une plante couverte de végétation. De plus en plus de personnes se rendent compte que l’agriculture moderne, les déforestations sont aussi les sujets qui doivent être traités pour assurer notre survie.
Paul HAWKINS est un environnementaliste, auteur de 8 livres, économiste et activiste.
Il propose dans un de ses livres une solution pour inverser le processus d’un réchauffement climatique global : c’est la bio-séquestration du CO2. Sans cela il ne sera pas possible de lutter contre le réchauffement climatique. La bio-séquestration se fait par la photosynthèse des plantes, de la végétation en général et les bactéries contenues dans le sol mais aussi en changeant les techniques de pâturages, d’élevages du bétail pour emprisonner le CO2 dans le sol pour des décennies si ce n’est des siècles dit Paul HAWKINS.
A été modélisé une 100 aine de solutions possibles réalisables et réalistes à ce jour, pour lutter contre le réchauffement, solutions que l’on connait ou qu’on utilise déjà et qui sont mesurées depuis plus de 30 ans.
Quand on évoque cette grande technologie qui a existé depuis des millions d’années, celle qui consiste à la captation du CO2 par les sols de manière naturelle et sans danger, technologie que l’on appelle « végétation oeuvrant avec les micro-organismes du sol », cela semble trop simple.
Ray ajoute que c’est peut être une simple solution mais, pour être appliquée sur une échelle mondiale, cette solution exige une implication politique générale.
La COP 21 à Paris a accueilli 40 000 délégations de 196 nations dont le but était d’arriver à un accord pour répondre à la modification du climat. Il y eut beaucoup de présentations, de débats, de rencontres, de discours et encore des discours et encore des discours.
Selon Ray, il n’y a eu qu’une proposition qui offrait un vrai espoir et qui fut présenté par Mr LE FOLL alors ministre de l’Agriculture.
L’INRA est une institution nationale de la recherche agricole des plus importantes en Europe qui étudie les sols depuis plus de 100 ans. L’INRA qui est devenu l’INRAE, institut national de recherche pour l’agriculture depuis 2019 a développé une initiative mondiale visant à augmenter la captation du CO2 dans les sols de l’ordre de 0,4 % par an. C’est le projet « 4 pour 1000 ». Cela séquestrerait la même quantité de CO2 émit par l’humanité par an.
Le sol peut garder plus de CO2 que l’atmosphère et les plantes à la surface du sol combinés. Cette incroyable capacité peut se faire plutôt vite. L’ex ministre Mr LE FOLL dit que le 1er outil est le sol, ce n’est pas le tracteur, ni la moissonneuse batteuse, pas le satellite.
Trente pays ont alors signé ce programme « 4 pour 1000 ». Mais les 3 plus grands pays émetteurs du CO2, et qui sont aussi les plus grands producteurs agricoles n’ont pas signé, la Chine, les Etats Unis et l’Inde.
La captation du carbone implique :
Depuis 1750 avec le début de la révolution industrielle, nous avons libéré environ 1 000 milliards de tonnes, ou gigatonnes de CO2 dans l’atmosphère. On appelle cela notre « héritage en charge de carbone ». Même si nous arrêtons, cet héritage ne peut pas, en l’état de nos connaissances être modifié. Cet héritage continuera à réchauffer l’atmosphère, c’est un effet de serre pour des dizaines d’années peut être même des siècles.
Actuellement ce dont nous parlons c’est de réduire les émissions et ce n’est pas assez.
Ray explique que si les voitures électriques et les panneaux solaires ne sont pas suffisants.
Quelle est la solution ?
Les fermes aujourd’hui qui changent leurs pratiques parlent de régénération. Mais c’est aussi valable pour les élevages, l’entretien des forets, etc.
Quand on utilise de manière intelligente des herbivores, ils entrent dans le cycle de la régénération des sols en inversant la désertification et contribuent donc à la captation du carbone, et à préserver le cycle vertueux de l’eau.
Ce qui est possible en Afrique est possible partout dans le monde.
Toujours en Californie, un couple et leurs enfants habitent et vivent confortablement des produits de leur ferme de grande taille, plus de 3 300 hectares. La jeune femme grandit dans la campagne du côté de Washington, elle avait été adoptée par une indienne âgée Lakota. Elles vivaient au contact de la nature au quotidien. Elle découvrit la permaculture ce qui l’influença par la suite dans son métier d’agricultrice, pas seulement pour nourrir la planète mais aussi les gens d’une manière saine tout en régénérant et sans endommager les ressources.
Ray explique que cette ferme, grâce au bétail, valorise les sols et par la même contribue à la captation du CO2.
La jeune femme gère d’une manière très précise via une application et des tableaux les espaces de prairies et champs où, quand et combien de temps se trouve le bétail. Leur domaine est séparé en vastes zones et régulièrement le bétail est déplacé. La bouse de vache est bourrée de bactéries car les vaches en ont besoin pour briser les fibres des herbes, et tout retourne à la terre.
Quand le bétail broute, et quand il n'y a pas surpâturage, en plus des bouses, il laisse les racines et les radicelles faites de carbone via la photosynthèse dont nous avons déjà parlé, carbone capturé ensuite par les micro-organismes.
Ce type de ferme valorise tout le vivant visible et invisible contrairement à l’agriculture conventionnelle dont 70 % des terres sont destinées à produire le maïs, le soja OGM et le foin destinés à nourrir le bétail à hauteur de 99 %. Cela est possible grâce aux subventions de l’Etat qui représentent plus de 25 milliards de dollars prélevés sur les taxes des citoyens. Argent destiné à nourrir des animaux enfermés dans des zones immondes émettrices de gaz à effet de serre, à générer des sols fertiles en terre aride et amenant progressivement beaucoup de fermiers à la faillite.
Gabe Brown demande au cours d’une conférence à des fermiers combien ils gagneraient si l’Etat ne les subventionnait pas… La réponse ? Rien ! Ils le savent.
Et même avec toutes les aides, les graines OGM, les produits chimiques supposés donner de belles récoltes, les fermiers ont dû mal à joindre les deux bouts.
Gabe avec ses 2 000 hectares générait 100 $ par hectare et par an au moment du tournage du documentaire au lieu de 10 cents à 3 dollars par hectare et par an. Cherchons l’erreur !
Il dit qu’en construisant un écosystème sain, on devient résilient et on limite les risques.
GABE fait pousser du maïs, des pois, du blé, de l’orge, du triticale, des herbes comme l’alfalfa, élève des vaches, des bœufs, des moutons, des porcs, des poules qui donnent des œufs, des légumes, produit du miel, peu lui importe les prix garantis par l’Etat. Les animaux élevés dans son ranch sont en semi-liberté ou carrément libres sur ces terres, ses poules sont totalement libres et se nourrissent de manière totalement naturelles, les œufs produits sont d’une qualité nutritionnelle exceptionnelle et il n’a pas peur de montrer la différence avec d’autres œufs provenant de poules dites en semi-liberté mais qui ne bénéficient pas du même espace et qui reçoivent en plus une nourriture conventionnelle. Il est autonome car il a su créer de la diversification, donc sa résilience grâce à la préservation d’un écosystème sain.
Il faut savoir que beaucoup des terres cultivées appartiennent à des propriétaires non cultivateurs qui louent les terres. Si ces propriétaires deviennent sensibles à la régénération des sols et à tout ce qui vient d’être expliqué, ils pourront encourager leurs fermiers à prioritiser un changement et tout le monde s’y retrouve.
Ce changement radical pour un processus de régénération des sols permettrait aux fermiers d’augmenter leur revenu de plus 100 milliards de dollars par an et abandonner tout ou partie des subventions.
Gabe dit : "le programme de fermage fédéral actuel est des plus défavorables qui soient pour le renouvèlement de l’agriculture et la régénération des sols".
Nous pouvons déjà lutter contre le gâchis alimentaire en transformant nos déchets en compost.
On pourrait donc se nourrir de végétaux, de fruits et d’animaux sains. Rays dit que produire mieux est une chose mais travailler en étroite collaboration avec les personnes qui les produisent est très important.
Il y a environ 5 % de fermes aux Etats Unis qui travaillent comme Gabe. Le but est d’arriver à 50 % pour 2025. Le travail de Ray est de donner envie aux fermiers, aux producteurs de devenir des partenaires à ce projet. C’est du gagnant, gagnant.
De plus en plus de magasines du monde de l’agronomie et agricole parlent de la révolution par la santé du sol, comment soigner la terre, contribuer à réduire les gaz à effet de serre, à influencer le climat de manière équilibré, à mieux nourrir les gens, les animaux, c’est toute un regard régénérateur qui s’ouvre dans la compréhension de cet écosystème.
Gabe explique que ce projet « régénération » est simple et plutôt rapide même si dans un 1er temps, les fermiers qui viennent l’écouter doutent. Il leur explique que cela s’effectue en 4 phases praticables sur toute la surface de la terre :
Gabe montre les terres d’un voisin… deux mondes cohabitent. L’un plein de vie, celui du ranch de Gabe et l’autre quasi mort, c’est édifiant.
En tant que consommateur, nous pouvons nous poser la question suivante « D’où voulons-nous que nos aliments proviennent », je ne sais pas vous mais moi j’ai fait mon choix.
Sous l’impulsion d’un homme venu le filmer alors qu’en 1994 ce n’était plus qu’un désert, ce plateau a vécu une régénération
.
Cette régénération des terres n’est pas le propre des Etats Unis, d’autres pays s’y attèlent sérieusement. Nous sommes entrainés en Chine, au plateau de LOESS, qui fut autrefois un région agricole florissante et dont les terrasses se sont transformés en un désert où ne poussent que quelques arbustes malingres.
Y vivent pauvrement quelques rares éleveurs de chèvres. On avait demandé au chercheur et éducateur John D. Liu, de tourner un film en 1994 sur cette région. Son documentaire Regreening the desert, a montré ce qui est à ce jour le plus grand projet de régénération de l’environnement au monde. Il s’est investi pour ce lieu, des centaines de personnes ont aidé à reconstruire les terrasses ou les espaliers. Il fut entouré de scientifiques réputés chinois, d’agronomes, d’ingénieurs, du support de banques et politiciens, etc. ils établirent une cartographie très précise grâce aux satellites, des zones furent répertoriées En 2009 une étendue similaire à la surface de la Belgique était recouverte de végétation et de culture. Etonnant non ? A la place des déserts, des rocailles, des villages, des cultures, des arbres, de la végétation partout. A la place de la pauvreté, des paysans qui revendent leur production et vivent décemment, leurs enfants pouvant allés à l’école ou en université.
Au lieu de remettre à demain, se distraire avec ce qui semble du réel et qui n'est que de l'illusion, demandons-nous "Qu’est-ce qui est important ?".
Ray finit par dire qu’il est prêt à faire des milliers de kms pour sauver ne fusse qu’une ferme, mais "ça vaut la peine".
Nous sommes un seul esprit, un seul cœur en fait et si une personne change, ce sont d’autres à qui sont donnés la possibilité de changer.
"Il ne s’agit pas de religion, de politique mais d’amour", dit une intervenante en fin de documentaire. Quand on aime, on protège, on prend soin même des micro-organismes qui peuplent la terre car ils savent nous rendre notre amour en faisant ce pourquoi ils ont été créés.
Notre planète bleue pulse de vie, à travers les âges elle a su prendre soin d’elle mais aujourd’hui notre espèce fait face à un grand défi, simple, essentielle, celui de régénérer nos sols, tels sont les propos de ce documentaire que j'ai trouvé profond, sain, avec des objectifs réalisables et pérennes.
Je vous invite à découvrir ce documentaire, à faire vos recherches sur ce sujet. Un pour tous, tous pour un. Il n’y a pas de temps à perdre.
Belle et douce semaine à tous dans la paix du coeur.
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