JavaScript is required
Partager

Les liens entre le sol, le climat et la santé - Part 2

Un article rédigé par Aurore SESSA - RCF Vaucluse,  - Modifié le 17 juillet 2023
Astuces santéRediff : Les liens entre le sol, le climat et la santé - Part 2

Le documentaire "Kiss the ground" (embrasser la terre) nous propose une solution simple, preuves à l'appui, pour lutter contre le changement climatique, reconstituer nos réserves d'eau et nourrir sainement notre humanité. Et si tout se jouait par la régénération des sols ? Des explications...

Une planète verte © PixabayUne planète verte © Pixabay

Bonjour à tous,
Cette semaine nous allons aborder la 2ième partie du documentaire "KISS THE GROUND".

La semaine dernière, dans une 1ère partie nous avons découvert que les pratiques agricoles dites modernes, la déforestation, l’utilisation des fertilisants et des pesticides de synthèses détruisent le vivant des sols qui fourmillent de vie. Ce vivant est indispensable à la production de plantes saines, pour capter l’eau, le gaz carbonique. La santé de nos sols est un élément essentiel à la réparation du climat et à l’équilibre de la nature.
Je vous invite à écouter ou lire cette 1ère partie si vous voulez mieux comprendre le rôle du sol dans la captation du CO2 notamment.

Ray est un agronome qui travaille depuis plus de 31 ans pour le « Service de Conservation des Ressources Naturelles »(NRCS) , un service du département de l’agriculture des Etats Unis (USDA united states department of agriculture). Il est notre guide. Voici ce qu’il explique.

Le sol, les plantes, le climat sont connectés.

Nuage ©Pixabay


Ce dont on a besoin c’est de la "transpiration" quand l’humidité quitte la plante ce qui favorise la pluie. 60 % des chutes de pluies viennent des océans et 40 % des petits cycles de l’eau issus de l’évaporation du  milieu terrestre, des plantes et des sols.
Ce que nous avons perturbé ce sont ces 40 % : ce qui signifie qu’il y a trop de chaleur qui s’échappe du sol. Nous avons d’énormes vortex de chaleur qui s’élève dans l’atmosphère .
Au lieu d’attirer la pluie, nous repoussons les nuages.

  • Prenez un m2 de terre, mettez-le à nu et je vous promets que vous le trouverez plus frais à l’aube et beaucoup plus chaud à midi qu’un m2 de sol couvert d’herbes. Vous avez changé le micro-climat.
  • Si vous faites cela sur la moitié des terres de la planète, déforestation, désertification des terres agricoles, asséchement de points d’eau, vous changez le macro-climat
  • Cette désertification de nos sols est le danger des plus pressant qui met en danger le climat et notre espèce.

Ray explique aux fermiers qu’il a pour eux un très simple message.

Les 2/3 du monde sont en train de devenir un désert.

Tandis que les sols se transforment en poussière, environ 40 millions de personnes sont chaque année poussées à quitter leur environnement. Pour 2050, on estime qu’un milliard d’individus seront des réfugiés à cause de la désertification.

Allan SAVORY est un biologiste, botaniste, fermier éleveur au Zimbabwe  et fondateur de l’Institut Savory qui promeut et éduque à la préservation du sol, dans une approche globale du respect du vivant. Il dit que plus de 20 civilisations de par le monde ont échoué à cause de l’agriculture qui a endommagé l’environnement parce qu’elles n’ont pas su comment gérer cette désertification et l’augmentation de la population. Aujourd’hui rien n’a changé.
Une terre pauvre c’est une population pauvre avec la fracture sociale et tous les problèmes sociaux associés.

migration ©pixabay


Il ajoute que c’est aussi l’augmentation de la fréquence des inondations et des sécheresses avec les migrations de masse vers des villes ou des pays où sont recrutés de manière idéale des enfants, des personnes dans des mouvements extrémistes.

Les pronostics à long terme pour notre survie sur cette planète ne sont pas optimistes…. si nous continuons comme nous le faisons aujourd’hui. Dans 60 ans ce qui reste de sols supérieurs auront disparu. Si nous ne sauvons pas nos sols, il ne reste que 60 récoltes dit Ray.

Au niveau mondial cela semble insurmontable mais à chaque défi qui semble ingagnable il y en a qui refuse de baisser les bras.

Ray ARCHULETA nous emmène dans une ferme du Kansas, qui est un Etat qui consacre la plus grande partie de son agriculture au blé.
Avant la visite il est invité à une journée d’informations et formations auprès de fermiers. Il montre les résultats d’un super ordinateur de la NASA qui enregistre et modélise, notamment, la densité de CO2 dans l’atmosphère sur toute la planète.

Se positionner à 25 mn 50 pour visionner le CO2 dans l'atmosphère selon les mois.

Il invite les participants à observer les couleurs rouges et pourpres qui représentent le CO2 et de noter les dates. Il demande « qu’est-ce que nous faisons en mars et avril en agriculture moderne et surtout en avril ?  Nous labourons » et on peut observer  les couleurs rouges et pourpres s’intensifier et devenir de plus en plus importantes :

  • en avril et mai ce qui indique qu’énormément de CO2 est relâché dans l’atmosphère.
  • En juin on assiste à une baisse drastique de CO2, il ne reste presque plus de couleurs rouges fin juin.
  • En juillet il ne reste plus qu’une pointe de rouge au-dessus des déserts d’Afrique. Les plantes poussent et captent le CO2 qui va être emprisonné dans le sol.

Il devient évident qu’une planète en bonne santé est une plante couverte de végétation. De plus en plus de personnes se rendent compte que l’agriculture moderne, les déforestations sont aussi les sujets qui doivent être traités pour assurer notre survie.

Paul HAWKINS est un environnementaliste, auteur de 8 livres, économiste et activiste.

livre de paul hawken ©Pixabay

Il propose dans un de ses livres une solution pour inverser le processus d’un réchauffement climatique global : c’est la bio-séquestration du CO2. Sans cela il ne sera pas possible de lutter contre le réchauffement climatique. La bio-séquestration se fait par la photosynthèse des plantes, de la végétation en général  et les bactéries contenues dans le sol mais aussi en changeant les techniques de pâturages, d’élevages du bétail pour emprisonner le CO2 dans le sol pour des décennies si ce n’est des siècles dit Paul HAWKINS.
A été modélisé une 100 aine de solutions possibles réalisables et réalistes à ce jour, pour lutter contre le réchauffement, solutions que l’on connait ou qu’on utilise déjà et qui sont mesurées depuis plus de 30 ans.

Quand on évoque cette grande technologie qui a existé depuis des millions d’années, celle qui consiste à la captation du CO2 par les sols de manière naturelle et sans danger, technologie que l’on appelle « végétation oeuvrant avec les micro-organismes du sol », cela semble trop simple.

Ray ajoute que c’est peut être une simple solution mais, pour être appliquée sur une échelle mondiale, cette solution exige une implication politique générale.

La COP 21 de 2015

CO2 ©pixabay

La COP 21 à Paris a accueilli 40 000 délégations de 196 nations dont le but était d’arriver à un accord pour répondre à la modification du climat. Il y eut beaucoup de présentations, de débats, de rencontres, de discours et encore des discours et encore des discours.

Selon Ray, il n’y a eu qu’une proposition qui offrait un vrai espoir et qui fut présenté par Mr LE FOLL alors ministre de l’Agriculture.
L’INRA est une institution nationale de la recherche agricole des plus importantes en Europe qui étudie les sols depuis plus de 100 ans. L’INRA qui est devenu l’INRAE, institut national de recherche pour l’agriculture depuis 2019 a développé une initiative mondiale visant à augmenter la captation du CO2 dans les sols de l’ordre de 0,4 % par an. C’est le projet « 4 pour 1000 ». Cela séquestrerait la même quantité de CO2 émit par l’humanité par an.

Le sol peut garder plus de CO2 que l’atmosphère et les plantes à la surface du sol combinés. Cette incroyable capacité peut se faire plutôt vite.  L’ex ministre Mr LE FOLL dit que le 1er outil est le sol, ce n’est pas le tracteur, ni la moissonneuse batteuse, pas le satellite.

L’enjeu de l’après COP 21 :

  • Prendre conscience du rôle des sols,
  • Prendre conscience qu’on peut stocker du carbone,
  • Amener à agir pour réaliser les objectifs.

Trente pays ont alors signé ce programme « 4 pour 1000 ». Mais les 3 plus grands pays émetteurs du CO2, et qui sont aussi les plus grands producteurs agricoles n’ont pas signé, la Chine, les Etats Unis et l’Inde.

La captation du carbone implique :

  • une modification radicale des modes d'agriculture en supprimant la pulvérisation des pesticides toxiques, des OGM et des produits chimiques de synthèse.
  • Equilibrer notre climat, c'est aller aussi vers des énergies renouvelables.

Depuis 1750 avec le début de la révolution industrielle, nous avons libéré environ 1 000 milliards de tonnes, ou gigatonnes de CO2 dans l’atmosphère. On appelle cela notre « héritage en charge de carbone ». Même si nous arrêtons, cet héritage ne peut pas, en l’état de nos connaissances être modifié. Cet héritage continuera à réchauffer l’atmosphère, c’est un effet de serre pour des dizaines d’années peut être même des siècles.

effet de serre ©pixabay


Actuellement ce dont nous parlons c’est de réduire les émissions et ce n’est pas assez.

Ray explique que si les voitures électriques et les panneaux solaires ne sont pas suffisants.
Quelle est la solution ?

  • Selon lui et ceci étant basé sur ses expériences sur le terrain :  c’est le projet "4 pour 1000" proposé par l’INRAE qui année après année permettrait de réduire la charge de CO2 dans l’atmosphère.
  • Nous avons la terre. Il suffit de commencer à cultiver autrement et protéger nos forêts. Cela prendrait 20 ans pour refroidir progressivement l’atmosphère. Nous avons donc un horizon. On pourrait voir de son vivant cette transformation.
  • Les pratiques qui guérissent notre sol guérissent le climat.
  • Pour stabiliser le climat, nous avons une technologie des plus puissantes pour capturer le carbone : la photosynthèse des plantes et les micro-organismes dans les sols.

Preuves à l'appui :

Les fermes aujourd’hui qui changent leurs pratiques parlent de régénération. Mais c’est aussi valable pour les élevages, l’entretien des forets, etc.

  1. A San Diego en Californie nous visitons une mini forêt dite alimentaire, une agriculture d' arbres fruitiers et basée sur la diversification des arbres. Cette ferme arbo-agricole produit des avocats, des bananes, des figuiers, du café.verger ©pixabay
    Ce couple de producteurs a démarré avec les avocats haas pour aujourd’hui proposer une 40aine de fruits différents. La diversification est au coeur de la régénération et du développement, elle permet en outre des récoltes mensuelles et de ne pas être tributaire d'une seule production. Le propriétaire dit que si l’on veut impacter notre mère la terre de manière bénéfique plantons des arbres. Il n’y a pas besoin de tant d’hectares que cela pour faire pousser une forêt d’arbres alimentaires. "Pourquoi ne pas faire pousser ce dont nous avons besoin dans notre jardin quand c’est possible au lieu de faire venir de par le monde certains légumes et fruits ?".ranch©pixabay

     

  2. Ray dit que l’agriculture régénératrice produit plus par m2 que l’agriculture conventionnelle. Pour preuve nous visitons cette ferme ranch dans le nord du Dakota. Le propriétaire, Gabe Brown est un éleveur de bétail et producteur. Il tient à ce que l'on reconnaisse comme un rancher. Pour lui un fermier est techniquement un producteur de céréales ou autres végétaux. Mais aujourd’hui son but est de créer un écosystème viable.
    Il a acheté son ranch en 1991 et pendant 2 ans il fut un agriculteur moderne, labourage lourd, utilisation des produits de synthèse chimique. En 1995 peu de temps avant la récolte du maïs il perd 100 % de sa récolte suite à une tempête de grêle, pas de revenu, pas d’assurance. Idem en 1996. En 1997 sécheresse. En 1998 perte de 80 % de la récolte. Quatre ans de quasi non rentrée d’argent.
    "Mes voisins font des paris et attendent que je vende mes terres, financièrement c’est très dur et les banques refusent de m'avancer de l’argent. En fait ce fut la meilleure chose qui me soit arrivé" dit-il.
    "Je refusais de baisser les bras, et je me demandais comment être à la fois un éleveur et un fermier sans aide financière et sans entrants chimiques. Je commençais à étudier le sol et son écosystème. Je me mis à lire les écrits de Thomas Jefferson car je me demandais comment faisaient-ils sans l’utilisation des produits chimique de synthèses".labourage ©pixabay
  3. Ray rappelle que nous avions fait la promotion de non-labourage pendant des années ie que l’on sème directement. Notre rancher nous présente une machine agricole qui ne laboure pas en profondeur le sol, aucune herbe qui pousse n’est enlevée ou retournée par le labourage, la machine fait juste des sillons et ces machines existent partout dans le monde.
  4. Cette nouvelle manière de travailler la terre permet la régénération des sols et  nécessitent moins  d’eau donc d’arrosage.pluie©pixabay Quand il pleut, la pluie s’infiltre mieux dans le sol. Un sol non mis à nu et non labouré mécaniquement emmagasine plus d’eau au m2 ce qui permet aux micro-organismes de mieux se développer et la plante en bénéficie en retour.
  5. De plus Ray explique : "les pluies locales étant plus nombreuses, c’est tout un écosystème qui se met en place, c’est le vertueux cycle de la régénération qui attire plus de carbone de l’atmosphère".
    Pour 1% d’augmentation de matière organique, un m2 de terre capte 10 tonnes de carbone. C’est énorme.
  6. Gabe BROWN explique qu’il faut réduire le labourage mécanique et laisser les champs couverts d’herbe quand il n’y a plus de récolte, il faut restaurer le cycle de l’eau et tout ira bien. Il nous fait découvrir ses champs de maïs dont la récolte a été faite et dans lesquels poussent beaucoup d’herbes. Il explique que la monoculture ne permet qu’un type de racines.racinez©pixabayIl fait pousser 19 espèces de plantes qui accélèrent les cycles biologiques en nourrissant le sol biologiquement en un an alors qu’en agriculture conventionnel cela prend 19 ans. Le bétail s’en nourrit librement en automne et hiver ce qui accélère le processus de régénération des sols.
  7. Le pâturage de plantes vivantes fait partie du cycle du carbone. A une époque pas si lointaine, 60 millions de bisous pâturaient et parcouraient les terres, déplacés par les prédateurs.bisons©pixabayCela permettait la captation du CO2. Les sols étaient régénérés, et l’année suivante les bisons pouvaient revenir et s’en nourrir. Il n'y avait pas de surpâturage. Les bisons furent massacrés par les militaires et les agents du chemin de fer, aujourd’hui ils n’en restent que quelques milliers. A la place des bisous, l’agriculture industrielle à grande échelle a pris la place, des millions d’hectares de culture de céréales pour nourrir le bétail concentré dans des zones stériles qui génèrent beaucoup de gaz à effet de serre.
  8. Gabe explique que le problème, ce n’est pas les animaux mais les lieux dans lesquels ils sont nourris. Les animaux sont fort utiles même si cela est controversé par certains. En fait ils sont des partenaires. Lorsqu’ils pâturent, ils coparticipent à la régénération des sols, à la captation du carbone.
    Démonstration en est faite au Zimbabwe où des terres stériles ont été régénérées par le bétail sous l’impulsion de Allan Savory, cela a pris 9 ans.
    Je vous invite à visiter ce site https://agriculture-de-conservation.com/Allan-Savory-paturer-pour-reverdir.html sur lequel vous trouverez une excellente vidéo.
    A. SAVORY explique l'importance du bétail qui contribue à lutter contre la désertification d’une manière évolutive pour environ les 2/3 des terres de la planète. Il dit qu’il n’y a rien d’autres et c’est d’un coût franchement bas. Les  déjections des vaches et des herbivores permettent que l’herbe et la végétation poussent. Sur un hectare, le bétail  ne reste pas plus de 3  jours à paître au même endroit et n’y retourne pas avant 6 à 9 mois, il n’y a pas de surpâturage.vache africaine©pixabayCe qui semble incroyable est qu’au Zimbabwe le climat est très chaud. Comment ces hautes herbes aident à changer le climat ? En séquestrant le carbone et en fabriquant de l’oxygène. Les terres végétalisées captent en grande quantité le carbone. Les 2/3 environ des terres de la planète ne reçoivent pas suffisamment d’eau pour supporter une solide canopée d’arbres donnant de la terre. L’herbe est essentielle pour stabiliser le sol.

Quand on utilise de manière intelligente des herbivores, ils entrent dans le cycle de la régénération des sols en inversant la désertification et contribuent donc à la captation du carbone, et à préserver le cycle vertueux de l’eau.
Ce qui est possible en Afrique est possible partout dans le monde.

Le documentaire KISS THE GROUND propose d’autres modèles de fermes qui ont réussi pleinement cette transition grâce à leur bétail.

Toujours en Californie, un couple et leurs enfants habitent et vivent confortablement des produits de leur ferme de grande taille, plus de 3 300 hectares. La jeune femme grandit dans la campagne du côté de Washington, elle avait été adoptée par une indienne âgée Lakota. Elles vivaient au contact de la nature au quotidien. Elle découvrit la permaculture ce qui l’influença par la suite dans son métier d’agricultrice, pas seulement pour nourrir la planète mais aussi les gens d’une manière saine tout en régénérant et sans endommager les ressources.
Ray explique que cette ferme, grâce au bétail, valorise les sols et par la même contribue à la captation du CO2.
La jeune femme gère d’une manière très précise via une application et des tableaux les espaces de prairies et champs où, quand et combien de temps se trouve le bétail. Leur domaine est séparé en vastes zones et régulièrement le bétail est déplacé. La bouse de vache est bourrée de bactéries car les vaches en ont besoin pour briser les fibres des herbes, et tout retourne à la terre.

troupeau©pixabay

Quand le bétail broute, et quand il n'y a pas surpâturage, en plus des bouses, il laisse les racines et les radicelles faites de carbone via la photosynthèse dont nous avons déjà parlé, carbone capturé ensuite par les micro-organismes.

Et financièrement ?

Ce type de ferme valorise tout le vivant visible et invisible contrairement à l’agriculture conventionnelle dont 70 % des terres sont destinées à produire le maïs, le soja OGM et le foin destinés à nourrir le bétail à hauteur de 99 %. Cela est possible grâce aux subventions de l’Etat qui représentent plus de 25 milliards de dollars prélevés sur les taxes  des citoyens. Argent destiné à nourrir des animaux enfermés dans des zones immondes émettrices de gaz à effet de serre, à générer des sols fertiles en terre aride et amenant progressivement beaucoup de fermiers à la faillite.

Gabe Brown demande au cours d’une conférence à des fermiers combien ils gagneraient si l’Etat ne les subventionnait pas… La réponse ? Rien ! Ils le savent.
Et même avec toutes les aides, les graines OGM, les produits chimiques supposés donner de belles récoltes, les fermiers ont dû mal à joindre les deux bouts.

Gabe avec ses 2 000 hectares générait 100 $ par hectare et par an au moment du tournage du documentaire au lieu de 10 cents à 3 dollars par hectare et par an. Cherchons l’erreur !
Il dit qu’en construisant un écosystème sain, on devient résilient et on limite les risques.

abondance ©pixabay

GABE fait pousser du maïs, des pois, du blé, de l’orge, du triticale, des herbes comme l’alfalfa, élève des vaches, des bœufs, des moutons, des porcs, des poules qui donnent des œufs, des légumes, produit du miel, peu lui importe les prix garantis par l’Etat. Les animaux élevés dans son ranch sont en semi-liberté ou carrément libres sur ces terres, ses poules sont totalement libres et se nourrissent de manière totalement naturelles, les œufs produits sont d’une qualité nutritionnelle exceptionnelle et il n’a pas peur de montrer la différence avec d’autres œufs provenant de poules dites en semi-liberté mais qui ne bénéficient pas du même espace et qui reçoivent en plus une nourriture conventionnelle. Il est autonome car il a su créer de la diversification, donc sa résilience grâce à la préservation d’un écosystème sain.

Il faut savoir que beaucoup des terres cultivées appartiennent à des propriétaires non cultivateurs qui louent les terres. Si ces propriétaires deviennent sensibles à la régénération des sols et à tout ce qui vient d’être expliqué, ils pourront encourager leurs fermiers à prioritiser un changement et tout le monde s’y retrouve.

Ce changement radical pour un processus de régénération des sols permettrait aux fermiers d’augmenter leur revenu de plus 100 milliards de dollars par an et abandonner tout ou partie des subventions.
Gabe dit : "le programme de fermage fédéral actuel est des plus défavorables qui soient pour le renouvèlement de l’agriculture et la régénération des sols".

Des villes, des individus qui montrent le chemin :

Nous pouvons déjà lutter contre le gâchis alimentaire en transformant nos déchets en compost.

  • Le gâchis alimentaire :
    Des villes comme San Francisco collectent 700 tonnes de  déchets de végétaux et les déchets alimentaires par jour des collectivités, restaurateurs, des citoyens pour être recyclés en compost qui est redistribué aux fermes. Ceux qui ne le font pas sont taxés, ceux qui le font ne payent rien. Ce succès peut être répliqué dans de très nombreuses villes de par le monde.
  • Le compost :
    C'est une matière organique naturelle que maîtrise la nature depuis la nuit des temps, riche en nutriments et en organismes vivants.
    Des entreprises individuelles se lancent dans la collecte des déchets alimentaires, des végétaux et même du fumier de zoos notamment pour en faire du compost qui est revendu à tous ceux qui en demandent.

Amener à agir :

On pourrait  donc se nourrir de végétaux, de fruits et d’animaux sains. Rays dit que produire mieux est une chose mais travailler en étroite collaboration avec les personnes qui les produisent est très important.
Il y a environ 5 % de fermes aux Etats Unis qui travaillent comme Gabe. Le but est d’arriver à 50 % pour 2025. Le travail de Ray est de donner envie aux fermiers, aux producteurs de devenir des partenaires à ce projet. C’est du gagnant, gagnant.
De plus en plus de magasines du monde de l’agronomie et agricole parlent de la révolution par la santé du sol, comment soigner la terre, contribuer à réduire les gaz à effet de serre, à influencer le climat de manière équilibré, à mieux nourrir les gens, les animaux, c’est toute un regard régénérateur qui s’ouvre dans la compréhension de cet écosystème.

Gabe explique que ce projet « régénération » est simple et plutôt rapide même si dans un 1er temps, les fermiers qui viennent l’écouter doutent. Il leur explique que cela s’effectue en 4 phases praticables sur toute la surface de la terre  :

  1. Pas de labourage intensif
  2. Couvrir le sol de culture
  3. Faire pousser des arbres et des plantes pluri-annuelles
  4. Produire du compost par le pâturage du bétail

Gabe montre les terres d’un voisin… deux mondes cohabitent. L’un plein de vie, celui du ranch de Gabe et l’autre quasi mort, c’est édifiant.

En tant que consommateur, nous pouvons nous poser la question suivante « D’où voulons-nous que nos aliments proviennent », je ne sais pas vous mais moi j’ai fait mon choix.

La régénération du plateau de LOESS en Chine

Sous l’impulsion d’un homme venu le filmer alors qu’en 1994 ce n’était plus qu’un désert, ce plateau a vécu une régénération

http://chine-ecologie.org/protection-de-l-environnement/terres-arables-boises/341-le-plateau-de-loes-le-plus-grand-projet-de-regeneration-environnementale-au-monde

.
Cette régénération des terres n’est pas le propre des Etats Unis, d’autres pays s’y attèlent sérieusement. Nous sommes entrainés en Chine, au plateau de LOESS, qui fut autrefois un région agricole florissante et dont les terrasses se sont transformés en un désert où ne poussent que quelques arbustes malingres.
Y vivent pauvrement quelques rares éleveurs de chèvres.  On avait demandé au chercheur et éducateur John D. Liu, de tourner un film en 1994 sur cette région. Son documentaire Regreening the desert,  a montré ce qui est à ce jour le plus grand projet de régénération de l’environnement au monde. Il s’est investi pour ce lieu, des centaines de personnes ont aidé à reconstruire les terrasses ou les espaliers. Il fut entouré de scientifiques réputés chinois, d’agronomes, d’ingénieurs, du support de banques et politiciens, etc. ils établirent une cartographie très précise grâce aux satellites, des zones furent répertoriées  En 2009 une étendue similaire à la surface de la Belgique était recouverte de végétation et de culture. Etonnant non ? A la place des déserts, des rocailles, des villages, des cultures, des arbres, de la végétation partout. A la place de la pauvreté, des paysans qui revendent leur production et vivent décemment, leurs enfants pouvant allés à l’école ou en université.

Pour conclure :

Au lieu de remettre à demain, se distraire avec ce qui semble du réel et qui n'est que de l'illusion, demandons-nous "Qu’est-ce qui est important ?".

  • Toute action individuelle impacte l’ensemble comme la pierre que l’on lance dans l’eau et qui produit des ondes qui s’expansent de plus en plus loin.
  • Tout acte positif posé n’est perdu pour personnes et permet à notre descendance de pouvoir se coller contre cet arbre que nous avons permis de pousser, plonger dans une eau propre qu’ils n’auront pas peur d’avaler tout en nageant.
  • L’abondance de demain est celle que nous nous autorisons à produire aujourd’hui par des choix radicaux, simples, dont la régénération des sols.

Ray finit par dire qu’il est prêt à faire des milliers de kms pour sauver ne fusse qu’une ferme, mais "ça vaut la peine".
Nous sommes un seul esprit, un seul cœur en fait et si une personne change, ce sont d’autres à qui sont donnés la possibilité de changer.
"Il ne s’agit pas de religion, de politique mais d’amour", dit une intervenante en fin de documentaire. Quand on aime, on protège, on prend soin même des micro-organismes qui peuplent la terre car ils savent nous rendre notre amour en faisant ce pourquoi ils ont été créés.
Notre planète bleue pulse de vie, à travers les âges elle a su prendre soin d’elle mais aujourd’hui notre espèce fait face à un grand défi, simple, essentielle, celui de régénérer nos sols, tels sont les propos de ce documentaire que j'ai trouvé profond, sain, avec des objectifs réalisables et pérennes.
Je vous invite à découvrir ce documentaire, à faire vos recherches sur ce sujet. Un pour tous, tous pour un. Il n’y a pas de temps à perdre.
Belle et douce semaine à tous dans la paix du coeur.

 

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.

RCF
toujours dans
ma poche !
Téléchargez l'app RCF
Google PlayApp Store
logo RCFv2.14.0 (21796db) - ©2024 RCF Radio. Tous droits réservés. Images non libres de droits.