Istres
Depuis quelques années, de "nouveaux pères" apparaissent, des hommes qui s’intéressent à l’éducation et mettent un point d’honneur à être présents pour leurs enfants. De quelle manière la paternité a-t-elle évolué ces dernières décennies ? Comment nouer de belles relations père-enfant ? Christine Castelain Meunier, sociologue au CNRS, a étudié le phénomène pour en comprendre les origines et ses effets sur la société.
Le concept de paternité a beaucoup changé en l'espace de quelques générations, c'est ce que cherche à démontrer la sociologue Christine Castelain Meunier. Selon la chercheuse au Cnrs, il a fallu quatre générations pour voir de telles différences. "Notamment sur l'idée qu'on est passé sur une paternité institutionnelle... avec des rôles très définis, très différenciés, entre les hommes et les femmes et très définis sur l'institution familiale à une paternité relationnelle impliquée... c'est-à-dire que c'est avec un lien avec l'enfant... et la capacité à lancer ce lien... et à l'entretenir." Aujourd'hui c'est la "paternité relationnelle impliquée" qui fait sens, selon la sociologue. Autrement dit, les pères s'investissent plus dans la relation avec l’enfant.
Christine Castelain Meunier décrit les nouveaux pères comme ceux "qui exercent leur parentalité dans le sens d'une paternité relationnelle impliquée, qui sont présents et qui conçoivent l'éducation de l'enfant en étant présent en étant impliqué". Pour éviter d'arrêter leur carrière "ils s'arrangent, il s'organise les temps sociaux les temps persos... donc parfois ils travaillent la nuit" via le télétravail, explique la sociologue. Arranger son temps de travail pour éduquer ses enfants est propre aux nouvelles générations de parents. Aujourd’hui les pères se réapproprient l'éducation de l’enfant mais dans une dynamique de partage des tâches avec la mère.
L’idée d’une “hiérarchisation” entre les hommes et les femmes ne date que de la révolution industrielle. Une organisation selon laquelle l’homme est du côté de “l'extérieur, la culture, le politique, l'économique” et la femme du côté des “soins”, “de l’éducation”, “de l'entretien du foyer”, précise la sociologue. Si on remonte au Néolithique le partage des tâches entre les hommes et les femmes était très présent. Contrairement aux idées reçues “les femmes chassaient", ajoute la sociologue. Durant toute la période du Moyen Âge “les hommes qui travaillaient au champ… ne s'éloignaient pas trop du domicile, car ils étaient sur la ferme”, selon Christine Castelain Meunier. “Ils savaient s'occuper d’un tout-petit et savaient amener l’enfant au champ.” Selon la sociologue, l'homme du Moyen Âge savait donner de l’affection aux enfants.
Auparavant, le père n'était pas considéré comme un éducateur à part entière. Ainsi, dans les années 70, quand un père venait chercher son enfant à la crèche, il n’était pas rare, raconte Christine Castelain Meunier, d’entendre la puéricultrice lui dire: “vous direz à votre femme..."
Pour permettre une meilleure co-parentalité, éviter que le père soit le seul décisionnaire et la femme celle qui doit assumer le foyer, des lois sont apparues dans les années 70. En 1970 “la puissance paternelle" a été remplacée par l'autorité parentale et en 1975 “la co-parentalité", c'est-à-dire “le partage des responsabilités concernant l’exercice de la parentalité par les hommes et les femmes”, explique Christine Castelain Meunier.
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